Manifestation du FNDC à Conakry : l’activiste Kaly Diallo dénonce le déploiement ‘’disproportionné’’ de l’Armée

Comme annoncé dans nos précédentes dépêches, ce jeudi, 16 février 2023, le Front national pour la défense de la constitution (FNDC) a organisé une manifestation dans le Grand Conakry (Dubréka, Coyah et dans les six communes de capitale) pour exiger de la junte du CNRD (qui s’est emparé du pouvoir depuis le renversement du président Alpha Condé le 5 septembre 2021) l’organisation d’un dialogue pour un retour rapide à un l’ordre constitutionnel et la libération des acteurs socio-politiques, l’arrêt de la manipulation de la justice, entre autres.

Mamadou Kaly Diallo, responsable du programme Démocratie sans violence et baïonnette intelligente (DSV/BI) qui suit avec attention la situation sur le terrain, joint au téléphone par un journaliste de Guineematin.com dans l’après-midi de ce jeudi, a dénoncé le déploiement disproportionné de l’armée sur le terrain contre les manifestants.

Pour cet activiste des droits de l’homme, cette manifestation n’aurait d’ailleurs pas eu lieu si les autorités avaient accepté d’organiser un dialogue inclusif et sincère pour définir le chronogramme de la transition.

Mamadou Kaly Diallo, activiste des droits de l’homme et responsable du programme de Démocratie sans violence, la baïonnette intelligente (DSV-BI)

« Si les autorités avaient eu une volonté réelle pour organiser un dialogue inclusif et sincère et que tous les acteurs se retrouvent autour de la table pour parler du chronogramme, cette manifestation n’aurait pas eu lieu. Puisque la vocation de toute transition est d’organiser le retour à l’ordre constitutionnel du pays. Et l’initiative doit venir d’en haut et la limitation d’en bas. L’article 77 de la Charte avait précisé que le chronogramme de la transition allait être fixé de plein accord avec le CNRD et les forces vives de la nation. Mais aujourd’hui, cette représentativité de ces forces vives pose problème », a-t-il rappelé à l’entame.

Parlant du bilan de cette journée, au niveau de la DSV/BI, des accrochages ont été enregistrés sur plusieurs axes longeant la route le Prince et allant de Hamdallaye à la Cimenterie (T10). Le tout marqué par l’agression d’au moins un journaliste et des blessés par balles.

« Il y a eu des accrochages par endroits, à Conakry, notamment à Hamdallaye, Bomboly, Cosa, Wanindara, Sonfonia, dans la commune de Ratoma… et j’en passe mais surtout il faut regretter cette agression du journaliste de TV5, Abdourahmane Bah. Ce qui porte une grave atteinte à la liberté d’expression, d’information et d’opinion. Ce qui viole les articles 18 et 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme et qui porte même des restrictions de liberté dans l’exercice de leur fonction. Puisqu’après les accrochages, des bérets rouges ont retiré la carte mémoire de la caméra du journaliste. alors qu’il a toutes les images prises sur elle. Cet état de fait, nous désole et nous amène à le condamner avec la dernière énergie », a-t-il ajouté.

Par ailleurs, Kaly Diallo a dénoncé le déploiement de l’armée pour contenir la manifestation.

« Je dirai que dans un État normal, l’armée ne peut pas être appelée à encadrer une manifestation. D’aucuns me diront que nous sommes dans une transition. Mais c’est clair dans la Charte, il est dit qu’aucune situation d’exception ou d’urgence ne peuvent justifier la violation des droits de l’homme. Hors, il faut signaler tout de suite que l’armée n’est pas outillée au maintien d’ordre. C’est la police et la gendarmerie qui doivent maintenir l’ordre. La Loi sur le maintien d’ordre définit le principe de l’égalité, de responsabilité, de nécessité et de proportionnalité. Et la situation n’est pas arrivée à une telle proportionnalité qu’on déploie l’armée dans la rue et d’ailleurs pour déployer l’armée dans la rue, il faut qu’on soit dans une période d’exception ou d’urgence. ce qui n’est pas le cas, à ce que je sache. En tout cas, si on se réfère à la Loi sur le maintien de l’ordre », a martelé l’activiste.

Ce responsable du programme DSV/BI appelle les autorités de la transition à user de tous les efforts pour la promotion et la défense des droits de l’homme en Guinée mais également travailler à ramener tous les acteurs autour de la table du dialogue.

« Les organisateurs parlent d’un bilan de six blessés. D’autres sources qui restent à vérifier croient savoir qu’il y a un mort par balle d’un élève. En ce qui nous concerne, nous appelons les autorités à revenir à la raison et conformément à la Charte de la transition, notamment en son article 77. Ils doivent revoir leur copie et discuter avec tous les acteurs sur le chronogramme pour une transition paisible, inclusive et réussie », a-t-il conclu.

À rappeler que la relative accalmie sur le terrain est marquée par des tirs sporadiques dans certains quartiers « chauds » comme à Hamdallaye pharmacie.

Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél. : 628 08 98 45

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