Mamou : des conseillers du CNT déplorent les conditions de détention à la prison civile

Dr Dansa Kourouma, président du CNT

Le Conseil National de la Transition (CNT), installé depuis une année, a tenu une session plénière délocalisée dans la ville de Mamou, en Moyenne Guinée, dans la journée d’hier, mercredi 09 février 2023. La démarche de l’institution, qui fait office de parlement pendant cette transition, vise à se rapprocher des citoyens en vue de toucher du doigt leurs difficultés. La cérémonie d’ouverture des activités a été présidée par Dr Dansa Kourouma, président du CNT, en présence de Dr Diaka Sidibé, ministre de l’Enseignement supérieur ; de Mory Condé, ministre de l’Administration du territoire, ainsi que des autorités à tous les niveaux, rapporte le correspondant de Guineematin.com basé dans la ville carrefour.

Soixante-trois (63) conseillers nationaux, sur les 81, sont à Mamou pour des activités d’intérêt général. Prenant la parole, Dr Dansa Kourouma, président du CNT, est revenu sur les projets de loi adoptés par les conseillers. « L’ordre du jour de cette plénière portait sur l’autorisation de ratification des textes suivants : l’acte additionnel à l’accord de coopération portant création du Centre Ouest-africain de Recherche et de Services scientifiques sur le changement du climat et l’utilisation adaptée des terres (WASCAL) adopté par le conseil des ministres de WASCAL à Lomé Togo, le 10 février 2012. Les  conventions pour  le financement des investissements  et la structuration de l’aval de la filière de gestion des  déchets solides de Conakry (CET BARITODE), signées respectivement les 25 juillet et 17 novembre 2022 entre l’Agence française de développement (AFD) et la République de Guinée pour les montants de cinquante millions d’euros pour la première convention et vingt millions d’euros pour la deuxième fois. Et enfin, le Protocole d’accord du Projet de Production Alimentaire d’Urgence (PPAU) entre la République de Guinée et le Fonds africain de développement, signé le 30 novembre 2022 pour un montant neuf millions neuf cent quatre-vingt mille unités de compte », a expliqué Dr Dansa Kourouma.

Après cette plénière, les conseillers se sont répartis en 3 groupes pour mener certaines activités, comme la visite des tenus à la maison centrale de Mamou. Là, le constat est très alarmant. Maître Mohamed Traoré, conseiller national, a dégagé son constat sur les conditions de détention des prisonniers.

Maître Mohamed Traoré, conseiller au CNT

« Le constat que nous avons fait et que nous faisons dans toutes les prisons en Guinée : mélange de personnes condamnées et de personnes en détention provisoire, la non-séparation des mineurs et les adultes, des questions d’infrastructures, sur la nourriture et la santé des détenus. J’avoue que c’est une situation alarmante. Le personnel d’encadrement est insuffisant, les moyens sont inadéquats. Je pense que l’État, le gouvernement guinéen et le CNT doivent travailler mieux pour améliorer les conditions de vie carcérale. Il faut respecter la dignité humaine. La Guinée a vraiment un long chemin à faire. Je pense qu’il faut prendre cette affaire à bras-le-corps afin de trouver des solutions idoines. Nous avons toujours condamné ces pratiques et la particularité de cette maison centrale, c’est qu’il y a moins de personnes qui sont en attente de jugement… ».

De son côté, Souleymane Kouyaté, le procureur de la République près le tribunal de première instance de Mamou, a salué la visite des conseillers avant de revenir sur certaines préoccupations.

Souleymane Kouyaté, procureur du Tribunal de Première Instance de Mamou

« D’abord, je salue l’arrivée de cette mission des conseillers du CNT, qui a permis même de recenser les problèmes de tenus à Mamou. Et si cette mission venait à chaque fois dans nos prisons, je suis convaincu que beaucoup de problèmes seront résolus. Tout notre problème ici, c’est au niveau des condamnés. Nous avons près de 170 condamnés ici sur les 200 personnes qui sont détenues dans cette maison centrale.  Certains sont condamnés à 20 ans, 30 ans de prison. Il y a des cas de malades et l’infirmier a démissionné. Nous travaillons maintenant avec l’hôpital régional où nous payons nous même nos factures. Imaginez, si on laisse ces 200 personnes à l’abandon. Le procureur n’en sortira pas. C’est nous qui faisons notre mieux. Nous allons toujours nous atteler à améliorer les conditions de nos prisonniers », a dit le procureur.

Il est à noter qu’un garde pénitentiaire a été dénoncé par les prisonniers de mauvaise pratique de son métier. Il a été suspendu par le procureur.

De Mamou, Boubacar Ramadan Barry pour Guineematin.com

Tél. : 625698919

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