Guinée : poursuivis pour trafic illicite de migrants, une guinéenne et 4 mauritaniens relaxés !

Entamé il y a plus d’un mois, le procès de dame Makagbé Camara et de quatre mauritaniens a connu son épilogue dans la journée d’hier, mercredi 1er février 2023, au tribunal de Kaloum. La dame et ses co-prévenus, jugés pour trafic illicite de migrants, escroquerie et complicité, ont fini par être relaxés pour délit non-constitué à leur égard, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Makagbé Camara, Mouctar Mohamed Fall, Moustapha Mohamed Ghotob, Cheick Hamada et Djibril Ethmane sont présentés par le parquet de Kaloum comme faisant partie d’un vaste réseau de trafic de migrants. Pour le procureur, ce réseau aurait été créé et entretenu par Makagbé Camara dans la préfecture de Coyah à l’effet de faire voyager plusieurs jeunes guinéens et expatriés, moyennant une somme de 700 CFA par migrant en complicité avec un individu en fuite.

A la barre, la dame a nié les faits. « Moi, je suis une entrepreneure. Souvent, les cabinets de formation me recrutent pour dispenser des modules de formation. Je forme en informatique, en anglais… Tout récemment, au mois de mai passé, un cabinet m’a invité à donner la formation sur trois modules à Coyah. Le responsable m’a invité à son bureau pour qu’on s’entende sur les termes du contrat. Le jour de la formation, j’ai trouvé beaucoup de monde dans la salle, y compris des expatriés. À peine commencé, je suis tombée malade. Je n’ai pu donner qu’un seul module en l’espace d’une semaine. On m’a parlé d’une localité à la frontière libérienne à propos de ma maladie. Je suis allée là-bas, mais en vain. J’ai quitté là-bas pour la Sierra Léone, toujours dans le cadre de mes soins. Là aussi, je n’ai eu que des calmants, la maladie persistait toujours. C’est ainsi que mes parents m’ont fait appel pour rentrer au pays pour qu’on aille voir quelque part. J’étais sur le chemin du retour quand un agent s’est présenté à moi à Maférinya comme étant en service à la direction du service des renseignements. Il m’a dit que je suis recherchée pour une affaire de trafic illicite de migrants. Donc, de lui donner 10 millions de francs guinéens pour qu’il me laisse. À défaut, il allait appeler ses amis à Conakry pour venir m’arrêter. Il n’était muni ni d’une convocation, ni d’un mandat. Je lui ai dit que je quittais la Sierra Léone pour mes soins et je n’ai rien sur moi à lui donner », a expliqué cette entrepreneure de 32 ans.

Après cette déposition le 7 décembre 2022, le ministère public avait, à cette date, demandé au tribunal de faire la jonction de procédure entre la présente affaire et le dossier des 4 mauritaniens pour la connexité des faits dans les deux dossiers. Demande qui sera acceptée par le tribunal. Au cours des audiences précédentes, les mauritaniens : Mouctar Mohamed Fall, Moustapha Mohamed Ghotob, Cheick Hamada, Djibril Ethmane, placés sous mandat de dépôt le 13 juillet 202, ont eux aussi catégoriquement nié les faits d’escroquerie et de trafic illicite de migrants mis à leur charge.

À la question de savoir s’ils ont connu dame Makagbé Camara auparavant ou s’ils lui ont remis de l’argent dans le cadre de leur voyage, ces derniers ont répondu par la négative.

Puisqu’au cours des débats, il n’a été aucunement démontré l’implication de dame Makagbé dans le trafic illicite de migrants et puisqu’aucun lien n’a été établi entre elle et les mauritaniens, le parquet a décidé de prononcer la relaxe en leur faveur.

À l’entame de ses réquisitions, le ministère public est passé l’aveu. Pour le substitut du procureur, ça a été une erreur judiciaire pour son parquet de penser que dame Makagbé Camara aurait des liens avec des mauritaniens puisqu’après la confrontation, soutient-il, il s’est avéré qu’il n’y a aucun lien entre ces prévenus mauritaniens et Makagbé Camara, présentée comme le cerveau de ce trafic. Par conséquent, Mamadi Keita a requis le renvoi des prévenus pour des fins de la poursuite pour délit non constitué, conformément à l’article 544 du code de procédure pénale.

Prenant la parole l’un après l’autre, les avocats de la défense ont tout d’abord tenu à dénoncer les défaillances dont le ministère public s’est rendu coupable tout au long de la procédure. Ils ont tous les deux clamé l’innocence de leur cliente Makagbé Camara ainsi que les 4 autres mauritaniens avant de plaider leur renvoi pour délit d’escroquerie, trafic illicite de migrants et complicité non établi à leur encontre.

Comme sollicité par les avocats de la défense, le tribunal a finalement rendu sa décision sur siège. Dans son délibéré, le juge Ibrahima Diallo a déclaré Makagbé Camara, Mouctar Mohamed Fall, Moustapha Mohamed Ghotob, Cheick Hamada, Djibril Ethmane non coupables des faits qui leur sont reprochés. En application de l’article 544 du Code de procédure pénale, ils ont été relaxés.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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