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CRIEF : Paul Moussa Diawara, ancien DG l’OGP et Kaïn Magassouba expert-comptable en confrontation à la barre

Paul Moussa Diawara, ancien directeur général de l’Office guinéen de publicité (OGP) et Inza Bayo, ancien directeur des affaires financières DAF de la même institution, ont comparu ce mardi, 21 mars 2023, devant la chambre des appels de la CRIEF présidée par Noël Kolomou. L’affaire a été renvoyée à la date d’aujourd’hui pour la comparution de Kaïn Magassouba, expert-comptable, accusé par les prévenus d’avoir fait le rapport qui aurait mis en cause le les activités de l’OGP sous la gestion de Paul Moussa Diawara et de Inza Bayo. Et, à l’audience de ce mardi, 21 mars, Kaïn Magassouba, Paul Moussa Diawara et Inza Bayo ont tous comparu devant la chambre des appels de la CRIEF, a constaté Guineematin.com à travers son équipe de reporters.

Paul Moussa Diawara et Inza Bayo sont poursuivis devant la CRIEF par l’Etat guinéen pour des faits présumés de détournement de deniers publics et complicité portant sur 40 milliards de francs guinéens. Jugés et condamnés au tribunal de première instance de Kaloum à 5 ans de prison ferme et au paiement de 50 000 000 de francs guinéens d’amende chacun, les deux prévenus ont fait appel de cette décision devant la CRIEF pour demander à cette juridiction l’information de la décision d’instance qui les a condamnés pour les mêmes faits à reprochés.

Pour examiner cette affaire, la chambre des appels a tenu plusieurs audiences lors desquelles les parties ont exprimé leurs prétentions. Lors de la précédente audience, la Cour avait ordonné la comparution de Kaïn Magassouba, expert-comptable ayant fait le rapport définitif qui serait à l’origine des poursuites engagées contre les prévenus Paul Moussa Diawara et Inza Bayo.

Kaïn Magassouba, expert-comptable

A la barre, Kaïn Magassouba qui a audité l’OGP en 2018 a comparu en qualité de simple témoin dans la présente procédure. Dans ses explications sur les faits poursuivis devant la CRIEF, l’expert-comptable a relevé plusieurs éléments tirés du rapport d’audit qu’il a dressé sur les activités de l’OGP sous la gestion du directeur général Paul Moussa Diawara et Inza Bayo.

« Les points importants de ma mission se résume comme suit : pour la première période couverte du 1er janvier 2015 au 30 avril 2017, le montant total des dépenses auditées s’élèvent à 43 025 208 573 GNF, soit 99% des dépenses totales. Le reste des 100% constitue des dépenses pour des frais bancaires. Suite à nos investigations, nous avons pu valider un montant total de 17 987 446 960 francs guinéens. Ainsi, un montant total de 24 838 381 807 francs guinéens a été rejeté pour différentes raisons.

La première raison, c’est pour un montant total de 14 840 643 891 GNF qui a été rejeté pour des raisons de sans explications et sans documents probants. Un montant de 3 milliards de francs guinéens payé à coruson international a été rejeté, parce que non conforme et non appuyé par une documentation correcte. Un montant de 3 634 026 304 payé à Me Yansané huissier de justice n’a été accepté non plus. Un montant total de 3 363 771 614 GNF payé à des différents bénéficiaires a été rejeté pour non justifications. Les explications de ces montants rejetés ont été les suivantes : d’abord concernant les 14 840 643 891 GNF, il y avait pas de justificatifs, on a fait que des listes sorties des banques avec des bénéficiaires sans pièces justificatives. Le deuxième élément concernant les 3 milliards de coruson international a été rejeté pour des raisons de surfacturation. Puisque c’était censé être des honoraires des commissaires aux comptes d’assistance comptable, alors que ces montants ne correspondent pas à ça. Le montant payé à Me Yansané a été rejeté pour des raisons de surfacturation. Les éléments détaillés sont aussi les suivants. Il a été constaté que les recettes recouvrées dans le cadre de contentieux pour un montant total de 14 531 897 670 GNF, seuls 600 millions ont été recensés par l’huissier. Le reliquat de 13 931 897 670 n’a pas été retrouvé dans les comptes et les explications fournies par la direction de la société sont incohérentes et inexactes. En outre, la direction nous a soumis un document d’un montant total de 19 818 855 000 GNF au titre de frais de mission pour des formations du personnel à l’étranger, dont 17 milliards pour des formations à l’étranger, 2 milliards pour des missions à l’intérieur du pays. Jusqu’à présent, les arguments de la direction étant qu’une bonne partie des données qu’il a soumises à l’inspection a été rejetée pour des frais de formation. Cela aussi a été donc soumis à notre audit pour une revue. Nous avons porté notre revue sur tous les éléments fournis pour la justification de ces dépenses. Malheureusement les pièces justificatives de ces 19 milliards n’étaient pas suffisantes, parce que des frais de voyage à l’étranger, sans billet d’avion, sans justification des déplacements et même sans demande de visas, ne peut pas être considéré comme des juridictions valables. C’est pour cette raison que ces 17 milliards ont été rejetés pour tous ces voyages supposés être faits à l’étranger. Comme il a constaté que les 13 milliards n’ont pas été versés dans les comptes de la société, c’est qui nous a remis à remettre en question les états financiers qui ont été présentés et qui ne tenaient pas compte de cet encaissement. En résumé, le montant total remis en cause dans cette affaire est de 37 milliards dont 24 milliards non justifiés et 13 milliards recouvrés par l’huissier n’ayant pas été versés dans le compte bancaire de la société (Office guinéen de la publicité) », a expliqué Kaïn Magassouba avant de faire savoir à la Cour que c’est avec une lettre de mission qui lui a été remise à cet effet sur la demande de la Présidence de la République qu’il a effectué l’audit qui lui permis de dresser le présent rapport.

