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Construction de raffineries en Guinée : le colonel Mamadi Doumbouya n’en démord pas face aux miniers

Colonel Mamadi Doumbouya, président du CNRD, président de la Transition

Les autorités de la Transition guinéenne ne comptent visiblement pas céder aux caprices des compagnies minières sur la construction de raffineries de transformation de la bauxite et autres minerais en Guinée. En tout cas, en Conseil des ministres avant-hier, jeudi 16 mars 2023, la question a été remise sur la table. Et, le Premier ministre a instruit au ministre des Mines et de la Géologie de « préparer un rapport à l’attention du Chef de l’Etat sur les projets individuels et communs de construction des raffineries » par les sept sociétés minières concernées.

La Guinée est dotée d’immenses ressources minières. Plusieurs compagnies privées y sont installées. Mais, aucune transformation des minerais, notamment la bauxite, ne se fait sur place. L’exploitation des ressources du pays se résume à l’exportation de la matière brute. La Guinée a exporté plus de 80 millions de tonnes de bauxite en 2020 (faisant du pays le deuxième exportateur de bauxite au monde, après l’Australie).

Pourtant, plusieurs compagnies minières qui exploitent la bauxite actuellement dans ce pays s’étaient engagées à construire des usines d’alumine et d’aluminium pour la transformation de ce minerai sur place. Malheureusement, ces engagements n’ont jusque-là pas été honorés. Et, récemment, le président de la Transition, Colonel Mamadi Doumbouya, a sommé ces compagnies à respecter leurs engagements à construire des raffineries. Malheureusement, il n’en a rien été jusque-là. Et, la Guinée continue à drainer d’importantes quantités de terre rouge vers l’extérieur.

Le Chef de l’Etat guinéen tient désormais à voir clair dans cette affaire qui lui tient à cœur. Et, en Conseil des ministres avant-hier (jeudi), le Premier ministre a donné des instructions dans ce sens au ministre des Mines et de la Géologie.

« Quant au Ministre des Mines et de la Géologie, l’instruction lui a été donnée de préparer son rapport à l’attention du Chef de l’Etat, sur les projets individuels ou communs de construction des raffineries par les sociétés GAC, SMB, TBEA, SBG, SPIC, KIMBO et CDM CHINE », lit-on dans le compte rendu dudit Conseil.

L’énorme exportation de bauxite brute par la Guinée est vivement critiquée dans le pays. Mamadou Baadiko Bah, homme politique et ancien député guinéen, assimile ce bradage des minerais de la Guinée à un « crime économique » contre les générations futures de guinéens.

« Ceux qui évacuent nos minerais bruts vers chez eux pour les transformer doivent installer ici en Guinée, des raffineries de pétrole et des industries métallurgiques. Toute politique contraire constituerait un crime économique que les générations futures ne nous le pardonneront pas… La seule politique acceptable en ce domaine de la part du gouvernement de Transition est celle qui consiste à résister courageusement aux pressions de toutes sortes et à geler indéfiniment toute délivrance de nouveaux permis de recherche et d’exploitation minière. Au contraire, nous devons plutôt travailler durement à contraindre les exploitations existantes à respecter scrupuleusement et intégralement tout leur cahier des charges et les lois guinéennes du travail, du droit fiscal et de protection de l’environnement », a-t-il martelé récemment dans une déclaration.

En juin 2021, Cellou Dalein Diallo, ancien Premier guinéen et président de l’UFDG, avait également alerté sur les pertes d’emplois et de la valeur ajoutée que l’exportation de la bauxite brute engendre chez les jeunes et sur l’économie de la Guinée.

« En renonçant à cette transformation sur place de notre bauxite, le gouvernement guinéen prive notre jeunesse de dizaines de milliers d’emplois et notre économie de la majeure partie de la valeur ajoutée qu’on aurait pu tirer de l’exploitation de notre bauxite… En transformant sur place les 80 millions de tonnes que nous exportons actuellement, on aurait créé 170 000 emplois directs et indirects pour la jeunesse guinéenne. Même si on ne transformait que la moitié de nos exportations brutes, on n’aurait généré 85 000 emplois. Ce qui est loin d’être négligeable dans le contexte de chômage endémique auquel notre pays est confronté. L’exploitation minière industrielle ne contribue actuellement qu’à environ 6, 5% de l’emploi formel alors qu’elle représente 22 du PIB et 80% des exportations », avait indiqué Cellou Dalein Diallo.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

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