Menace de retrait d’agréments de partis politiques : ce qu’en disent des citoyens de Boké

Mory Condé, ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation

La manifestation du Front national pour ma défense de la constitution (FNDC), organisée dans le Grand Conakry, le jeudi 16 février 2023, a fait 3 morts, plusieurs blessés et de nombreuses arrestations. Devant le déferlement de violences, les autorités de la transition ont brandi des menaces contre les formations politiques qui ont apporté leur soutien au mouvement. L’annonce par le ministre de l’administration du territoire du retrait éventuel des agréments des formations politiques en phase avec le FNDC est diversement appréciée. Dans la commune urbaine de Boké, de nombreux citoyens interrogés par le correspondant de Guineematin.com, réprouvent cette annonce.

Mory Condé, ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation menace de retirer les agréments des formations politiques et de la société civile qui sont favorables au FNDC, mouvement dissout. Cette annonce a provoqué une levée de boucliers dans les différents états major et au sein de l’opinion.

Dans la ville de Boké, de nombreux citoyens, interrogés ce lundi 20 février 2023, disent ne pas approuver cette mesure.

Lansana Kaba, jeune leader

Lansana Kaba, un jeune leader, ne partage pas l’avis du responsable du département de l’administration du territoire et ne comprend pas non plus l’attitude de Mory Condé envers les leaders politiques. « Tout d’abord je ne suis pas d’avis avec le ministre. Parce qu’on parle de manifestation, c’est quand le droit n’est pas respecté, c’est quand l’opinion collective n’est pas respectée et il s’agit pas de marches. Une fois que la manifestation est lancée, le gouvernement, qu’il soit légal ou illégal, doit encadrer la manifestation. Au lieu de menacer les partis politiques pourquoi ne pas appeler tout le monde à la table et discuter pour se comprendre ? » s’est-il demandé.

Idrissa Diallo, pharmacien de formation

Idrissa Diallo, pharmacien de formation, pense que le gouvernement ferait mieux d’aller vers les partis politiques pour prioriser le dialogue que de tenter d’intimider les uns et les autres. « Le gouvernement doit accepter d’aller vers les partis politiques, pour ne pas tomber dans les erreurs du passé. Les menaces ne vont jamais amener le pays de l’avant. Ce que j’ai à dire au gouvernement, c’est de laisser les partis politiques manifester leur colère. C’est très simple », soutient-il.

Mamadou Bah, diplômé sans emploi

Pour Mamadou Bah, diplômé sans emploi, il n’est pas normal de retirer l’agrément d’un parti politique. « Il n’est pas possible de retirer l’agrément d’un parti politique dans un pays de droit. Je pense que nous sommes avec un pouvoir de transition ; donc, je pense que ce pouvoir-là ne peut pas retirer un agrément d’un parti politique ou d’une association. Nous sommes dans un pays démocratique et c’est le pouvoir du peuple qui est là. Si le FNDC est là aujourd’hui, c’est pour rappeler au pouvoir transitoire de ne pas dérailler », martèle le jeune homme.

Lamah Moriba, citoyen de Boké

Contrairement aux trois précédents intervenants, Lamah Moriba trouve normal cette sortie du ministre à partir du moment où le FNDC a été dissous par un acte officiel. « On a un comportement en Guinée, mais il faut qu’on arrête ça, sinon le pays va mal. Par rapport aux comportements du FNDC, le gouvernement leur a dit d’arrêter, qu’il n’y a pas de manifestations, ils n’ont qu’à arrêter. Si le ministre les menace, c’est peut-être parce qu’ils ont trop exagéré, c’est pour cela qu’il a menacé de suspendre les partis politiques », pense Lamah Moriba.

De Boké, Mamadou Barry Kissaka pour Guineematin.com

 Tél. : 620 23 35 51

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