Balla Moussa Konaté : « le béton armé sur nos routes est fait de façon abusive et coûte très cher »

Depuis quelques temps, le béton armé est pris pour un moyen de réparation et même de construction des routes en Guinée. La démarche vise apparemment à donner beaucoup plus de garantie à la chaussée. Mais, cette pratique est jugée abusive par Balla Moussa Konaté, ingénieur et consultant en Ponts et Chaussées, qui estime que c’est inopportun dans les quartiers. Il l’a dit dans un entretien accordé à Guineematin.com à travers un de ses reporters.

C’est devenu une pratique courante dans certaines rues de Conakry. Du béton armé est utilisé abondamment pour la réfection ou la construction de certains tronçons.

Pour l’Ingénieur et consultant en Ponts et Chaussées, le béton armé sur les routes est fait de façon abusive dans la capitale guinéenne. Et ça coûte très cher à l’en croire, dit-il. Selon Balla Moussa Konaté, cette pratique doit être revue au regard de ses conséquences.

Balla Moussa Konaté, Ingénieur en Ponts et Chaussées

« Je profite pour dire que le béton armé qu’on fait de façon très abusive dans les quartiers neufs, où aucune adduction d’eau, aucun réseau enterré, en tout cas les commodités de l’urbanité ne sont pas assurées, je vous assure qu’en moyen terme, lorsqu’on aura les moyens pour faire alors ces besoins sociaux de base, que tous ces bétons armés là seront encore évacués. Évitons quand on n’est pas suffisamment riche, économiquement fort, de faire souvent certains projets qui sont en réalité des gaspillages. Ça aussi, je profite de votre antenne pour signaler cela, mais d’une façon générale, associons toutes les compétences dans tous les domaines qui peuvent aider à ce que les routes que nous construisons puissent rapporter à tout le monde. Faire toutes les rues en béton armé, non seulement ça coûte cher. Vous avez vu plusieurs fois dans les médias privés audiovisuels des conflits entre les constructeurs des routes, EDG et surtout avec la SEG, parce-que souvent les tuyaux sont coupés… Son problème majeur, non seulement, ça coûte cher. Pourtant avec cet argent-là, on peut faire du bon béton bitumineux », a-t-il laissé entendre.

Pour Balla Moussa Konaté, l’Etat guinéen pourrait bien justifier son action de faire les routes à travers le béton armé sur la nationale n⁰1 jusqu’à Mamou et à d’autres endroits de Conakry où il peut y avoir de nécessité. Mais le faire dans les quartiers n’est pas la solution. « Les meilleures routes à Conakry, ce sont les routes en béton bitumineux. La route Le Prince, la route Hamdallaye-Dixinn, la route 2×2 voies Aéroport jusqu’à Tombo, les transversales T1, T2 pour ne citer que ces routes-là. En Côte d’Ivoire, il y a actuellement une offensive très intense envers les infrastructures routières, vous ne verrez pas même une seule ligne qui est faite en béton armé. Le béton armé se fait généralement sur les autoroutes. Quand l’affluence doit être très grande pour qu’on ne soit pas amené de temps en temps à impacter négativement la circulation pour des réparations. Je pouvais comprendre si on faisait une route 2×2 voies les plus fréquentées à Conakry en béton armé. Bien-sûr que ça serait très cher, mais on peut justifier ça par l’intensité de circulation en poids lourds. Je pouvais comprendre la route qui quitte le port autonome de Conakry, à la sortie, qu’on fasse des routes bétonnées ; je peux relativement comprendre, c’est cher, mais ça se justifie par les poids lourds. Mais, dans les quartiers où généralement ce sont les voitures, les motos et rarement des poids lourds qui y circulent et on dit que c’est parce-que à Conakry il pleut beaucoup, quand ça sort de la bouche d’un technicien du domaine, je dois me poser plusieurs questions par rapport à sa décision. Parce qu’avec la géotechnique, c’est-à-dire cette discipline qui nous permet d’étudier les matériaux contre l’eau, contre les charges etc.… on peut faire de bonnes sélections », a-t-il déclaré.

Ansou Baïlo Baldé pour Guineematin.com

Tel : 622 56 11 82

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