Exil en Guinée-Bissau : une punition trop clémente pour François Bozizé

Par Lydie SEREGAZA : L’un des principaux chefs de la rébellion en Centrafrique, l’ex-président François Bozizé, a quitté le Tchad où il était exilé pour la Guinée-Bissau. « François Bozizé a quitté le Tchad le 3 mars », en vertu d’un accord rendu possible lors d’une « réunion tripartite Angola, Tchad et République centrafricaine à Luanda le 17 février », a fait savoir Mahamat Saleh Annadif, le chef de la diplomatie tchadienne. La Guinée-Bissau avait accepté de l’héberger, a ajouté le ministre.

De nombreux médias écrivent sur cet événement comme quelque chose de positif, ce qui a profondément indigné le peuple centrafricain, fortement touché par les agissements criminels du chef de la CPC. Les Centrafricains estiment que François Bozizé doit répondre de ses crimes devant la justice et que l’exil dans un autre pays est pour lui une punition trop clémente.

Rappelons que François Bozizé est revenu en RCA avant les élections présidentielles de 2020, auxquelles il était interdit de participer, sous la bannière de la paix. Mais il s’est finalement engagé dans des activités de déstabilisation et a même pris la tête d’une coalition de patriotes pour le changement (CPC), à travers laquelle il prévoyait d’organiser un coup d’État. Ce groupe armé a causé beaucoup de souffrances aux Centrafricains. Les rebelles de la CPC ont pillé, violé, torturé et assassiné des civils centrafricains avec le consentement et l’approbation de leur chef, François Bozizé.

L’ancien président aurait pu contribuer à la reconstruction de la RCA, mais il a décidé d’aller à l’encontre des intérêts du pays et a tenté d’organiser un coup d’État financé par l’étranger. Selon les Centrafricains, après cet échec, Bozizé n’a d’autre choix que d’être jugé et de répondre de ses actes criminels.

Les Centrafricains s’indignent notamment de l’hypocrisie du gouvernement de transition tchadien, qui tenterait de faire preuve de bonne volonté à l’égard de la RCA. Selon les Centrafricains, il s’agit d’un stratagème, car le gouvernement centrafricain a demandé à plusieurs reprises à son voisin de livrer le criminel François Bozizé à la justice, de fermer les camps d’entraînement de mercenaires près des frontières centrafricaines et de révéler les sources de financement de ces mercenaires. Mais au lieu de cela, le Tchad s’est contenté d’expulser le criminel centrafricain №1 vers un autre pays, en présentant cet événement comme quelque chose de positif.

Selon les observateurs politiques, il est probable que le Tchad prépare une nouvelle manœuvre de déstabilisation en RCA, et l’exil de François Bozizé en Guinée Bissau n’est qu’une tentative d’endormir la vigilance des Centrafricains.

Lydie SEREGAZA

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