Chantal Loua, mère de deux enfants : pourquoi j’ai décidé de devenir peintre

Chantal Loua, apprentie peintre

Âgée d’une vingtaine d’années et mère de deux enfants, Chantal Loua fait partie d’un groupe très restreint à N’Zérékoré. C’est l’une des rares femmes à pratiquer le métier de peintre dans la capitale de la Guinée forestière. A l’occasion du mois de la femme guinéenne (mars), le correspondant local de Guineematin.com a reçu à son bureau la jeune femme pour échanger avec elle sur son travail.

Partie du village de Womey, Chantal Loua s’est installée il y a quelques années dans la ville de N’Zérékoré. Elle y vivait en concubinage avec son amant qu’elle appelle « mon mari » et leurs deux enfants. Mais à un moment donné, le jeune homme décide de la laisser chez sa mère avec les enfants pour aller chercher du travail à Conakry. Et cette situation a poussé la jeune mère à chercher aussi un travail pouvant lui permettre de s’occuper d’elle et de ses enfants sans attendre l’aide de quelqu’un.

Chantal Loua, apprentie peintre

« Mon mari est allé se chercher à Conakry, me laissant avec mes deux enfants chez ma maman. C’est ainsi que ma mère m’a dit un jour, ‘’ma fille, il faut apprendre la couture ou la coiffure pour avoir un métier’’. Mais après mes réflexions, je lui ai répondu qu’il y a beaucoup de filles qui apprennent la coiffure et la couture aujourd’hui. Donc je dois faire l’exception, c’est-à-dire apprendre un métier dans lequel il y a moins de femmes aujourd’hui. C’est ainsi que j’ai dit à ma mère que je veux apprendre la peinture, comme Mme Julienne. Elle m’a dit alors d’attendre le soir, Puisque Julienne est la fille de son frère, quand elle va rentrer du travail, on va lui soumettre le cas. A son retour, ma maman lui a posé mon problème, elle a accepté », a-t-elle expliqué.

Cette réponse suscite une immense joie chez la jeune femme, qui allait pouvoir travailler avec son idole. Car c’est bien Mme Julienne qui l’a poussée à aimer la peinture et à décider d’apprendre ce métier. « Elle ne s’asseyait pas à la maison, tous les jours, elle sortait pour aller travailler. Parfois, je partais dans son chantier, je la voyais travailler comme un homme. Je voyais les maisons qu’elle a peintes, et cela me donnait le sentiment d’aimer son travail. En plus, tout le monde l’appréciait. C’est pourquoi, j’ai  aimé ce métier. Voilà pourquoi j’ai mis la pression sur ma maman pour que je puisse apprendre ce métier auprès d’elle afin je puisse soutenir ma famille », a indiqué Chantal Loua, ajoutant qu’elle n’a pas regretté son choix.

« Depuis plus de deux ans, je travaille avec elle, et je m’occupe bien de mes deux enfants sans l’aide de mon mari qui est à Conakry », se félicite-t-elle, tout en invitant les jeunes filles à apprendre un métier. « Ce que je peux demander à toutes les jeunes filles, c’est d’apprendre un métier et de cesser de compter sur leur beauté ou sur leur mari. Aujourd’hui, rester sans métier et sans aucune autre activité génératrice de revenu est une grosse erreur. Si tu as un métier, aucun homme ne peut se foutre de toi, et ta famille ne va jamais t’abandonner. Tu auras ton mot à dire dans la famille ou dans ton foyer.  Donc, je les invite au travail qui pourra leur permettre de se prendre en charge et de soutenir leur foyer », conseille Chantal Loua.

Chantal Loua, apprentie peintre

De N’Zérékoré, Foromo Gbouo Lamah pour Guineematin.com

Tel : + 224 620166816/666890877  

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