Hausse du prix de l’alvéole de 30 œufs à Conakry : La grippe aviaire et la cherté du prix du maïs indexées

Depuis quelques jours, le prix de l’alvéole de 30 œufs connait une hausse à Conakry. Cette alvéole, autrefois vendu entre 43 000 et 45 000 francs guinéens, se négocie aujourd’hui entre 48 000 et 50 000 francs guinéens. Les consommateurs se demandent à quel saint se vouer. Mais, chez les aviculteurs, plusieurs facteurs motivent cette augmentation des prix. Elhadj Boubacar Dansoko, éleveurs de volailles, indexe particulièrement la grippe aviaire qui a entraîné une baisse de la production et la cherté du prix du maïs sur le marché, rapporte un journaliste que Guineematin.com a dépêché sur le terrain.

Au marché de Taouyah (dans la commune de Ratoma), les vendeurs d’œufs sont confrontés à une rupture de stock. Thierno Madjou Mariama Bah ne dispose que d’un seul alvéole qu’il revend en détail, à raison de 2000 francs guinéens par œuf. Il peine à renouveler son stock, car son fournisseur ne vient quasiment pas actuellement.

Thierno Madjou Mariama Bah, marchand d’œufs

« Je peux dire que oui il y a une rupture et une augmentation du prix de l’alvéole des œufs de consommation. Il y a de cela deux semaines, nous constatons un manque d’œufs, nous essayons de revendre le peu que nous avons, mais il y a un changement sur le prix. Au paravent, les œufs se revendaient dans l’intervalle de 43 à 45 000 francs. Mais, depuis qu’il y a eu rupture, nous avons constaté une augmentation de 45 à 50 000 francs. Il y en a qui le revendent à 48 000 francs. Mon fournisseur s’efforce à nous livrer ; mais, hier par exemple, nous n’avons eu qu’un seul alvéole et on est obligé de revendre les œufs en détail. Sinon ça sera compliqué pour nous d’obtenir un gain, peu soit-il. Nous avons des casiers vides qui n’attendent que d’être servis. Mais, puisqu’il y a rupture, on fait avec ce qu’on a sous la main », a-t-il déploré.

Gérant d’un café, Boubacar Diallo utilise régulièrement les œufs pour faire des omelettes. Il a déjà constaté la hausse du prix de l’alvéole sur le marché, mais, il revend encore son café au lait et une omelette à deux œufs au prix habituel (15 000 francs guinéens). Cependant, si jamais le prix de l’alvéole ne baisse d’ici quelques jours, il risque de revoir à la hausse ses prix.

Boubacar Diallo, gérant d’une cafétéria

« J’ai l’habitude d’acheter l’alvéole des œufs entre 44 000 et 45 000 francs. Et, actuellement, il me coûte 50 000 francs. C’est devenu très cher. Nous avons des distributeurs qui viennent nous ravitailler à 50 000 francs. A chaque approche du mois de ramadan, c’est comme ça, les prix augmentent. Pour le moment, je n’ai rien augmenté sur le prix. Mais, si ça continue, je risque de rehausser les prix moi aussi », a-t-il confié.

Plusieurs acteurs interviennent dans la filière avicole, mais les éleveurs et producteurs des œufs de consommation sont les premiers de la chaîne. Ce sont eux qui détiennent les fermes. Récemment, ils ont été fortement secoués par une grippe aviaire qui a occasionné l’abattage de centaines, voire des milliers de volailles. Elhadj Boubacar Dansoko évolue dans ce secteur ; et, il explique la présente hausse du prix de l’alvéole par nombreux facteurs.

Elhadj Boubacar Dansoko, producteur d’œufs de consommation

« Les œufs de consommation que nous produisons obéissent à la loi du marché, une offre et une demande. Et, sûrement aujourd’hui, la demande est un peu plus importante que l’offre. Ce n’est pas tout le temps dans l’année ; mais, particulièrement, pendant cette période nous sentons une forte demande des œufs de consommation, alors que l’offre est un peu plus réduite. C’est ce qui crée une petite tension au niveau du prix. Il y a quelque temps, il y a eu un passage de la grippe aviaire en Guinée, on n’a perdu plus de 400 000 pondeuses. Ces fermes sont en train de se refaire petit à petit, la grippe aviaire n’est pas annoncée comme finie. Beaucoup de commandes de poussins ont été faites, beaucoup d’entre nous ont renouvelé leurs vieilles pondeuses. C’est ce qui fait que la production à l’échelle nationale s’est réduite, alors que la demande est restée constante surtout en ce mois. Il y a aussi l’augmentation du prix du maïs. Vous savez, cette céréale représente 60% des charges de la formule alimentaire, et l’aliment représente 80% des charges de production. Donc, si vous voulez avoir un œuf moins cher, vous devez agir sur le prix de l’aliment. Malheureusement, le prix du maïs est en train de grimper sur le marché africain et ouest africain, de 3000 francs en termes de départ de Kankan qui est notre région céréalière, nous sommes passés aujourd’hui à 3600. Donc, il y a une augmentation de 500 francs sur chaque kilo de maïs. Ce qui impact fortement le coût de revient de l’œuf, et par conséquent son prix », a expliqué Elhadj Boubacar Dansoko, tout en rassurant d’une baisse du prix de l’alvéole avant le début du Ramadan (mois de jeûne musulman) en Guinée.

Mamadou Tanou Bah pour Guineematin.com

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