Industries extractives : des jeunes et femmes à l’école des fondamentaux du changement climatique et de la transition énergétique

L’Association guinéenne pour la transparence (AGT) a organisé un atelier de formation sur les fondamentaux du changement climatique et de la transition énergétique en lien avec les industries extractives ce vendredi, 17 mars 2023, dans un réceptif hôtelier de Conakry. La démarche vise à renforcer la compréhension des femmes et des jeunes sur les enjeux géostratégiques liés à l’exploitation des minéraux de transition en faisant une analyse des perspectives et des dimensions du genre dans la transition énergétique en Guinée. L’atelier est organisé grâce à un appui technique et financier de l’ONG Publiez Ce Que Vous Payez (PCQVP) a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

La Guinée dispose de beaucoup de richesses minières dont elle tire des recettes estimées à 30,57% dans le budget national, selon le rapport de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) 2018. Mais cette exploitation minière a des conséquences sociales et environnementales. C’est dans ce cadre que l’AGT a tenu cet atelier pour permettre aux 30 participants, dont 70% de femmes, de comprendre les enjeux liés à l’exploitation minière.

Oumar Kana Diallo, président de l’AGT

Oumar Kana Diallo, président de l’Association guinéenne pour la transparence (AGT), explique qu’il est important d’accompagner les couches vulnérables pour leur permettre de s’approprier le thème de la transition énergétique. « Cette initiative est due au fait que nous avons fait des observations par rapport à l’exploitation de nos ressources minières, par rapport aussi à un thème d’actualité, central dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique. C’est-à-dire le thème de la transition énergétique. À l’Association guinéenne pour la transparence, dans notre rôle de veille, nous avons estimé qu’il est important d’accompagner les couches vulnérables, les jeunes et les femmes surtout, à s’approprier ce thème d’actualité tant important pour que le pays ne soit pas en reste, pour que les préoccupations de ces femmes-là et des jeunes soient prises en compte au niveau de la lutte contre le réchauffement climatique et de la transition énergétique, sans occulter que nous vivons dans un pays minier et que nous disposons vraiment de minerais de transition. Et depuis que nous avons appris que l’État a fait une contractualisation avec des entreprises minières par rapport à l’exploitation de ces minerais de transition, nous avons estimé qu’il est important de préparer les couches vulnérables à s’approprier ce thème pour qu’elles puissent prendre les dispositions nécessaires pour minimiser les conséquences de l’exploitation et aller vers la transition énergétique », a-t-il indiqué.

Par ailleurs, Mamadou Kana Diallo a fait savoir qu’il s’attend principalement à deux résultats à l’issue de cet atelier. « Nous nous attendons à ce qu’on ait un groupe de femmes autour desquelles nous pouvons maintenant bâtir une stratégie pour élargir ces connaissances et compétences à d’autres jeunes, c’est le premier résultat. Le deuxième résultat, c’est d’accompagner l’État dans sa politique pour aller vers la transition énergétique. Et aussi perpétuer des connaissances et des compétences que nous avons acquises à l’extérieur du pays par rapport à ce thème au niveau de nos organisations sœurs et les organisations membres de la coalition Publiez ce que vous payez », a ajouté le président de l’Association guinéenne pour la transparence.

Dr Alpha Abdoulaye Diallo, conseiller national de la transition (CNT)

Membre de la commission des affaires économiques et développement durable au Conseil National de la Transition (CNT), Dr Alpha Abdoulaye Diallo, a félicité et encouragé l’AGT pour le choix de cette thématique. En outre, il estime que cet atelier apporte des informations utiles aux femmes et aux jeunes. « Nous sommes venus pour accompagner, encourager et féliciter l’AGT et ses partenaires pour avoir véritablement lancé cette thématique dans le cadre de la transition énergétique. Vous savez qu’aujourd’hui, le monde est dans une révolution énergétique. Le monde veut vraiment passer des énergies fossiles aux énergies renouvelables. Et là, la Guinée est dans un carrefour stratégique parce que nous disposons de minerais critiques, de minerais de transition qu’on appelle le graphite. Le graphite contribue à plus de 400% dans le matériel des énergies renouvelables. Donc, il est important que la société civile engage une démarche inclusive pour prendre non seulement en compte les femmes mais aussi les jeunes dans le cadre de la transition énergétique. Il est important également que la société civile accompagne l’État dans l’élaboration des stratégies et politiques pour l’implication de toutes les couches de la nation (femmes, jeunes, personnes vivant avec handicap). Cet atelier vient donner des informations utiles aux femmes et aux jeunes mais aussi développer avec eux des stratégies pour accompagner l’État dans sa politique pour mieux renforcer la transition énergétique dans notre pays », a-t-il laissé entendre.

Hadja Aïcha Barry, membre CA PCQVP-Guinée

De son côté, Hadja Aïcha Barry, membre du Conseil d’Administration de la coalition Publiez ce que vous payez et facilitatrice lors de l’atelier, est revenue en détails sur les deux thèmes qu’elle va présenter. « Le premier thème, Genre et industries extractives, c’est pour amener les femmes à s’impliquer plus dans la gestion du secteur minier. Parce que la Guinée est un pays minier, et il faut que les ressources issues de ces mines profitent à égalité aux hommes et aux femmes. Parce qu’en plus, les femmes sont plus impactées, elles ont moins à gagner dans ce processus d’extraction minière. Elles perdent leurs terres, leurs moyens de subsistance et dans ces zones généralement, il y a beaucoup de violences basées sur le genre. Le deuxième thème, c’est le changement climatique en lien avec la transition énergétique. Là également, on s’est dit que le changement climatique affecte plus les femmes que les hommes parce généralement, quand il y a sécheresse, ce sont les femmes qui ont la lourde charge d’aller à la recherche des bœufs. Elles font le ramassage du bois de chauffe, et généralement, c’est elles qui nourrissent les familles. Quand ces pertes de subsistance sont là, elles sont plus affectées (…). Donc il faut nécessairement faire comprendre aux femmes les enjeux liés au changement climatique afin qu’elles puissent participer à l’atténuation et à l’adaptation… ».

Bintou Kouyaté, présidente de l’ONG Appui à la promotion du développement intégré

Pour sa part, Bintou Kouyaté, présidente de l’ONG Appui à la promotion du développement intégré, se réjouit de la tenue de cet atelier qui va lui permettre de mieux comprendre les thématiques développées. « Ça me fait un grand plaisir d’être là, mais aussi c’est un honneur d’être choisie par les éminents participants. Je sais que cet atelier est un atelier qui va quand même m’aider à avoir davantage la compréhension sur le thème qui va être développé (…). Pour qui connaît naturellement l’élan que la Guinée a pris dans la déforestation, dans la destruction de nos forêts et de notre environnement. Aujourd’hui quand vous sortez à 11 heures, difficilement vous respirez. Tout ça, ce sont les prémisses sur le changement climatique, sans compter que nous avons des pollutions sonores qu’on ne ressent pas mais qui agissent sur la vie de la population. Donc, apprendre aux femmes et aux jeunes ce que c’est que les énergies renouvelables, quels sont leurs avantages surtout dans le futur, moi je pense que c’est une très bonne chose », estime-t-elle.

Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com 

Facebook Comments Box