Manifestation à Simbaya Gare : des gendarmes accusés de vol d’argent et de biens matériels

Une manifestation a éclaté dans la matinée de ce vendredi, 10 février 2023, à Simbaya Gare (dans la commune de Ratoma). Des jeunes en colère ont érigé des barricades sur la chaussée, empêchant ainsi la circulation des engins (véhicules et motos). Et, c’est un conflit domanial qui a dégénéré en protestation spontanée sur la voie publique, a-t-on appris.

Selon des informations confiées à un reporter que Guineematin.com a dépêché sur les lieux, ce sont des bâtiments de vente qui se trouvent aux abords de la route qui ont été la cible des agents des forces de l’ordre venus déloger des occupants. Un certain Aboubacar Fofana est accusé de réclamer la paternité des lieux.

Plusieurs boutiques qui s’y trouvent ont été vidées de leurs contenus par les agents indexés par les victimes. M’bemba Soumah, une des victimes, dit avoir trouvé sa boutique saccagée aux environs de 5 heures du matin. Il accuse des gendarmes d’avoir volé son argent et beaucoup d’autres articles.

M’bemba Soumah, victime de pillage par des gendarmes à Simbaya Gare

« Moi, je dormais ! C’est à 5 heures du matin que ma belle-mère m’a réveillé pour me dire que des gendarmes sont venus et ils sont en train de casser nos boutiques. J’ai demandé pourquoi et je suis venu en courant. J’ai trouvé des gendarmes et des gens encagoulés qui sont en train de casser les portes et jeter les objets dehors. On avait de l’argent ici, ils ont tout pris, des parfums, des habits et beaucoup d’autres choses. Ils nous ont dit qu’il y a un Monsieur qui a porté plainte contre nous. Mais, nous, on a acheté le terrain avec son père ; et, lui, il n’était même pas né. Il vient maintenant pour dire que c’est pour lui le domaine. Et nous, on n’a  reçu aucune information par rapport à cette plainte… Avant mon arrivée, j’ai trouvé tous mes bagages dehors. Vous avez vu les vitres, ils ont utilisé les gaz lacrymogènes pour les casser. C’est Aboubacar Fofana qui est en train de réclamer ici. Il a porté plainte contre nous, en disant que c’est pour lui ce domaine. On a perdu beaucoup d’argent ici. Je ne peux même pas estimer. Il y en avait 20 millions ici ; mais, ils ont cassé et ils ont volé. Regardez là-bas encore, ils ont tout volé. Et, c’est ce qui a révolté les jeunes pour nous soutenir », a-t-il témoigné.

Pendant la manifestation, les jeunes en colère ont lancé des cailloux vers les forces de l’ordre et ont brûlé des objets de tout genre sur la chaussée. Les agents ont à leur tour répliqué par des tirs de gaz lacrymogènes.

Selon Abdoulaye Kaba, un des boutiquiers qui vient d’être délogés, les autorités du quartier ne sont pas intervenues dans cette situation. Il affirme que cette opération n’a rien à voir avec le problème de déguerpissement annoncé par l’Etat.

Abdoulaye Kaba, victime de pillage par des gendarmes

« Le chef du quartier et le chef du secteur sont restés indifférents face à ça. Vous voyez les pillages qu’on a faits ? On a enregistré des pertes énormes. Donc, c’est cette situation qui a dégénéré, la population est venue en aide. La population au départ était un peu confuse. Beaucoup pensaient au déguerpissement. Or, ce n’est pas le déguerpissement. Vous voyez, nous sommes loin des emprises. Mais, quand ils ont compris que ce n’est pas le déguerpissement, ils sont venus après pour barrer la route en signe de protestation. Là, on lance un appel aux autorités d’intervenir pour que justice soit rendue. Parce qu’on ne peut pas continuer comme ça », a-t-il lancé.

Cette manifestation à Simbaya Gare a causé d’énormes embouteillages sur la route Le Prince. Mais, avec l’arrivée des renforts (composés de policiers et de gendarmes), la route a été finalement libérée par les manifestants.

Ansou Baïlo Baldé pour Guineematin.com

Tel : 622 56 11 82

Facebook Comments Box