Menaces et injures, ce sont les faits pour lesquels l’artiste Balla Kanté poursuit son locataire, Morel Kamissoko. Les deux hommes étaient devant le tribunal correctionnel de Dixinn hier, mercredi 15 février 2023, pour s’expliquer sur cette affaire, a constaté un journaliste de Guineematin.com qui a suivi le procès.
Selon Balla Kanté, lorsque son père était en vie, c’est Morel Kamissoko, locataire de sa concession située à Gbessia, qui avait la charge de collecter le loyer avec ses colocataires. Mais, après le décès de Mory Kanté, légende de la musique guinéenne, sa famille s’est réunie pour discuter autour de la gestion des biens qu’il a laissés. Les héritiers ont décidé de confier la gestion des trois concessions, dont celle de Gbessia, à Balla Kanté, également artiste-chanteur. Mais lorsqu’il est allé annoncer cette décision aux occupants de cette concession, Morel Kamissoko aurait proféré des injures et des menaces à son encontre.
« Un jour, je suis allé signifier aux locataires de la concession de Gbessia que désormais, c’est à mon niveau qu’ils doivent payer les frais de loyer. Je n’ai pas trouvé M. Morel Kamissoko sur les lieux, c’est sa femme qui y était. J’ai demandé à cette dernière après son mari, elle m’a dit qu’il était sorti, je lui ai alors signifié que c’est moi qui perçoit maintenant l’argent du loyer, elle m’a dit qu’elle n’a rien à faire avec moi. Et en sortant, j’ai trouvé M. Morel Kamissoko avec d’autres locataires dehors, dès que j’ai commencé à lui parler, il m’a directement dit qu’il ne me reconnaît pas comme un fils de Mory Kanté.
Il est allé plus loin en me disant que mon père lui a dit que je ne suis pas son fils. Monsieur le président, Morel m’a traité de bâtard. J’ai un enregistrement audio avec moi ici qui atteste des menaces qu’il a faites », a expliqué le plaignant. »Aujourd’hui, je veux qu’il soit simplement délogé de cette maison », a ajouté Balla Kanté.
Mais le prévenu a rejeté en bloc les accusations qui pèsent contre lui. Morel Kamissoko soutient n’avoir jamais proféré des menaces et injures contre le plaignant. Pour en savoir plus donc sur cette affaire, le président du tribunal, Mohamed Keïta, décide d’écouter l’enregistrement audio détenu par la partie civile et qu’il brandit comme élément de preuve.
Le tribunal a aussi entendu Aboubacar Kaba, un ami de Balla Kanté qui était présent le jour des échanges. Dans son récit, le témoin a déclaré ceci : »M. Morel a dit qu’il ne reconnaît pas Balla Kanté comme fils de Mory Kanté. Mais en âme et conscience, je ne l’ai pas entendu prononcer le mot bâtard ».
Dans ses réquisitions, le procureur a demandé au tribunal d’abandoner la poursuite contre Morel Kamissoko sur les faits d’injures et de le retenir dans les liens de culpabilité pour les faits de menaces. Alpha Bacar Cissé a ensuite requis 6 mois d’emprisonnement assorti de sursis et une amende de 500 000 francs contre le prévenu. De son côté, l’avocat de la défense a plaidé la relaxe de son client pour délit non constitué.
Dans sa décision, le président du tribunal correctionnel de Dixinn a condamné Morel Kamissoko à 3 mois d’empoisonnement assorti de sursis pour les faits de menaces. Le prévenu a été condamné aussi au paiement d’une amende de 300 000 GNF et d’un montant d’un million de francs à titre de dommages et intérêts pour les préjudices causés à Balla Kanté.
Mamadou Tanou Bah pour Guineematin.com
