L’école primaire de Gbouo, située dans la sous-préfecture, relevant de la préfecture de N’zérékoré, a été créée en 1958. Une initiative de Gbouo-Nyangha et de plusieurs autres de ses compagnons du canton de Gouan, actuelle sous-préfecture de Soulouta. 65 ans, Pépé Victor Sagno, premier directeur de ladite école, et le patriarche de Gbouo, Zéboulou Loua, un des initiateurs du projet, ont accepté de raconter la genèse de cette école qui a formé plusieurs cadres. Ils ont été interrogés par le correspondant de Guineematin.com basé dans la préfecture.
A cette époque, dans le canton de Gouan, c’est seulement les enfants dont les parents ou proches étaient chef de villages ou prêtres avaient la chance d’aller à l’école. C’est ainsi que les laisser pour compte ont pris l’initiative, en 1958, de créer une école située au centre de la contrée qui regroupait les élèves des villages de Soulouta, Kola, Gbouo, Souhoulé, Gouh et Youwa. Cette nouvelle école (EP/Gbouo) avait pour effectif 82 élèves, dont 3 filles, répartis entre deux moniteurs.
C’est ce qu’a expliqué le doyen Zéboulou Loua, patriarche de Gbouo. « L’école là, premièrement, quand Tôloo de son vivant où il y avait une école, c’était Kpaghalaye. Moi, j’ai fait un mois dans cette école mais c’est la maladie qui m’a empêché de continuer les études. Après avoir recouvré ma santé, il n’y avait personne pour m’accompagner pour poursuivre mes études. A l’époque, pour étudier dans cette école, il fallait que ton père soit chef de district ou un prêtre. Ils nous ont inscrits au compte du chef-lieu du canton à Kéoulenta. Après, on a fait une réflexion large pour dire que si on ne prend pas des dispositions pour créer une école à Gbouo, on n’aura pas des intellectuels ou cadres à l’avenir. C’est ainsi que le vieux PE-Lo-Nèma a fait un petit tableau chez lui pour apprendre à ses enfants et à ses neveux à lire et à écrire. On a compris que cette initiative est très bonne. Nous avons décidé de transformer ça en école dans la contrée. Nous sommes venus enlever les arbres pour construire la première école primaire dans la contrée en hangar, mais celui qui était le premier enseignant s’appelait Pépé Victor Sagno et Gadey. Un an après, il y a un enfant de Womey qui est venu renforcer l’équipe et Victor a été désigné pour diriger l’équipe jusqu’à la prise en charge de notre école par l’Etat en 1961 », a raconté le doyen Zéboulou Loua, patriarche de Gbouo.
Interrogé, Pépé Victor Sagno, premier directeur de l’école primaire de Gbouo, a raconté la genèse de cette école. « Ces hommes-là étaient animés de bonnes initiatives. C’est ainsi qu’ils ont fait appel à la sagesse de tout le canton. Dans la contrée, il n’y avait que Kéoulenta qui était le chef-lieu du canton et Kpagalaye qui avaient une école. Ce sont les deux villages qui disposaient dans la contrée d’une école. Donc, ceux-là de Soulouta, Kola, Gbouo, Souhoulé, Gouh et même Youwa, se sont retrouvés sous l’initiative de Gbouo-Nyangha et de ses hommes pour les regrouper, les faire asseoir en conférence afin de décider où il fallait construire l’école de la contrée. Et comme déjà Gbouo était le centre de la contrée, alors on a décidé ensemble de construire ici une école. Ça a trouvé déjà que j’étais là et aussi il y avait le frère Gadey Sagno. Donc on nous a choisis à deux pour pouvoir conduire les enfants de la contrée. Et à faire un recrutement. Donc, les habitants se sont occupés de construire ou de bâtir une école sous forme de hangar en paille. C’est juste là-où se trouve le mât, c’est là-où le hangar a été construit en deux parties. Donc, les deux parties on a baptisé CP1 A et CP1 B. Maintenant, entre nous deux, c’est-à-dire le frère Gadey Sagno et moi Victor Sagno, les gens ont analysé et compris que j’étais un peu plus mûr en éducation que mon frère. Donc, ils m’ont confié la responsabilité de diriger l’école, d’être le premier directeur de cette école. Et ça, c’était en 1958 à l’ouverture d’octobre 1958-59. Donc, c’est comme ça qu’on a procédé au recrutement. Ainsi, à l’ouverture, personnellement j’avais dans ma classe comme effectif 49 élèves dont 2 filles. Et le CP1 B du frère Gadey Sagno avait pour effectif 33 élèves dont une fille. Donc, le frère Gadey Sagno dès 1959, il nous a quittés pour aller se former lui aussi à Bamako, en République du Mali. C’est ainsi qu’il est revenu en mécanographe maintenant. Alors à son départ, on a procédé au recrutement d’un frère, Emmanuel Haba. Donc, c’est Emmanuel qui est resté avec moi de 1959 jusqu’à 1961. Et c’est à l’ouverture de 1961-1962 que l’État a envoyé un premier directeur officiel, appelé Alpha Amadou Diallo. Mais de 1958 jusqu’à 1961, nous étions à la charge de la population, c’est-à-dire les parents d’élèves. Moi en 1962, j’ai été affecté en ville à N’Zérékoré et puisqu’il y avait déjà le nouveau directeur, alors ça n’a pas posé de problème. Je suis donc parti en laissant l’école dans les mains de M. Alpha Amadou et Emmanuel. Et c’est quelque temps après Emmanuel aussi a intégré la fonction publique et il a été envoyé dans une autre école. Voilà comment nous avons œuvré pour cette école. Pour dire que l’école, sa création avait pour objectif d’emmener nos enfants à s’instruire, à savoir lire, écrire et compter », a-t-il souligné.
Pour terminer, Pepe Victor Sagno souhaite la construction d’un collège et même d’un lycée pour éviter aux apprenants de parcourir de longues distances. « Nos enfants traversent des difficultés pour aller au collège. Quand je vois quelqu’un quitter Souhoulé à pied pour aller à Soulouta le matin, et il faut qu’il soit à Soulouta à 8 heure ; c’est quelque chose de faisable, mais très difficile. Il faut que nous cherchions à améliorer leurs conditions en soutenant cette école et pourquoi pas en développant cette école à savoir la transformer ou alors bâtir à côté là un collègue et pourquoi pas un lycée ».
A noter que l’école primaire de Gbouo 1 a été baptisée, en marge des festivités de la fête des retrouvailles des filles et fils ressortissants de Gbouo à l’étranger en 2022, du nom du premier directeur M. Pépé Victor Sagno. Quant à l’école primaire Gbouo 2, elle est baptisée au nom de l’ancien commissaire spécial des frontières de Diécké, feu Emmanuel Domo Loua, décédé en février 2021 par suite de maladie.
De N’Zérékoré, Foromo Gbouo Lamah pour Guineematin.com
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