Routes dégradées à Conakry : le calvaire des usagers de la transversale n⁰4, Sangoyah- Enco5-Lambanyi

Le tronçon Sangoyah-Enco5-Lambanyi, la transversale numéro 4, qui relie les communes de Ratoma et Matoto, se trouve dans un état critique depuis plusieurs années. Une bonne partie de ce tronçon est aujourd’hui impraticable, au grand dam des usagers qui ne savent plus où donner la tête. Interrogés par un reporter de Guineematin.com à ce sujet dans la journée d’hier, lundi 30 janvier 2023, certains citoyens ont fait état de leur calvaire avant d’interpeller les autorités de la transition.

Des trous qui empêchent la circulation normale des engins roulants d’une part, des eaux usées en pleine route de l’autre sont les difficultés auxquelles les populations qui empruntent la Transversale 4 sont confrontées.

Devant cette situation, des conducteurs de taxis ont décidé de venir boucher les trous, abandonnant leurs activités quotidiennes. C’est à travers des cailloux ramassés dans les quartiers et du matériel mis à leur disposition qu’ils exécutent les travaux de remblai. Ils sont seulement quatre jeunes, tous chauffeurs de taxis, qui ont eu cette volonté de se lancer dans cette aventure de réparation de la route dégradée.

Alpha Abdoulaye Barry, chauffeur de taxi sur le tronçon Sangoyah- Enco5- Lambanyi

Alpha Abdoulaye Barry, chauffeur de taxi sur le tronçon Sangoyah- Enco5- Lambanyi, a témoigné de son engagement à travailler sur cette route. « Nous sommes là, c’est compte-tenu de la dégradation de la route, parce que les syndicats ne nous aident pas dans ce sens. Le gouvernement aussi ne vient pas ici pour faire son travail. C’est donc pour cette raison qu’on s’est mobilisé pour arranger ici. Moi, je suis chauffeur, c’est par là que je passe chaque jour pour faire le taxi sur Lambanyi. Il nous revient donc de fournir des efforts pour essayer de faire ce travail. Pour la journée d’aujourd’hui, j’ai décidé de tout abandonner pour venir ici. Moi, je considère que c’est ma route à moi aussi, parce que c’est par ici que je gagne mon quotidien. Parfois, nos voitures se gâtent lors de la traversée. Nous avons des brouettes, on part chercher les cailloux dans le quartier et on vient mettre dans les trous. Nous sommes quatre seulement qui sommes motivés par ce travail. Il y’a beaucoup de difficultés par rapport à la recherche des cailloux, on va jusqu’à Sangoyah ou à Enco5. C’est très difficile pour nous », a-t-il indiqué.

Les eaux usées coulent sur certaines parties de cette transversale, comme si on était en pleine saison des pluies. Des conducteurs de motos taxis et des riverains accusent tous les propriétaires des lavages de véhicules, les citoyens du quartier qui évacuent les déchets de leurs toilettes et les installations de la société des eaux de Guinée (SEG) dont les tuyaux sont percés à certains endroits, d’être à la base de la permanence de ces eaux sur la chaussée.

Abdoulaye Bah, citoyen résidant à Sangoyah

Abdoulaye Bah, résidant à Sangoyah, explique. « Ça fait au moins deux à trois ans que cette route est complètement dégradée, mais c’est un peu l’effet de l’évacuation des toilettes par les gens du quartier Wanindara et puis aussi, ceux qui lavent les véhicules aux abords de la route. C’est ce qui occasionne souvent ce calvaire sur cette route. Mais à chaque fois, on se donne les mains pour arranger ici. Seulement, ça ne peut pas régler le problème, parce que c’est une route tellement pratiquée par les citoyens. Ces jeunes volontaires méritent encouragements. Avant eux, il y a eu deux dames qui s’étaient données les mains pour faire ce même travail à travers les moyens à leur disposition. C’est vraiment un acte à féliciter, depuis hier ils sont là. Ils font de leur mieux en attendant que l’Etat ne vienne faire son travail. La dégradation de cette route a causé d’énormes pertes aux usagers. Il y a des gens qui tombent dans l’eau et dans les trous, surtout les motards. Il y a des véhicules qui roulent à vive allure et qui lancent de l’eau sale sur les gens. Des femmes font tomber leurs téléphones par l’effet des secousses sur les motos. Je me rappelle un jour, c’est quelqu’un qui a perdu son écran téléviseur ici. Il y a même des véhicules qui se déboîtent pendant leur passage. Mais, ça a diminué un peu, puisque les gens viennent souvent faire le remblai », a-t-il déclaré.

Pour traverser les lieux, les usagers, chacun cherche une partie qui lui convient pour se frayer un chemin. Le mauvais état de la route les amène à se bousculer dans la circulation. Certains ne respectent même pas leur côté droit. Mme Fatoumata Binta Diallo, habitante de Wanindara, dans la commune de Ratoma, vend des oranges et des bananes aux abords de cette route dégradée.

Mme Fatoumata Binta Diallo, habitante de Wanindara

Selon elle, la clientèle a baissé depuis quelque temps à cause du mauvais état de la route. « Nous sommes assises ici, mais il y a certains conducteurs de véhicules qui roulent avec vitesse et qui nous lancent de l’eau sale. Toute la route est dégradée, cette eau quitte depuis Château. On a beaucoup fait, mais on n’y arrive pas. Nous demandons à ce que les autorités viennent réparer cette route. C’est notre souhait le plus ardent. Tous ceux qui achetaient avec nous ont fini par fuir le coin. Ils ne viennent plus par-là, parce que la route est complètement gâtée. Ceux-là qui passent hésitent le plus souvent à s’arrêter ici. Ça nous fait énormément de pertes », a-t-elle indiqué.

Ansou Baïlo Baldé pour Guineematin.com

Tél. : 622 56 11 82

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