Après la manifestation appelée par le Front national pour la défense de la constitution (FNDC) organisée le jeudi dernier, le bilan macabre vient de s’alourdir. Un 3ème cas de décès a été enregistré dans la soirée d’hier, vendredi 17 février 2023 à l’hôpital Ignace Deen. Mamadou Doumbouya, jeune vitrier âgé de 18 ans, a succombé à ses blessures, alourdissant le bilan de la répression. Son père, qu’un reporter de Guineematin.com a trouvé chez lui, ce samedi, 18 février 2023, a dit toute sa désolation.
Après Abdoul Karim Bah et Ibrahima Diallo, tués par balles le jeudi lors de la manifestation du FNDC, c’est Mamadou Doumbouya qui a succombé à ses blessures. Il a rendu l’âme dans la soirée d’hier, vendredi 17 février 2023, au CHU Ignace Deen.
Selon des informations confiées à Guineematin.com, Mamadou Doumbouya était un jeune vitrier, âgé de 18 ans, originaire de Bomboli, dans la sous-préfecture de Bourouwal Tappé, relevant de la préfecture de Pita. Unique garçon de ses parents, le jeune a été blessé par balle alors qu’il quittait son atelier de travail. Affligé par la perte de son unique enfant, Abdoul Doumbouya, raconte comment il a appris la nouvelle et sa prise en charge à l’hôpital.
« Le matin du jeudi, il me disait qu’il partait au boulot, parce qu’il fait la vitrerie. Arrivé là-bas, il a trouvé que leur atelier est fermé. Au moment où il s’apprêtait à quitter, il paraît qu’il s’est rencontré avec ces militaires-là. C’est en moment qu’il a eu l’accident-là. C’est l’information que j’ai reçue. Mais moi, c’est lorsqu’on l’a envoyé à l’hôpital Jean Paul II que ses camarades m’ont tenu informé. Quand je suis arrivé là-bas, j’ai vu qu’il a été blessé par balle, au côté droit de l’abdomen. J’ai demandé l’avis des médecins, ils m’ont dit qu’ils ne peuvent rien faire, de choisir 3 hôpitaux : Sino-guinéen, Donka ou Ignace Deen. J’ai préféré Ignace Deen où je l’ai envoyé. Quand nous sommes arrivés, j’ai contacté les médecins qui m’ont proposé une opération chirurgicale. J’ai accepté. Tout ce qui concernait les médicaments et autres, j’ai tout payé et mis à leur disposition. C’est devant moi qu’ils l’ont fait rentrer au bloc de 18 à 21 heures. Après, il est ressorti. Dès qu’il est ressorti, je l’ai vu, il parlait bien. Pour moi, ça avait réussi. Pendant la nuit, il se plaignait de maux de ventre et on disait qu’il ne doit pas boire, mais il a toujours insisté pour que je lui passe de l’eau à boire. Mais, j’ai respecté les consignes des médecins », a expliqué le père du défunt.
Selon Abdoul Doumbouya, la situation de son fils s’est dégradé le vendredi. Il a fini par rendre l’âme aux environs de 18 heures. « Dès le matin, vers 11-12 heures comme ça, il a commencé à sentir des douleurs. Il me disait de lui passer de l’eau à boire. Je lui ai dit que je ne pouvais pas. Vers 18 heures, ils m’ont encore appelé. J’ai vu son état. Les médecins m’ont dit de sortir. Je n’ai pas voulu sortir, mais ils m’ont fait sortir. Quelques minutes après, je me suis rendu compte que l’enfant est décédé », a-t-il fait savoir.
Croyant pouvoir récupérer le corps de son fils très rapidement, Mamadou Doumbouya avait prévu l’inhumation ce samedi. Mais c’est en arrivant à Ignace Deen qu’il a su que le corps sera gardé sur place. « J’avais programmé la famille, vous voyez combien de fois les gens sont venus. Le matin, je pensais que j’allais récupérer le corps. Mais arrivé là-bas, on me dit que ce n’est pas possible, qu’ils ont reçu des instructions de ne pas nous rendre le corps. La seule chose que je demande à l’Etat, c’est de me rendre le corps. C’est tout ce qui m’intéresse. Je suis dans les démarches pour voir comment je peux récupérer le corps », a-t-il fait savoir.
Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com
