Mory Nabé tue sa femme et prend la fuite : voici la peine que le tribunal de Mafanco lui a infligé

Le tribunal criminel de Mafanco a rendu ce mercredi, 1er février 2023, sa décision dans le procès de Mory Nabé, qui était jugé pour le meurtre de son épouse. La juridiction a condamné l’accusé à 10 ans de réclusion criminelle et à une privation de certains droits civiques, a constaté un journaliste de Guineematin.com qui a suivi l’audience.

En détention depuis le 21 juin 2019 à la Maison centrale de Conakry, Mory Nabé était accusé d’avoir tué volontairement son épouse, Fatoumata Toukara, au quartier Tanènè Mosquée, dans la commune de Matoto. C’est tard la nuit qu’il aurait administré à la jeune femme de 25 ans de violents coups, qui ont conduit à sa mort. Après les faits, Mory Nabé ferme la porte de la maison, laissant le climatiseur allumé pour éviter que le corps ne dégage une odeur pouvant attirer l’attention des voisins. Il emmène leur fils de 4 ans chez sa belle-mère, disant à cette dernière que son épouse était allée à Kagbélen et qu’à son retour, elle viendrait chercher le petit garçon. Il fuit la maison et va se réfugier chez un ami, qui n’était pas au courant de l’acte qu’il venait de commettre.

Mais après quelques jours, il y a eu une coupure de courant dans son appartement, qui a été suivie d’une odeur nauséabonde qui se dégageait des lieux. C’est ainsi que les voisins sont allés informer les services de sécurité, et ces derniers sont venus en compagnie d’un médecin légiste pour défoncer la porte de l’appartement afin de savoir ce qui était à l’origine de cette odeur. C’est ainsi qu’ils découvrent le cadavre de Fanta Tounkara, ligotée et la bouche bandée. L’information a été publiée sur les réseaux sociaux avec la photo du meurtrier de son épouse. Et lorsque l’ami de Mory Nabé chez qui il vivait a vu cette information, il est allé le dénoncer auprès des services de sécurité. Ce qui a permis l’interpellation de l’accusé.

Après plus de trois ans de détention préventive, l’intéressé a comparu devant le tribunal criminel de Mafanco pour s’expliquer sur cette affaire. Il a reconnu avoir tué son épouse, mais assure que ce n’était pas volontaire. Selon lui, Fanta Tounkara lui a demandé la permission d’aller se faire tresser, ce qu’il a accepté. Mais la jeune dame ne serait rentrée qu’à 2 heures du matin. « Lorsqu’elle est revenue, je lui ai demandé où elle était jusqu’à cette heure, elle ne m’a pas répondu. Donc j’ai décidé de prendre mes documents pour sortir de la maison, mais elle m’a attrapé à côté de l’armoire en me donnant un coup. J’ai répondu en lui donnant aussi un coup qui l’a touchée au niveau du cou, elle est tombée. Je suis venu la toucher, mais j’ai constaté qu’elle était morte, alors j’ai paniqué », a-t-il expliqué.

A l’issue des débats, le procureur Kanfory Ibrahima Camara avait requis 30 ans de réclusion criminelle contre l’accusé. Pour lui, Mory Nabé a froidement tué son épouse par jalousie, donc il est coupable des faits de meurtre pour lesquels il est poursuivi. Même son de cloche chez l’avocat de la partie civile, Me Sidiki Bérété, pour qui l’accusé est un homme « dangereux et cynique » qui doit être gardé en prison. Pour la réparation, l’avocat a demandé tout simplement le paiement d’un franc symbolique, rappelant qu’aucun montant ne fera revenir la victime à la vie. Par contre, Me Dinah Sampil, l’avocat de la défense, avait assuré que son client a donné la mort à son épouse sans en avoir l’intention.

Selon lui, Mory Nabé est un homme pieux qui aimait « passionnément » son épouse. « Je demande au tribunal d’examiner le cas de M. Mory Nabé avec beaucoup de bienveillance, parce que lui aussi a perdu sa femme », a-t-il lancé.

Finalement, le tribunal a requalifié les faits de « meurtre », déclarant l’accusé coupable de « coups et blessures ayant entraîné la mort sans avoir l’intention de la donner ». La juridiction, présidée par Mme Bamba Kallo, a condamné Mory Nabé à dix ans de réclusion criminelle, au paiement d’un franc symbolique, et à la privation de ses droits de vote et d’éligibilité pendant 5 ans. Non satisfaites de cette décision, toutes les parties ont aussitôt annoncé qu’elles vont interjeter appel.

Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com 

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