Surpopulation carcérale : l’ONG « MDT » prône le recours aux peines alternatives à la détention

L’ONG « Les Mêmes Droits pour Tous » (MDT) a lancé ce mardi, 21 mars 2023, un atelier de formation en faveur des magistrats et des OPJ (Officiers de police judiciaire). Les travaux portent notamment sur la lutte contre la surpopulation carcérale à travers le recours aux peines alternatives à la détention et la dépénalisation des infractions mineures. La cérémonie d’ouverture a été présidée par le ministre de la Justice et des droits de l’Homme, Alphonse Charles Wright, a constaté Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Cet atelier est organisé sous le thème : Lutte contre la surpopulation carcérale ; les peines alternatives à la détention et les principes de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples sur la dépénalisation des infractions mineures. Selon Me Frédéric Foromo LOUA, directeur exécutif de l’ONG Les Mêmes Droits pour Tous, cette initiative s’inscrit dans le cadre de l’engagement de sa structure pour les droits de l’Homme en général, et l’appui au renforcement des capacités des acteurs de la chaîne pénale pour une meilleure garantie du respect des droits humains en Guinée en particulier.

Me Frédéric Foromo LOUA, directeur exécutif de l’ONG Les Mêmes Droits pour Tous

« En effet, la justice pénale doit s’exercer dans le strict respect des droits reconnus à toute personne humaine, et n’est donc pas incompatible au respect des droits de l’Homme. L’ONG Les Mêmes Droits pour Tous a un fort encrage sur la justice pénale depuis une vingtaine d’années et a une grande expérience dans les visites de prisons et l’assistance juridique et judiciaire aux personnes détenues. Dans ce cadre, elle a mené plusieurs études dont la plus récente datant de 2021 porte sur la situation des infractions mineures en République de Guinée. De cette étude, il ressort que malgré l’existence des peines alternatives ou de substitution au code pénal pour des infractions mineures, des centaines de personnes sont placées sous mandat de dépôt et condamnées à des peines d’emprisonnement fermes.

Cette situation créé du coup des problèmes de surpopulation carcérale et engendre de nombreuses violations des droits des personnes détenues. C’est pourquoi, avec l’appui technique et financier de la Fondation OSIWA, l’ONG Les Mêmes Droits pour Tous a initié le présent atelier qui se veut être une rencontre de plaidoyer pour un meilleur recours aux peines alternatives, mais aussi aux principes de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples sur la dépénalisation des infractions mineures. La politique pénale mettant en avant les peines alternatives à la détention, mais aussi la dépénalisation des infractions mineures est une opportunité pour notre pays de diminuer les énormes charges budgétaires liées à la gestion de la détention, et aussi d’améliorer substantiellement la situation des droits de l’Homme en milieu carcéral », a-t-il indiqué.

L’activiste des droits de l’Homme ajoute que cet atelier, qui rassemble plus d’une cinquantaine d’acteurs de la chaine pénale (magistrats et officiers de police judiciaire) vise « à renforcer les connaissances et compétences des acteurs de la chaîne pénale pour un meilleur recours aux peines alternatives à la détention dans les procédures pénales. Je voudrais ici saluer l’intérêt et l’implication du ministère de la Justice et des droits de l’Homme dans la préparation et la bonne tenue du présent atelier, et je souhaite une réelle appropriation des résultats qui en découleront par le département, en vue de garantir leur pérennisation », a dit Me Frédéric Foromo LOUA, directeur exécutif de l’ONG Les Mêmes Droits pour Tous.

Siba Zogotamou, chef de cabinet du gouvernorat de Conakry

Cette formation, qui va durer trois jours, se tient dans les locaux du gouvernorat de la ville de Conakry. Une initiative accueillie avec beaucoup de satisfaction par les autorités de la capitale guinéenne. « Je voudrais exprimer ma satisfaction et l’honneur qui me revient de vous accueillir dans cette salle au nom de Mme la gouverneure de la ville de Conakry. Le choix porté sur le siège du gouvernorat de la ville de Conakry pour tenir cette importante rencontre est un signe de reconnaissance pour nous. Je voudrais à cet effet souhaiter la bienvenue à tous et exprimer le souhait que les débats qui vont se dérouler ici contribueront à améliorer les conditions de vie, à améliorer le cadre de vie des citoyens de la ville de Conakry.

Monsieur le ministre de la justice, en nous faisant l’honneur de venir dans cette salle du gouvernorat, nous vous disons grand merci pour cet acte qui rehausse le niveau, l’ancrage du gouvernorat de la ville de Conakry dans toutes les activités que nous menons sur le terrain et l’amélioration que nous constatons dans les relations entre les citoyens et la justice. Nous sommes persuadés que ce qui va découler de cette salle va encore renforcer ces relations. C’est en cela que nous remercions l’ONG Les Memes Droits pour Tous qui contribue essentiellement à faire la promotion des droits de l’Homme une activité principale », a dit Siba Zogotamou, chef de cabinet du gouvernorat de Conakry.

Alphonse Charles Wright, ministre de la justice et des droits de l’Homme

De son côté, le Garde des sceaux, ministre de la Justice et des droits de l’Homme, accorde une grande importance à ces travaux. C’est pourquoi, Alphonse Charles Wright est venu présider la cérémonie d’ouverture. « Cette formation permettra sans nul doute à ces acteurs de la chaîne pénale que sont les magistrats et les officiers de police judiciaire, de comprendre la nécessité de voir un tout petit peu les peines alternatives prendre forme dans les différentes décisions judiciaires. Nous appelons les magistrats à faire un usage de ces peines alternatives pour pouvoir atténuer ce phénomène sur les populations carcérales, dont nous n’avons pas tellement besoin. Il faut aller vers l’humanisation de la justice », a instruit le ministre.

Pour atteindre cet objectif, Alphonse Charles Wright a annoncé que son département va se pencher sur la mise en place des juges d’application des peines. Ce qui permettra le recours aux peines alternatives à la détention.

A noter que cet atelier est organisé grâce au financement de la Fondation OSIWA. Il regroupe une cinquantaine de magistrats et d’officiers de police judiciaires venus de la zone spéciale de Conakry.

Ansou Baïlo Baldé pour Guineematin.com 

Tél. : 622 56 11 82 

Facebook Comments Box