Exportation de minerais bruts par la Guinée : « c’est un crime économique », alerte Mamadou Baadiko

Mamadou Baadiko Bah, président de l'UFD

Scandale géologique par excellence, la Guinée a exporté plus de 80 millions de tonnes de bauxite en 2020 (faisant du pays le deuxième exportateur de bauxite au monde, après l’Australie). Plusieurs Compagnies minières qui exploitent la bauxite actuellement dans le pays s’étaient engagées à construire des usines d’alumine et d’aluminium pour la transformation de ce minerai sur place. Malheureusement, ces engagements n’ont jusque-là pas été honorés.

Récemment, le président de la Transition, Colonel Mamadi Doumbouya, a sommé ces Compagnies à respecter leurs engagements à construire des usines. Mais, jusque-là, il n’en a rien été. Et, la Guinée continue à drainer d’importantes quantités de terre rouge vers l’extérieur. Cette énorme exportation de bauxite brute est critiquée dans le pays.

Pour Mamadou Baadiko Bah, ancien député guinéen et président de l’UFD, ce bradage des minerais de la Guinée est un « crime économique » contre les générations futures de guinéens.

« Ceux qui évacuent nos minerais bruts vers chez eux pour les transformer doivent installer ici en Guinée, des raffineries de pétrole et des industries métallurgiques. Toute politique contraire constituerait un crime économique que les générations futures ne nous le pardonneront pas… La seule politique acceptable en ce domaine de la part du gouvernement de Transition est celle qui consiste à résister courageusement aux pressions de toutes sortes et à geler indéfiniment toute délivrance de nouveaux permis de recherche et d’exploitation minière. Au contraire, nous devons plutôt travailler durement à contraindre les exploitations existantes à respecter scrupuleusement et intégralement tout leur cahier des charges et les lois guinéennes du travail, du droit fiscal et de protection de l’environnement », a-t-il alerté dans une déclaration vendredi dernier.

En juin 2021, Cellou Dalein Diallo, ancien Premier guinéen et président de l’UFDG, avait également alerté sur les pertes d’emplois et de la valeur ajoutée que l’exportation de la bauxite brute engendre chez les jeunes et sur l’économie de la Guinée.

« En renonçant à cette transformation sur place de notre bauxite, le gouvernement guinéen prive notre jeunesse de dizaines de milliers d’emplois et notre économie de la majeure partie de la valeur ajoutée qu’on aurait pu tirer de l’exploitation de notre bauxite… En transformant sur place les 80 millions de tonnes que nous exportons actuellement, on aurait créé 170 000 emplois directs et indirects pour la jeunesse guinéenne. Même si on ne transformait que la moitié de nos exportations brutes, on n’aurait généré 85 000 emplois. Ce qui est loin d’être négligeable dans le contexte de chômage endémique auquel notre pays est confronté. L’exploitation minière industrielle ne contribue actuellement qu’à environ 6, 5% de l’emploi formel alors qu’elle représente 22 du PIB et 80% des exportations », avait indiqué Cellou Dalein Diallo.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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