Mutilation génitale féminine : Elisabeth Araujo exhorte l’Etat à garder « un regard piquant » sur cette situation

Elisabeth Araujo, activiste et présidente de l’ONG ‘’Tous pour l’excellence des jeunes

En Guinée, la pratique des mutilations génitales féminines, notamment l’excision, est très répendue dans le pays. L’excision est encore fortement ancrée dans la conscience collective. Et ce, en dépit de son interdiction par les lois de la république. La pratique de l’excision est passible de peine de prison dans la loi pénale guinéenne. Mais, l’application de cette interdiction peine à prendre forme sur le terrain.

A l’occasion de la célébration de la journée internationale de lutte contre les mutilations génitales féminines ce 6 février 2023, Elisabeth Araujo, activiste et Présidente de l’ONG ‘’Tous pour l’Excellence des Jeunes’’, a rappelé les conséquences de l’excision sur la santé et le bien-être de la fille. Elle a aussi exhorté l’Etat à agir par des actes concrets pour faire appliquer dans toute sa rigueur.

« Ce sont des stéréotypes qu’on a ancré dans la tête des gens depuis très longtemps ; et jusque-là, il y a des gens qui peuvent te dire : moi j’ai été excisée, mais je n’ai pas de problème. Mais, quand tu prends le temps, tu expliques le processus sur la Santé d’abord, elles-mêmes elles reconnaissent : oui, j’ai ce problème, j’ai ce symptôme. Mais, elles refusent d’admettre que c’est lié à l’excision. L’excision est remplie de conséquences néfastes sur la santé de la jeune fille. D’autres mêmes, lors de l’excision, elles vont continuer à saigner jusqu’à rendre l’âme… Nous sommes en Afrique, je peux te faire du mal à travers ton sang et tes organes. Donc, on a eu beaucoup de témoignages autour de ça, le clitoris qu’on coupe, il y a d’autres qui gardent ça pour faire du mal. Quand tu prends ça et tu gardes, la femme-là ne pourras plus avoir d’enfants sinon on fait en sorte que toi tu as toujours envie de te pavaner dans la nature et que t’as toujours envie de faire l’amour avec les hommes. Et, scientifiquement, l’excision, la partie qu’on coupe est la partie normalement qui doit faciliter l’accouchement pour la femme. Parce que quand le bébé doit sortir, c’est la partie là qui s’ouvre carrément pour faciliter que l’enfant sorte. Et, si on parle de plaisir aussi, pourquoi la femme n’a pas le droit d’avoir le plaisir avec son mari ? Et, il n’y a pas que couper, il y a l’infibulation aussi cette forme d’excision qu’on pratique encore en Guinée qu’on coupe carrément le clitoris et on coud. Et, quand c’est cousu, sauf l’urine qui peut sortir et depuis à bas âge tu es comme ça et tu grandis avec ça. Et, quand tu te marieras, on ouvre carrément et le même jour tu dois coucher avec ton mari sinon ça va se refermer. Donc, la partie cousue depuis que tu es toute petite doit être déchiré encore pour que ton mari puisse te toucher. Tu as une plaie et tu dois coucher avec ton mari sans compter ta virginité. Donc, toute cette douleur… Les parents pensent que c’est pour garder la fille vierge… Il faut que l’Etat guinéen garde un regard vraiment piquant sur la situation et qu’on puisse appliquer la loi. Parce que ratifier la convention et dire qu’il y a telle loi qui condamne ça et qu’il n’y a jamais eu de condamnation reste des écritures. Il faut faire appliquer la loi sinon le taux ne fera qu’augmenter et l’excision n’a que des conséquences néfastes », a indiqué Elisabeth Araujo.

Selon  l’OMS la Guinée est le deuxième pays qui pratique l’excision après la Somalie.

Hassanatou Kanté pour Guineematin.com

Tel: 621937298

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