Secrétariat général du gouvernement : les dessous de la démission du Conseiller juridique

Moustapha Diané, ancien Conseiller juridique au Secrétariat Général du Gouvernement

Depuis le 23 janvier 2023, le Secrétariat général du gouvernement focalise beaucoup d’attentions, à cause de la démission du Conseiller juridique de ce département, Moustapha Diané. Le même jour d’ailleurs, l’intéressé a fait une sortie médiatique pour justifier son départ du Secrétariat général du gouvernement, un département qu’il connaît bien pour avoir occupé le poste à deux reprises. D’abord sous le règne du Pr Alpha Condé et pendant cette transition dirigée par le Colonel Mamadi Doumbouya. Interrogé par Guineematin.com sur les motifs de sa démission, l’ancien député s’est montré peu bavard.

« Je n’ai plus envie de revenir sur cela. J’espère que vous avez suivi mon passage sur les ondes de la radio FIM. Ce que j’ai dit, je l’assume. Je précise que ce n’est pas un problème d’argent mais plutôt un problème de gestion. Je l’ai dit au ministre secrétaire général plusieurs fois avant le 19 janvier. Et finalement j’ai décidé de démissionner le 23 janvier. Et à chaque fois, il me disait qu’il allait changer, mais en vain », a déclaré notre interlocuteur, connu pour son franc-parler.

Au Secrétariat général du gouvernement, peu de personnes veulent se prêter à nos questions sur ce sujet. Mais quelques proches du chef du département, Abdourahmane Sikhé Camara, tiennent un procès sans concession au démissionnaire.

Mamady Diawara, Directeur national de l’organisation du travail au Secrétariat Général du Gouvernement

« C’était réellement le chouchou du ministre. Les deux ont été nommés dans le même décret par le Pr Alpha Condé. Le premier comme Conseiller principal et le second au poste de Conseiller juridique. Après la chute du régime, Abdourahmane Sikhé Camara a été promu ministre secrétaire général alors que Moustapha Diané, député au parlement déchu, se cherchait. Il a été ramené par son ami au même poste. Depuis, Diané se prenait pour le chouchou du ministre et se croyait tout permis. Il était dans toutes les commissions et dirigeait même l’unique projet du département, à savoir l’implantation de l’imprimerie gouvernementale dont le montant dépasse les 50 milliards de francs guinéens. Mais son problème, c’est qu’il voit tout en argent.

Je vous dis qu’effectivement, il était dans plusieurs commissions telles que les différents séminaires organisés jusque-là, il était le chef projet de l’imprimerie du gouvernement, le président de la Commission de relecture et de la validation du Journal officiel de la République, membre de la commission chargée d’émettre les avis juridiques auprès du gouvernement, membre de la commission de financement des logements sociaux. Pour dire clairement que la gestion du département est bel et bien inclusive », a soutient Mamady Diawara, Directeur national de l’organisation du travail au Secrétariat général du gouvernement.

Pour cet autre proche de Maître Abdourahmane Sikhé Camara, qui a requis l’anonymat, le seul problème qui a fait partir Moustapha Diané, c’est son caractère trop marqué pour l’argent.

« Son obsession pour l’argent est démesurée. Pendant la série de séminaires organisée pour le gouvernement, notre département en était le pilote. A la fin des travaux, nous avons bénéficié de primes allant de 5 à 10 millions par personne. Pour lui, ce montant était insignifiant et il a refusé de le prendre. Pourtant, il a bénéficié d’un statut de contractuel d’Etat dont le salaire (7.500 000 francs guinéens) est largement supérieur à celui des autres fonctionnaires. Pour lui, ce traitement est dérisoire et ses efforts qu’il déploie sont largement au-dessus de cela. Il oublie que nous sommes dans une refondation de l’Etat où la gabegie est proscrite.

Les pratiques d’hier ne sont plus tolérées aujourd’hui. La moindre sortie d’argent doit être justifiée. Et cette situation n’arrange pas certains cadres, malgré leur prestation de serment de servir le pays et non de se servir. Le séminaire à l’attention des directeurs généraux, des directeurs nationaux et les conseillers juridiques a été un fait marqueur, car l’ex conseiller juridique démissionnaire était de celles et ceux qui se sont attribué tous les rôles (à la fois modérateur, formateur, organisateur, rédacteur) alors même que chacun avait un rôle bien défini », », a-t-il laissé entendre.

Il ajoute que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase est la tenue d’une réunion de cabinet présidée par le ministre, Abourahmane Sikhé Camara, le lundi 23 janvier dernier. « Après avoir déploré le comportement de certains cadres, Moustapha Diané a éclaté de rire à gorge déployée avec des gestes peu recommandés en pleine réunion. En réaction, le ministre lui a demandé de sortir. Il s’est levé avec fracas en claquant la porte. Au moment où nous cherchions à colmater les brèches, il a déposé sa lettre de démission », confie ce haut cadre du département.

Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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