Projets de développement minier : les communautés impactées plaident pour l’adoption du référentiel

C’est un cri de cœur des communautés impactées par les projets de développement à travers la Guinée qui se retrouvent à Conakry. Ces citoyens qui ont leurs installations touchées dans plusieurs villes de l’intérieur du pays par les exploitations minières et autres projets de développement demandent aux autorités de faciliter l’adoption du document référentiel qui doit régler ce phénomène entre eux et les entreprises évoluant sur leurs terres. Ils sont venus d’un peu partout à travers la Guinée pour se retrouver à Conakry pour se faire entendre. Hier, vendredi 3 mars 2023, ces leaders communautaires ont convié la presse pour exposer leur problème et faire un plaidoyer à l’endroit des autorités, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Venu de la sous-préfecture de Kintinian (dans la préfecture de Siguiri), Yacouba Camara, leader communautaire explique les difficultés auxquelles les communautés de sa localité sont confrontées à cause des différents projets de développement engagés dans leur zone.

Yacouba Camara, leader communautaire à Kintigna, préfecture de Siguiri

« Les calvaires qu’on traverse sur le plan de la compensation, c’est surtout la matrice de compensation. Parce que nous avons beaucoup de problèmes sur le terrain en ce qui concerne les consultations, et surtout ce qui est lié à l’argent, les communautés nous fatiguent par rapport à ça. Même moi, personnellement, j’ai été victime. L’entreprise qui est la SAG (AngloGold Ashanti de Siguiri) est partie dégager une partie de mon jardin sans compensation. Ils m’ont dit de déposer la plainte et je l’ai déposée. Mais, jusqu’à présent cette plainte n’est pas examinée et cela depuis plus d’un mois maintenant. On n’a pas eu de résultats. Donc, c’est quelque chose à laquelle les communautés sont confrontées. Ce que je vais ajouter, c’est de dire que même si le document est adopté, il faudrait qu’il y ait un suivi permanent et régulier de la part de l’Etat. Parce que s’il n’y a pas de suivi, ça ne serait pas bon », a-t-il exprimé.

Un document appelé le « référentiel » est élaboré depuis 2017 entre l’Etat guinéen et les acteurs impliqués dans la gestion des communautés impactées par les projets de développement dans toutes ses formes. Ce document qui doit servir de base juridique pour régler les conflits dans ce sens a été corrigé et déposé auprès des décideurs en 2022. Yacouba Camara assure que les communautés sont en train de souffrir aujourd’hui du fait de la non-adoption de ce document.

Yacouba Camara, leader communautaire à Kintigna, préfecture de Siguiri

« L’objectif de ma présence ici, c’est de parler du référentiel. Parce que c’est un document auquel j’ai participé à beaucoup de réunions. Personnellement, le ministère m’a invité à beaucoup de réunions, mais je ne sais pas pourquoi jusqu’à présent le document n’est as adopté… Même au mois de septembre, j’ai été invité. Eux-mêmes ils m’envoient des courriers officiels d’invitation. Le référentiel parle essentiellement sur la compensation des communautés impactées par les projets de développement. Ce n’est pas seulement les mines, mais tous les projets de développement. Donc, ce que je dirais au gouvernement, c’est de voir comment adopter ce document, parce que les communautés sont assoiffées de voir ce document adopté. Ça viendra vraiment régler les différends qui se passent entre les communautés et les entreprises. Je crois que c’est en 2022 que le dernier référentiel a été déposé pour être adopté. Toutes les corrections ont été effectuées », a dit ce leader communautaire.

Pour Ansoumane Camara Ziko, leader communautaire auprès d’une société minière à Damaro (dans la préfecture Kérouané), de nombreux citoyens sont aujourd’hui touchés par les impacts des projets de développement et miniers dans sa préfecture.

Ansoumane Camara Ziko, leader communautaire basé à Damaro, préfecture de Kérouané

« L’adoption du référentiel va apporter gros dans la vie de la communauté. Nous venons de commencer, il y a de cela 2 ans, à vivre avec la société « wining consortium simandou ». Donc, la communauté ne vit que par la terre, parce qu’ils sont essentiellement agropastoraux. Donc, ce sont les terres de l’agriculture, des champs de pâturages qui sont retirés et il n’y a aucune base juridique qui peut orienter les communautés à calculer ce qu’elles doivent avoir dans ces parcelles. Donc, c’est pourquoi on a besoin d’une base juridique reconnue au niveau national par la société, par le gouvernement et par nous les communautés pour qu’on puisse recadrer et mettre la pression pour atteindre le maximum au profit des communautés. Il y en a aujourd’hui plusieurs membres des communautés qui sont dépossédés de leurs terres, il y a de cela plus de 3, 4, 5 mois sans aucune réaction et sans compensation et les communautés ne peuvent pas accéder à ces terres-là, alors qu’elles n’ont rien eu, et chaque année elles cultivaient sur les parcelles-là. Maintenant, il n’y a plus de culture et aujourd’hui ce n’est pas compensé, parce qu’il n’y a pas de droit pour nous sur lequel on peut se baser pour mettre la pression sur l’entreprise pour qu’on puisse procéder à la compensation idoine », a-t-il déclaré.

Ansou Baïlo Baldé pour Guineematin.com

Tél. : 622 56 11 82

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