Passage de Louopou Lamah au CNT : Les impressions de Hamidou Camara et d’Antoine Sovogui

Louopou Lamah, ministre du Commerce, de l'industrie et des PME

Réunis en plénière au palais du peuple de Conakry hier, vendredi 17 mars 2023, les Conseillers Nationaux de la Transition ont posé plusieurs questions à Louopou Lamah, ministre du commerce, de l’industrie des petites et moyennes entreprises. Il s’agit des questions d’intérêt national allant dans le sens de rendre plus flexible le système commercial guinéen et l’atténuation de la cherté des prix des produits de première nécessité sur le marché. À cette occasion, la patronne du ministère du Commerce a répondu à plusieurs questions et inquiétudes des membres du CNT. Et à l’issue de cette rencontre, plusieurs cadres ont donné leurs impressions sur le passage de la ministre devant cet organe qui fait office de parlement pendant cette période de Transition, a constaté l’équipe de Guineematin.com qui était sur place.

Le Conseil National de la Transition a entamé une série de contrôles parlementaires ce vendredi avec les départements ministériels. Et, c’est la ministre du commerce, de l’industrie et des petites et moyennes entreprises, Louopou Lamah, qui a ouvert le bal. Elle s’est prêtée aux questions des Conseillers Nationaux afin de pointer du doigt les imperfections du système commercial guinéen.

Parmi ceux qui ont donné leurs impressions, figure Antoine Sovogui, Conseiller du président de la Transition et chargé des relations avec les institutions républicaines.

Antoine Sovogui, Conseiller du président de la Transition et chargé des relations avec les institutions républicaines

« Mon impression est très bonne… Vous êtes en train de traiter un sujet très important. L’homme est par nature un être économique. Il consomme et il produit. Mais, tout gouvernement responsable se porte à réglementer ce flux de commission et de consommation même dans les économies qu’on appelle Libérales. Le gouvernement s’implique dans ces choses parce que cela impact la vie des citoyens. Quand par exemple aux États-Unis, l’année n’a pas été très bonne dans les zones où on produit la pomme de terre, le gouvernement américain encourage l’importation de la pomme de terre du Canada. Alors, vous êtes en train de faire la même chose. Vous êtes en train d’étudier le terrain pour voir exactement comment ça se passe afin que vous, en tant que législateur, vous preniez des décisions intelligentes. Bien à propos, vous êtes en train de faire un travail qui permettra aussi aux décideurs, aux autres agents de l’économie nationale, de prendre des décisions qui sont fondées sur les faits tangibles et bien réfléchis. Pour ce faire, je vous remercie. Mon intuition est très bonne et je compte sur vous pour continuer avec les autres ministères », a-t-il dit.

De son côté, Honorable Hamidou Camara, président de la Commission du plan, des affaires financières et du contrôle budgétaire au CNT, n’a pas caché les « anomalies » qu’il a constaté.

Honorable Hamidou Camara, président de la Commission du plan, des affaires financières et du contrôle budgétaire au CNT

« Dans l’ensemble, je suis satisfait des réponses de la ministre. Parce qu’elle a envoyé des éléments de réponse très clairs et poignants. Sauf, ce que je n’ai pas du tout apprécié, c’est sa politique sectorielle. Je vois que l’essentiel des mesures est basé sur la zone de Conakry. Donc, ce n’est pas un fait qui est propre à elle seule. C’est ça aussi les tares de l’administration publique guinéenne. La plupart de nos refontes sont basées sur la capitale. C’est ça que je n’ai pas du tout apprécié… Vous savez, ils ont essayé de donner un intervalle de prix par rapport à certaines denrées de première nécessité. Donc, les Conseillers Nationaux ont fait le constat que contrairement à tout ce qui est dit dans les médias, sur le terrain, les commerçants ne respectent pas ces prix. Comme réponse, elle a dit oui qu’elle en ait consciente. Ils ont assermenté un certains agents pour contrôler et que ces agents sont déjà à Conakry. J’ai posé la question de savoir : est-ce que ces agents-là se trouvent à l’intérieur du pays ? Elle a dit : pour le moment, non. Et, vous savez, quand nous voulons lutter contre l’inflation, ce n’est pas une question d’une ville ou d’une région. La hausse ou la baisse doit être de façon générale des prix. Donc, ça doit être sur toute l’étendue du territoire national. Lorsque vous prévoyez des mesures de dissuasion à Conakry que vous ne prévoyez à l’intérieur du pays, ça pose problème. Je ne suis pas un artisan de la fixation des prix. Je suis parmi ceux qui pensent qu’il faut donner place à la concurrence. Mais, si toutefois il est question d’homologuer les prix, je crains qu’on ne soit dans la mesure du Zimbabwe. C’est à cause de l’homologation des prix qu’ils sont entrés dans l’hyper-inflation. Parce que ce qu’on n’a pas dit à la plénière, c’est que si vous fixez les prix, les producteurs finaux peuvent décider de ne pas produire. C’est-à-dire puisque ce n’est pas l’État qui produit, si vous fixez le prix d’une façon, ils peuvent décider de ne pas produire. Et s’ils ne produisent pas, naturellement c’est la quantité de la production qui baisse. Et si la production baisse et que la demande reste constante, il y aura une inflation par spéculation. Donc, à force de maintenir les prix d’une autre façon, on risque de ne plus produire et puis il y aura une inflation par la demande. Je suggère que même s’il y a des mesures de restriction par rapport aux prix, mais que la force soit donnée à la concurrence », a-t-il indiqué.

Mohamed Guéasso DORÉ et Ansou Baïlo Baldé pour Guineematin.com

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