Les audiences criminelles ont repris dans la journée d’hier, lundi 30 janvier 2023, au tribunal de première instance de Labé. Plusieurs affaires criminelles sont au programme. C’est par le dossier concernant le kidnapping suivi du meurtre d’Elhadj Ousmane Bah, âgé de 3 ans, que les débats ont été entamés. Si Mamadou Baïlo Bah a écopé de 10 ans de réclusion criminelle dans cette affaire, son coaccusé Amadou Bah a été acquitté, rapporte le correspondant de Guineematin.com basé dans la préfecture.
Les faits se sont produits en 2021 au secteur de Taïré, au quartier Fafabhé, dans la commune urbaine de Labé. Un enfant de 3 ans, du nom d’Ousmane Bah, avait été enlevé, tué avant d’être jeté dans un puits. Mamadou Baïlo Bah, un de ses cousins, avait été suspecté, mis aux arrêts, inculpé pour prise d’otage de mineur suivi de meurtre, et placé sous mandat de dépôt suivi le 13 septembre 2021. Il avait dénoncé un certain Amadou Bah comme étant un de ses complices.
A la barre, Mamadou Bailo Bah a reconnu les faits. « J’étais sorti avec mon cousin, Elhadj Ousmane Bah. Je suis venu trouver mes amis dans un bas-fond, en train de fumer du chanvre indien et boire de l’alcool. Comme moi je ne fume pas, ils m’ont donné de la boisson où était mis du valium et m’ont demandé de prendre une gorgée. C’est ce qui m’a poussé à tuer mon cousin sans intention de le faire, puis le jeter dans un puits. Par la suite, après la disparition de mon cousin, comme j’ai vu que la famille était très préoccupée pour le retrouver, j’ai appelé mon oncle avec un autre numéro pour réclamer une rançon de 50 millions francs guinéen pour lui rendre son enfant. J’ai demandé cela afin de me rendre au Sénégal. Je n’avais agi ni par cupidité ni par haine, mais sous l’effet du valium », a déclaré Mamadou Bailo Bah
Quant à Amadou Bah dénoncé par Mamadou Bailo Bah comme étant son complice, il a nié toute implication dans cette affaire. Selon lui, il n’a connu ce jeune Mamadou Bailo que dans un bar café qu’il avait l’habitude de fréquenter. D’ailleurs, au cours des débats, le même Mamadou Bailo a reconnu avoir accusé à tort Amadou Bah.
Appelé à la barre, Mamadou Lamarana Bah, père de l’enfant tué, a relaté les circonstances de la disparition de son enfant. « J’ai été appelé par Mamadou Bailo vers 16 heures, un lundi. J’étais occupé et je n’ai pas décroché. Et par la suite, il a appelé ma femme pour lui dire qu’il veut parler au père de Elhadj Ousmane. C’est ainsi que, quand ma femme m’a appelé, j’ai rappelé le numéro. C’est ainsi qu’il m’a dit au téléphone qu’il détient Elhadj Ousmane et pour le récupérer, il faut une rançon de 50 millions de francs guinéens dans un ton où il articule mal le Poular pour ne pas que je le reconnaisse. C’est ainsi qu’on est sorti à la recherche d’Elhadj Ousmane, à la gendarmerie et partout. Mais le numéro sur lequel il m’a appelé ne passait plus. Le lendemain, il m’a rappelé pour me dire de donner l’argent à quelqu’un et sur la route de Pita, quelqu’un va récupérer la somme pour qu’il me restitue l’enfant au plus tard à 14 heures. J’ai dit Ok. Comme il était parmi nous et qu’il suivait tous nos mouvements, dès qu’il a compris que j’étais prêt pour aller faire sortir l’argent, certains citoyens l’ont vu courir pour m’appeler et m’indiquer où déposer l’argent. Très vite, il a été repéré et ils ont retrouvé la puce avec laquelle il m’appelait. Et finalement, il a reconnu les faits et nous a montré le puits où se trouve l’enfant », a expliqué Mamadou Lamarana Bah.
Sur sa prétention dans cette affaire, Mamadou Lamarana Bah demande à la justice d’appliquer la loi dans toute sa rigueur. Selon lui, quelle que soit la peine que l’accusé va subir, le chagrin qui ronge son cœur suite à la disparition de son enfant ne va jamais le quitter.
Pour le ministère public, lorsqu’une prise d’otage est suivi d’une demande de rançon suivi de meurtre, il ne doit bénéficier de circonstances atténuantes. C’est pourquoi dans sa réquisition, le ministère public a demandé au président du tribunal de retenir Mamadou Bailo Baldé dans les liens de la culpabilité, et de le condamner à la peine de 15 ans d’emprisonnement. Se référant à l’article 544 du code de procédure pénale, le parquet demande la relaxe d’Amadou Bah pour crime non constitué.
Quant à la défense, elle va demander au président de faire application de l’article 25 du code de procédure pénale. Et pour l’intérêt de son client, il sollicite son retrait de la société pour favoriser sa réinsertion sociale. C’est pourquoi, il demande au tribunal de prendre courage et de rendre sa décision à l’audience de ce lundi, sans le renvoyer.
Dans sa délibération, rendue publique aux environs de 18 heures 30 minutes, le tribunal a requalifié les faits de prise d’otage, suivi de meurtre avant de reconnaitre coupable Mamadou Bailo Bah de meurtre. Pour la répression, il est condamné à 10 ans de réclusion criminelle. Le tribunal a ordonné la relaxe pure et simple d’Amadou Bah pour crime non constitué.
De Labé, Alpha Boubacar Diallo pour Guineematin.com
