Affaire Rémy Lamah à la CRIEF : « il n’y a pas eu d’attribution définitive du marché »

Comme annoncé précédemment, les auditions des témoins dans le dossier l’Etat guinéen et la société ZMC SA contre l’ancien Ministre de la Santé, le Médecin Général Remy Lamah, et la société SOGUIMAP SARL, représentée par sa gérante, Mme Rash Kolié (jugés pour des faits présumés de corruption dans la passation, l’exécution et le contrôle des marchés publics et complicité), se sont poursuivies à la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). Et, c’est Ibrahima Traoré, personne responsable des marchés publics au ministère de la Santé à l’époque des faits, qui a continué sa déposition ce jeudi, 02 mars 2023. Ce témoin a finalement reconnu qu’il n’y a pas eu d’attribution définitive du marché en question, rapporte l’équipe de Guineematin.com qui a couvert le procès.

Cité comme témoin dans cette affaire, durant plus de 2 heures, Ibrahima Traoré a répondu aux questions des avocats de la partie civile devant la CRIEF. Face à l’insistance des avocats de cette partie au procès, il a admis qu’il y a eu « attribution provisoire, mais il n’y a pas eu d’attribution définitive du marché ».

Face à cet aveu, Me Amadou Baben Camara, avocat de l’État dans cette affaire, entend faire les diligences nécessaires pour que ce témoin soit cité à comparaître comme prévenu.

Me Amadou Baben Camara, avocat de l’État

« M. Traoré avait un courrier à l’ARMP pour dire que la procédure de passation de marché public de la SOGUIMAP est irrégulière et aujourd’hui dans la salle, il s’est évertué à ne pas reconnaître cela. Ce qui est vraiment ahurissant. Donc, nous pouvons tirer comme leçon que le témoin n’est pas en train de dire la vérité. Mais, finalement, (…) il a fait savoir qu’il n’y a pas eu de procès-verbal d’attribution définitive, ce qui voudrait dire que ce marché ne devrait pas être exécuté. Contrairement à ce qui a été fait, l’État a payé plus de 102 000 000 000 de francs guinéens, alors que le marché n’était pas définitivement attribué à la société SOGUIMAP. Donc, nous allons en tirer toutes les conséquences, et nous entendons poursuivre ce témoin, le citer à comparaître personnellement en tant que prévenu et non pas en tant que témoin dans les jours à venir. Ce sera une autre procédure, quand nous allons l’engager. Après, nous allons solliciter une jonction de procédure pour que les deux affaires soient jugées par le même juge. Il a travaillé avec M. Rémy Lamah, il a dit que c’est son patron. Donc, en voulant défendre M. Rémy Lamah, il se défend lui-même. Parce que lui-même est impliqué dans la passation de ce marché public frauduleux », a-t-il indiqué.

De son côté, Me Moussa Diallo, avocat de la défense, regrette la lenteur dans cette affaire et dit observer le passage du témoin devant la Cour.

Me Moussa Diallo, avocat de la défense

« Nous avions juste été dans le souhait que les choses aillent beaucoup plus rapidement que ça. Parce que vous n’êtes pas sans savoir que depuis juillet, je crois que cette procédure traîne ici. Et, on a espéré qu’avec les témoins qui ne sont tout de même pas des prévenus, les choses auraient été beaucoup plus rapides que cela. Donc, pour l’instant, nous observons avec intérêt et attention la déposition de M. Traoré », a-t-il fait savoir.

Finalement, le dossier a été renvoyé au 09 mars prochain pour la suite des auditions des témoins.

Mamadou Yahya Petel Diallo, Mamadou Laafa Sow et Thierno Hamidou Barry pour Guineematin.com

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