Interdiction d’exportation de produits alimentaires : « si on ne les exporte pas, ça peut se gâter… », se plaignent des vendeuses

La décision du gouvernement d’interdire l’exportation de certains produits alimentaires pour les 3 prochains mois n’est pas bien accueillie par les acteurs concernés à Conakry. Dans plusieurs marchés de la capitale, des vendeuses et exportatrices de fonio, maïs, d’oignons et autres denrées vivent entre inquiétude et déception. Beaucoup d’entre elles, interrogées à ce sujet ce vendredi, 3 mars 2023, par un reporter de Guineematin.com, ne sont pas contre l’initiative mais dénoncent le caractère unilatéral de la mesure.

Notre constat a commencé par le marché de Koloma 2, dans la commune de Ratoma, où Aïssatou Diallo, vendeuse de céréales, étale ses produits. Cette mère de famille salue l’initiative du gouvernement mais déplore la procédure adoptée.

Aissatou Diallo, vendeuse de céréales au marché de Koloma

« Si vous regardez, c’est difficile un peu. Si les aliments comme les céréales (Fonio, maïs, riz, pomme de terre) sont exportés, ça peut fatiguer le pays. Mais avant d’interdire son exportation, il faut la bonne manière. Le gouvernement vient d’interdire l’exportation de ces produits alors que nous avons déjà fini d’acheter nos produits qui sont déjà stockés. Et si on ne l’exporte pas, ça peut se gâter. Ça, c’est une vérité. Les gens ne savaient pas que le gouvernement allait prendre cette décision subite. Nous demandons aux autorités de nous permettre d’exporter les produits qui sont déjà achetés. Parce que si ça reste, les guinéens ne vont pas l’acheter. Si on finit de revendre ces stocks, on pourrait voir entre nous en Guinée ici comment est-ce qu’il faut fixer le prix de ces céréales. Mais comme ça, c’est difficile pour nous. Ceux qui ont déjà investi leur argent vont perdre. Ce que je demande aux commerçants guinéens, les aliments qui sont produits chez nous ici, c’est de ne pas les vendre chers. Parce que si c’est trop cher, ça va rester et les gens ne vont pas l’acheter et ça va se gâter », a dit Aissatou Diallo.

De son côté Oumou Diallo, également rencontrée au marché de Koloma, se sent consternée par cette décision du gouvernement. Elle dit également avoir investi une importante somme d’argent dans les produits concernés par le communiqué. Chose qu’elle n’a pas manqué de déplorer.

Oumou Diallo, vendeuse de céréales au marché de Koloma

« C’est une bonne chose que le gouvernement ait pris cette décision d’interdire l’exportation de nos produits. Parce que si le produit ne va pas ailleurs, on peut avoir à manger facilement, petit-à-petit. Mais la manière a manqué. Parce qu’on a été surpris par ce communiqué. Parce que les guinéens n’achètent pas ces produits à cause de son prix. Donc, c’est pourquoi nous, nous préférons envoyer ailleurs pour ne pas qu’ils pourrissent. Le gouvernement devait avertir les gens avant d’interdire l’exportation pour que ceux qui ont acheté les sacs de céréales puissent prendre des dispositions pour récupérer leur argent. Parfois, il y a certains produits qui viennent même du Mali. Par exemple le maïs et le haricot viennent du Mali. Le gouvernement peut interdire mais ils ont surpris tout le monde. Je demande qu’on donne du temps aux commerçants pour qu’ils récupèrent leur argent pour éviter la perte. C’est ce que je peux demander au gouvernement », a-t-elle lancé.

Comme les commerçantes du marché de Koloma, plusieurs autres des marchés de la Tannerie et d’ENTAG, dans la commune de Matoto, ont déploré le communiqué du gouvernement.

Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com 

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