Conakry : le dernier hommage de la famille judiciaire à l’ancien Garde des Sceaux, Me Bassirou Barry

La famille judiciaire a rendu un dernier hommage à Me Bassirou Barry ce vendredi, 3 février 2023, à travers un symposium tenu dans l’enceinte de la Cour d’Appel de Conakry. Cet ancien ministre de la justice est décédé le 28 janvier dernier en Côte d’Ivoire des suites de maladie. Et, son corps a regagné Conakry hier jeudi. La famille judiciaire guinéenne pleure un homme de « intègre et profession » qui a permis la libéralisation, en 1986, de la profession d’huissier de justice en Guinée, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Les hommages et témoignages ont été ouverts par sa nièce, Me Aminata Barry, fille de son défunt frère, Barry Diawadou.

Me Aminata Barry, Me Aminata Barry, fille de Barry Diawadou et nièce de Me Bassirou Barry

« Aujourd’hui, la grande famille des Barry de Dabola ont perdu le dernier des mohicans, un homme de conviction qui n’a jamais courbé l’échine, qui n’a jamais abdiqué devant sa cause. Alors, comme les juristes trouvent toujours des parades, j’ai su apprendre à me bâtir des consolations que j’ai classées en quatre catégories.

La toute première, c’est parce que je sais qu’aujourd’hui toutes les questions qu’il s’est tous les temps posées, parce qu’il n’a jamais admis et accepter la disparition de son frère aîné, Diawadou Barry, mon père, disparu comme délétère au contact du vent. Ça, il ne l’a jamais compris. Alors, maintenant, il va avoir toutes les explications en bon procureur qu’il fut, il aura à lui posé des questions sur le pourquoi du comment ? Ça c’est une de mes consolations.

Ma deuxième consolation, c’est parce qu’après une si longue absence, il va enfin retrouver sa compagne de toujours, tante Salimatou. Ma troisième consolation, c’est d’avoir laissé derrière lui, et il en est conscient, il a fait job vis-à-vis de ses enfants Amadou, Ibrahim, Fatou et ma petite Oumou. C’est une de mes consolations qui me permet d’amortir le choc. Ma quatrième consolation, c’est quand j’ai vu ce corps. Là, j’ai le sentiment d’avoir enfin en face de moi peut-être le corps de mon père que je n’ai pas eu la chance de l’enterrer, parce qu’il a disparu comme délétère et il est quelque part dans ce sol de Guinée. Mais, ça me console un peu d’avoir apporté mon oncle en terre où il va rejoindre sa grande famille notamment son père, l’Almamy Aguibou et tous ses frères et sœurs qui l’ont devancé », a dit la fille de Barry Diawadou.

De son côté, Me Mohmed Mouctar Sylla, le président de la chambre nationale des huissiers de justice de Guinée, au nom de sa corporation, a rappelé le rôle louable joué par Me Bassirou Barry pour le secteur judiciaire guinéen.

Me Mohmed Mouctar Sylla, président de la chambre nationale des huissiers de justice

« Si la République de Guinée est parvenue à poursuivre la politique économique libéral en vu d’accorder aux citoyens et aux investisseurs la bonne gouvernance juridique et judiciaire, la libre circulation des biens et services, la sécurisation des investissements, l’harmonisation du droit des affaires et le rapprochement de la justice des justiciables, il a fallu des hommes intègres et inspirés d’une vision inaltérable et remplie de convictions. A la vérité, Me Bassirou Barry demeure un véritable pionnier de cette politique dans le secteur judiciaire. Il fût d’ailleurs en 1986 le garde des sceaux qui a permis de mettre en branle la libéralisation d’officiers ministériels en général et de la profession d’huissiers de justice en particulier », a-t-il déclaré.

Le ministre de la justice et des droits de l’homme, actuellement en tournée à l’intérieur du pays, s’est fait représenter à ce symposium par la secrétaire général du département, Marie Irène Hajimalis, a transmis les condoléances d’Alphonse Charles Wright à la famille biologique de Me Bassirou Barry.

Marie Irène Hajimalis, Secrétaire Générale du ministère de la justice

« Il a été un grand homme, Me Bassirou Barry est intervenu à un moment où c’était la débandade au niveau de la justice. Il a mis de l’ordre et a engagé beaucoup de réformes tant au niveau des magistrats qu’au niveau de tous les autres corps. Il a été cet homme qui a eu le courage de faire des réformes dont certaines étaient impopulaires et le plus grand nombre de réformes ont fait de la justice ce qu’elle est aujourd’hui. Alors, au nom du département, je présente les condoléances à la famille biologique, à la famille judiciaire et à tous ceux qui ont effectué le déplacement », a-t-elle dit.

C’est l’actuel bâtonnier de l’ordre national des avocats de Guinée, Me Mamadou Souaré Diop, qui a lu l’oraison funèbre de Me Bassirou Barry, un CV très riche étalé devant l’assistance.

Me Mamadou Souaré Diop, bâtonnier de l’ordre des avocats de Guinée

« Son parcours nous rappelle que l’histoire est faite d’abord de cheminement individuel, de convictions pour lesquelles les hommes et les femmes se battent au prix parfois de beaucoup de sacrifices. Bassirou Barry est né le 1er janvier 1931 à Conakry, il effectue ses études primaires à l’école primaire supérieure puis secondaire de Conakry. A la fin du collège, il s’envola très tôt à Dakar poursuivre ses études de 1950 à 1953, à la prestigieuse école normale William Ponty où il côtoie la plupart des cadres africains qui, par la suite, ont gouverné ou dirigé leurs pays dès l’acquisition de l’indépendance. Il en sortit avec le baccalauréat première partie. Auréolé de cette formation, Me Bassirou Barry revint dans son pays pour terminer ses études secondaires, il obtient en 1954 le baccalauréat deuxième partie. Ces parents encouragés par la volonté inébranlable de réussite du jeune Bassirou Barry n’ont pas tardé à le faire partir pour la France pour entamer les études supérieures. Et, leur fils, Bassirou Barry, va leur donner raison. Car, après des études supérieures à la faculté de droit de l’université de Paris, il obtient la licence en droit, c’est-à-dire la maîtrise d’aujourd’hui », a-t-il rappelé.

Au nom de la famille biologique de Me Bassirou Barry, Elhadj Alimou Barry a remercié tout un chacun pour ces nombreux témoignages.

Elhadj Alimou Barry, représentant de la famille de Me Bassirou Barry

« Vous avez dit qui il a été, vous n’avez rien oublié. Koto Bassirou a voué sa vie au service de la patrie et au service de l’Afrique. Koto Bassirou que Dieu te bénisse, tu as été pour nous un frère rassembleur de la famille. Il a montré à ses enfants qu’avant d’être père, il avait des frères et des sœurs, il a rassemblé tout le monde. Je remercie le barreau et tous ceux qui ont organisé cette cérémonie », a dit le représentant de la famille Barry à ce symposium.

Décédé Abidjan le 28 janvier 2023, Me Bassirou Barry sera inhumé dimanche prochain, 5 février 2023, à Dabola, auprès des siens.

Mamadou Tanou Bah pour Guineematin.com

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