Cancer du foie en Guinée : « 80 à 85% des patients qu’on reçoit ici décèdent », (Dr Mamadou Bobo Souaré, CHU Donka)

Le cancer du foie est une affection maligne qui se développe à partir des tissus du foie. Cette pathologie est souvent évitable, dans le sens où elle se développe habituellement sur le foie déjà fragilisé par une exposition à des facteurs de risques connus. L’alcool et les hépatites virales constituent ces facteurs qui favorisent le développement du cancer du foie. Le meilleur moyen de s’en préserver demeure d’éviter autant que possible ses facteurs de risque majeurs. Pour parler de cette maladie, un reporter de Guineematin.com a donné la parole hier, jeudi 09 mars 2023, à Dr Mamadou Bobo Souaré, médecin cancérologue, en service à la cancérologie de l’hôpital Donka.

D’entrée, le médecin a défini ce qu’on entend par cancer du foie et les signes annonciateurs. « Le cancer du foie, c’est le développement anormal de certaines cellules du foie qui se transforment en cellules cancéreuses et qui chronicisent le foie. C’est ce qu’on appelle le cancer du foie. Il faut savoir qu’il n’y a pas de signes spécifiques par rapport à cette maladie. Ce qui fait qu’elle évolue longtemps à bas bruit, mais il y a des signes qui peuvent interpeller la personne. Par exemple, il peut y avoir un amaigrissement important, des nausées, des vomissements parfois, une fatigue intense et parfois on peut avoir des douleurs également au niveau du côté droit du ventre. On peut aussi sentir une masse au niveau du même côté ; ça, ce sont des signes prémonitoires. Maintenant, quand la maladie est avancée, il y a des signes qui peuvent apparaître comme le ballonnement du ventre, les yeux qui deviennent jaunes, les paumes qui deviennent jaunes également, les urines et d’autres signes qui peuvent accompagner ça », a-t-il expliqué.

Pour diagnostiquer le cancer du foie, il y a une longue chaîne à suivre allant du prélèvement du sang jusqu’à l’échographie. Le Dr Mamadou Bobo Souaré a déclaré que le cancer du foie a un cycle très compliqué quand il est développé chez l’homme dans sa phase diagnostic et traitement. « Le cycle du cancer du foie est très compliqué dans notre contexte, parce que le plus souvent, ce sont des maladies qui viennent souvent à une phase très avancée. Ce qui ne permet pas de faire l’élément clé qui est la « biopsie’’. Il s’agit de faire des prélèvements au niveau du foie à travers une aiguille fine qu’on envoie au niveau du foie, une aiguille écho-guidée qui permet de repérer où il y a la maladie, prélever les cellules dedans et les analyser. Ce qui confirmera le diagnostic. Il y a d’autres examens d’imagerie également qui accompagnent l’échographie et le bilan sanguin. En ce qui concerne le traitement de la maladie, il est difficile dans notre contexte, comme je l’ai dit tantôt, les maladies du cancer du foie viennent à des stades très avancés, le traitement devient assez compliqué à ce stade, surtout s’il s’agit d’un cancer primitif ou secondaire du foie, mais le traitement dépend de ces deux aspects. Si c’est un cancer primitif du foie qui a commencé au niveau du foie, le traitement, si la maladie est localisée au niveau d’un seul lot, on peut faire la chirurgie, on opère et on enlève la partie malade du foie. Si c’est localisé et que le volume n’est pas important ou alors si le volume est important, on enlève une grande partie du foie, puis on fait une greffe du foie. Ce qui n’est pas possible chez nous actuellement. Donc, le traitement du foie dans notre contexte, on est très limité », a-t-il confié.

Les jeunes sont généralement les plus touchés par le cancer du foie, selon notre interlocuteur. Mais qu’est-ce qui explique cet état de fait ? Dr Mamadou Bobo Souaré assure que la consommation excessive de l’alcool par les jeunes est la raison fondamentale de cette catégorisation. « Généralement, c’est le jeune âge. Dans notre service, nous recevons plus de jeunes hommes et de jeunes femmes qui sont atteints de cette maladie liée au cancer du foie. Il faut comprendre aussi que ça s’explique aussi par le fait que ce sont ces personnes qui sont plus confrontées aux facteurs de risque de cette maladie, à savoir notamment la consommation excessive d’alcool qui entraîne ou qui favorise la cirrhose du foie et également le virus des hépatites B et hépatites C qui sont à l’origine de ce cancer », a-t-il indiqué.

Selon ce médecin, le cancer du foie n’est pas héréditaire. Mais le manque suffisant de moyens de traitement adéquat développe les cas de mortalité chez les personnes atteintes. Mamadou Bobo Souaré dit que 85% des patients admis dans les services de cancérologie décèdent du cancer du foie. « Ce n’est pas une maladie héréditaire, mais certains facteurs de risque sont contagieux, comme les hépatites. La mortalité du cancer du foie est très élevée chez nous, parce que, comme je l’ai dit tantôt, les moyens de traitement et le transfert sont limités. Puisque le malade est venu au stade tardif, donc, ce qui complique un peu les choses. Pratiquement, tous les patients qu’on reçoit, 80 à 85 % décèdent », a-t-il laissé entendre.

Pour prévenir le cancer du foie, le Dr Mamadou Bobo Souaré a prodigué des conseils aux populations. « On peut bien prévenir le cancer du foie en limitant la consommation d’alcool. Si on ne peut pas arrêter définitivement, on peut limiter. On peut aussi se faire vacciner contre l’hépatite B et se protéger de l’hépatite C en adoptant certaines mesures. On peut également pratiquer des activités physiques régulièrement, consommer des fruits et des légumes, boire suffisamment d’eau, cela protège contre le cancer du foie. C’est aussi d’encourager la population à se faire dépister de l’hépatite B et surtout de limiter la consommation d’alcool et prendre le vaccin contre l’hépatite B », a-t-il conseillé.

Ansou Baïlo Baldé pour Guineematin.com

Tel : 622 56 11 82

Facebook Comments Box