Conakry : clôture de la première phase du cadre de dialogue structuré (CDS)

Organisée avec l’appui technique et financier de l’Union européenne, la première phase du cadre de dialogue structuré a pris fin ce jeudi, 23 février 2023, à Conakry. Ce cadre se tient depuis le mois de septembre dernier en Guinée et il a connu la participation des représentants de 20 organisations et faitières de la société civile guinéenne. Ces participants ont été encadrés et formés par des experts nationaux et internationaux sur des « questions prioritaires » liées au processus de Transition politique en Guinée.

Les recommandations issues de cette rencontre vont être transmises aux autorités de la Transition, notamment au Conseil national de la Transition en charge de l’élaboration de la nouvelle constitution et au ministère de l’administration du territoire et de la décentralisation en charge de l’organisation des élections, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Le cadre de dialogue structuré est un appui de l’Union européenne pour la réussite de la Transition en Guinée. Et, il est financé à hauteur de 100 000 euros. Sa première phase a démarré depuis le mois de juillet dernier avec l’identification des membres de la société civile guinéenne. Cette phase a été clôturée ce jeudi, en présence de Jolita Pons, l’ambassadrice de l’Union européenne en Guinée. Elle a d’ailleurs profité de l’occasion pour annoncer que le cadre de dialogue structuré sera opérationnel tout au long de la Transition.

Son Excellence Jolita Pons, ambassadrice de l’Union européenne en Guinée

« L’égalité entre homme et femme, égalité de droit garantissant un accès égal à l’éducation, à la sécurité, au travail et aux ressources financières, mais aussi au processus décisionnel dans tous les domaines. La famille, la communauté et l’entreprise, la politique. La lutte contre l’impunité et la corruption est fondamentale. Pour autant la justice soit impartiale, égale pour tous et le principe de la proportionnalité de la peine devant être garanti. La recevabilité des autorités doit être clairement mise en œuvre. L’Etat a des obligations envers ses citoyens et ses citoyennes, et ces citoyens ont le droit de réclamer le respect de ces obligations. Comme vous le savez, cette journée de clôture ne marque pas la fin de notre partenariat, bien au contraire. D’abord, nous souhaitons valoriser le travail accompli et les recommandations issues du cadre de dialogue structuré en organisant un événement public auquel seront conviées les autorités de la Transition. Nous souhaitons également créer un comité de suivi et de veille du cadre de dialogue structuré (CDS) qui restera opérationnel tout au long de la Transition », a-t-elle indiqué.

Pour diriger le cadre de dialogue structuré, des experts nationaux et internationaux ont  été déployés depuis le mois de juillet 2022. Les experts mandatés ont commencé par l’identification des acteurs de la société civile sélectionnés pour être membres du cadre de dialogue structuré (CDS).

Depuis cette date, un espace est mis chaque semaine à la disposition des représentants des 20 organisations et faitières de la société civile pour se réunir et débattre, sous la conduite d’experts nationaux et internationaux, des questions prioritaires liées à la Transition politique en Guinée, avec un accent fort sur les questions d’égalité de genre et d’inclusion sociale.

Ousmane Baldé, expert du cadre de dialogue structuré

« Au niveau des défis, je pense que cette dynamique déjà, il faut savoir la garder, surtout ne pas perdre les dynamiques qui ont été enclenchées jusque-là. Ne pas accepter qu’elles se dispersent, parce que c’est quand-même une première qu’on arrive à réunir l’ensemble des organisations de la société civile sans qu’il n’y ait des dissidences. Je pense que les défis aujourd’hui, c’est d’abord maintenir cette dynamique et ensuite il va falloir continuer au-delà de la Transition à produire, à concerter et à produire des recommandations objectives pour accompagner le développement inclusif de la Guinée. Je pense que les défis peuvent se résumer à ça. Le reste, c’est une question de trajectoire, c’est une question de méthodologie, mais l’essentiel va se résumer à ça », a déclaré Ousmane Baldé, un des experts qui a dirigé la facilitation des échanges.