Mais, Paul Moussa Diawara qui ne veut en entendre parler, appelé lui aussi à la barre pour la confrontation, a déclaré en insistant que Kaïn Magassouba, expert-comptable mandaté par la Présidence de la République, n’a aucune qualité pour exercer des opérations d’audit à l’OGP et qu’il n’est pas la bonne personne indiquée pour le faire.

Paul Moussa Diawara, ex DG de l’OGP, président du parti MPD

« On n’a jamais eu des réunions avec lui (Kaïn Magassouba) à la Présidence de la République. Il est venu débarquer comme ça à l’OGP et qu’il est envoyé par le Président de la République, qu’il était associé avec monsieur Kalil Kaba, ministre directeur de cabinet pour suivre… Parce que nous, on avait fait un recours gracieux que j’ai même versé au dossier pour contester l’inspection générale d’Etat. Quand il est venu, il a fait des écrits, des correspondances, il s’est présenté comme l’envoyé de la Présidence de la République par Mr Kalil Kaba. C’était des courriers au fait qu’il faisait. On n’était pas en contact direct. Il était avec moi, mais pas en contact direct. Quand il demandait des documents, on lui disait qu’on les a déjà donnés à l’inspection générale d’Etat et on avait du mal à lui donner les documents. Après avoir demandé les documents, il a envoyé un seul rapport provisoire. On n’a parlé de rapport final que le jour où on m’a démis de la fonction (directeur général de l’Office guinéen de publicité) pour m’envoyer devant des juridictions. Je n’avais aucune idée sur ce pourquoi il a communiqué ce rapport provisoire. Pour moi, c’est une information. Il nous a envoyé ce rapport contradictoire, mais il n’y a pas de contradictoire entre nous, parce qu’il travaillait en solo. En matière d’audit, vous demandez des documents, et puis vous faites votre rapport isolément ? Donc, je n’ai pas compris. Au fait, il n’a repris que le rapport de l’inspection générale d’Etat. C’est ça la vérité. Il a in extenso repris le rapport de l’inspection générale d’Etat. Il n’a pas fait d’effort, il n’a pas fait le travail, il a reconduit tout pour dire qu’il a fait son travail. Il nous a demandé des documents alors que nous on avait plus ces documents à notre portée, parce qu’on avait fini de les donner à l’inspection générale d’Etat. Quand on a reçu le rapport de monsieur Kaïn Magassouba, on n’était pas d’accord. Donc, la Présidence de la République n’est pas habilitée à le désigner pour faire une inspection à l’OGP. Sa désignation relève purement et simplement de la politique, parce que la Présidence de la République qui l’a désigné est une institution politique », a rétorqué Paul Moussa Diawara, ancien DG de l’OGP et principal mis en cause dans cette affaire.

Pour ce qui est du montant supposé n’avoir pas été versé dans le compte bancaire de l’OGP, Paul Moussa Diawara soutient que l’huissier a bel et bien versé le montant sur le compte bancaire de l’OGP domicilié à la BCRG, tout tirant les honoraires qui lui revenait avec l’avocat.

Après cette réaction de Paul Moussa Diawara, la Cour a mis fin aux débats et renvoyé l’affaire au 4 avril 2023 pour les plaidoiries et réquisitions.

Mamadou Laafa Sow, Mamadou Tanou Bah et Hassanatou Kanté pour Guineematin.com

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