Des travailleurs de l’échangeur de Bambéto en colère : « on est mal payé, maltraité, menacé et intimidé »

Plusieurs travailleurs engagés par les entreprises Power China et Chino-Hydro pour la construction de l’échangeur de Bambéto, ne sont pas contents de leurs conditions de travail et de leur traitement salarial. Malgré les multiples plaintes, ils peinent encore à obtenir gain de cause dans une conjoncture particulièrement compliquée. Ce samedi, 18 février 2023, ils ont exprimé leurs ras-le-bol au micro d’un reporter de Guineematin.com qui est allé leur rencontre sur le chantier, situé dans la commune de Ratoma.

Le 13 avril 2022, les autorités de la transition ont lancé le projet de construction d’un échangeur à Bambéto, financé à hauteur de 246 millions de dollars US. Mais après plusieurs mois de travail dans des conditions jugées difficiles, les travailleurs des entreprises de Power China et Chino-Hydro (en charge de la construction de l’échangeur de Bambéto) sont en colère. Ils dénoncent un traitement journalier de 60.000 francs guinéens et le retard dans leur paiement. Ils exigent de leur employeur de meilleures conditions de vie et de travail. C’est-à-dire le paiement des heures supplémentaires et la prise en charge de l’assurance maladie.

Par peur d’être renvoyés par ces sociétés chinoises, plusieurs d’entre eux ont déploré, sous anonymat, les conditions dans lesquelles ils travaillent.

Tel est le cas de cet ouvrier qui dénonce le salaire journalier de 60.000 francs guinéens : « Je travaille ici depuis le début des travaux. Nous pensions qu’on allait être bien entretenu et bien payé. Mais, nous ne sommes pas bien payés. Avant, c’était 50.000 GNF comme salaire journalier. Aujourd’hui, ils ont augmenté de 10.000 GNF. Mais ce n’est pas ce qu’on voulait. On s’attendait au moins à 100.000 GNF comme salaire journalier pour que nous puissions travailler comme ils veulent. En plus de ce petit salaire journalier, on est maltraité par les chinois. Si on parle d’augmentation, ce sont les patrons chinois eux-mêmes qui disent qu’ils ne peuvent pas dépasser les 60.000. C’est avec ce travail que nous aussi on nourrit nos familles. Avant que la fin du mois n’arrive, ça trouve déjà que tu es endetté partout. Et si tu reçois ce salaire, tu prends l’intégralité pour aller rembourser l’argent des autres. Tu es obligé encore de prendre du crédit pour pouvoir tenir jusqu’à la prochaine fin du mois. On a écrit maintes fois aux autorités mais jusque-là, il n’y a rien. Si on manifeste, c’est parce qu’on n’est pas bien payé. On voulait que tous les ouvriers soient payés avec le même prix journalier. Parce que certains ouvriers sont payés à 65.000 GNF. C’est inacceptable », dit-il.

Certains employés vivent dans la résignation. « On peut dénoncer la souffrance que nous vivons ici. Mais si on dénonce, on risque de perdre notre travail. On nous menace, on nous intimide. Dans le contrat, il est dit de payer à partir du 25 du mois. Mais les salaires retardent jusqu’au 5 du mois suivant. Non seulement, le salaire retarde mais ce qui vient aussi, c’est très petit. Et quand le salaire tombe, il y a beaucoup qui se plaignent de manquements. Certains auront des manquants de 80.000 et d’autres auront 100.000 de manquants. Il y a beaucoup de problèmes. Un jour, j’ai essayé de dénoncer, on m’a menacé. Donc depuis lors, je n’ai rien dit », a dit cet autre travailleur.

Trouvé en train de manger son atiéké, qu’il dit avoir pris à crédit, cet autre employé demande l’implication du Ministre des Travaux Publics. « Nous souffrons beaucoup ici parce qu’on est mal payé et mal entretenu. Même la prise en charge médicale n’est pas là. On a fait une première grève pour réclamer les équipements parce qu’il n’y en avait pas. Mais, l’inspection est venue et nous a doté d’équipements. Même le jeudi passé, on a grevé ici. Et hier vendredi, on a accepté de venir travailler jusqu’à 12 h, mais ils ont payé une demi-journée. On a dit s’ils ne payent pas notre journée, on va arrêter le travail. Mais à midi aujourd’hui, ils ont dit qu’ils vont payer la journée complète. On a revendiqué aussi à ce qu’on nous paie à partir du 1er de chaque mois. Mais le chinois a que c’est entre le 1er et le 5. Ce qui n’est pas bon pour nous. C’est ce qu’on est en train de subir à l’heure-là. Et c’est pourquoi nous demandons assistance de la presse et des autorités, notamment le Ministre des Travaux Publics, de nous aider à bénéficier d’un meilleur traitement pour que le travail soit bien fait. Ils n’ont qu’à venir voir la situation des travailleurs ici. Parce que les travailleurs de Bambéto souffrent ici énormément. Même ce que je suis en train de manger, c’est à crédit que j’ai pris pour payer après », a-t-il martelé.

À suivre !

Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com

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