Au cours des cinq mois de dialogue et de formation, plus de 220 recommandations sur 18 sujets relatifs au chronogramme de la Transition, à la nouvelle Constitution, à la matière électorale (en particulier le fichier électoral et l’organe de gestion électoral), aux libertés publiques et aux droits humains ont été élaborées. Une journée de réflexion a été organisée en début de ce mois de février pour réexaminer l’ensemble des recommandations. Et, à la fin de ce travail, 50 recommandations ont été retenues comme prioritaires par les membres du CDS. Ce sont des recommandations aux autorités de la transition, comme le Conseil National de la Transition (CNT) et le Ministère de l’Administration du Territoire et de la décentralisation (MATD).

Aboubacar Sidiki Diakité, participant au cadre de dialogue structuré

« Au titre de la première recommandation, comme vous le savez, la Charte de la transition, en son article 8, garantit la jouissance des libertés fondamentales aux citoyens. Donc, la société civile réunie au sein du Cadre de dialogue structuré a estimé qu’il était nécessaire de faire un plaidoyer auprès des autorités de la transition pour respecter cet article-là, notamment de lever l’interdiction des manifestations. Ensuite, de garantir la jouissance de ces libertés fondamentales aux citoyens, tout en se conformant aux dispositions du Code pénal et de la Charte de la transition. La deuxième recommandation est relative au volet lié à la Constitution. Concernent les intangibilités de la transition, la Société civile réunie au sein du Cadre du dialogue structuré a estimé qu’il fallait ériger le nombre de mandats et toute autres formes d’accession au pouvoir, outre que les élections, au rang des intangibilités », a dit Aboubacar Sidiki Diakité, membre de la cellule Balai citoyen.

De son côté, Maké Fofana, membre de l’organisation Tournons La Page-Guinée, a parlé du chronogramme de la transition qui figure parmi les recommandations élaborées par les participants à ce cadre de dialogue structuré.

Maké Fofana, membre de l’organisation Tournons La Page-Guinée

« Que soit exclu du chronogramme de la transition le recensement général de la population et de l’habitat. Pour la simple raison que nous avons estimé qu’il sera difficile, voire impossible, que ce recensement soit fait dans la période de 24 mois. Mais aussi et surtout pour une question de respect de procédure de toutes les étapes, nous avons demandé qu’il soit exclu du chronogramme de la transition. Parce que nous voulons que ce fichier soit à la base d’un fichier qui sera accepté de tous. La tâche peut être donnée aux autorités qui viendront après la transition. Nous avons fait une recommandation allant dans le sens des Organisations de la Société civile, parce que nous avons estimé qu’il faut d’abord balayer devant notre porte en proposant la révision de la loi L013 pour que l’ordre soit instauré dans le fonctionnement des Organisations de la Société civile », a-t-elle indiqué.

Pour sa part, Khadija Mara, participante au cadre de dialogue structuré, a touché certains points des recommandations élaborées par les acteurs de la société civile.

Khadija Mara, participante

« Il s’agit de mettre en place l’organe technique indépendant de gestion des élections qui va recruter des experts sur la base de leur intégrité et de leurs compétences en matière électorale. Pour éviter des blocus dans le processus électoral, il est important de recruter des personnes, selon leur compétence, parce qu’on a assisté à beaucoup de blocus. C’est aussi d’autoriser les candidatures indépendantes aux élections communales, législatives et présidentielles. Mais, réserver l’élection des députés sur la liste nationale aux partis politiques légalement constitués. Et, ensuite encourager l’inclusion, l’autonomisation des femmes sur le genre et les personnes vivant avec un handicap », a-t-elle dit.

 

Depuis octobre dernier, les représentants de la société civile ont été formés sur le rôle de la société civile dans un régime démocratique, la réforme du code électoral et l’inscription des électeurs, l’observation électorale et le financement des campagnes électorales, la prévention des violences électorales, l’inclusion sociale et l’égalité de genre (entre autres). Ils ont acquis des compétences très pratiques et applicables à leur réalité de travail quotidien. Les formateurs nationaux et internationaux ont été mobilisés par l’Union européenne. Et, au cours de la cérémonie de clôture de la première phase de ce cadre de dialogue structuré (CDS), des satisfécits ont été remis aux participants pour leur promptitude aux travaux dudit cadre. Et, en retour, ces derniers ont offert des cadeaux aux autorités de l’ambassade de l’Union européenne en Guinée.

Ansou Baïlo Baldé pour Guineematin.com

Tél. : 622 56 11 82

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