CRIEF : l’ancien ministre de l’environnement, Oyé Guilavogui, à la barre

L’ancien de l’environnement du dernier gouvernement du régime Alpha Condé a comparu ce mercredi, 22 mars 2023, devant la Chambre de jugement de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). Il est poursuivi devant cette juridiction pour « détournement de deniers publics, enrichissement illicite, blanchiment de capitaux ». Et, à la barre, il n’a pas eu le temps d’aller au-delà de son identification pour réfuter ou confirmer les charges articulées à son encontre. Car, son avocat, Me Salifou Béavogui, s’est pressé de prendre la parole pour présenter à la Cour une « exception préjudicielle », rapporte Guineematin.com à travers son équipe de reporters.

Contrairement à ce qui avait été demandé la semaine dernière par la partie civile pour faire comparaître Oyé Guilavogui ce mercredi devant la Cour présidée par Alhassane Mabinty Camara, assisté de M. Mamadou Tahirou Baldé et de M. Mohamed Samoura. Seulement, malgré sa comparution, il n’y a pas eu de débat au fond sur son dossier.

Sa défense qui s’est pourvue en cassation devant la Cour suprême contre l’ordonnance de renvoi qui l’amène devant la chambre de jugement de la CRIEF a, avant d’entrer dans les débats au fond, a sollicité un renvoi de cette affaire. Me Salifou Beavogui a demandé à la Cour de surseoir à l’examen au fond de cette procédure jusqu’à ce que la Cour Suprême statue sur le pourvoi que le prévenu a exercé devant elle.

« C’est avec un cœur serré, meurtri, que je prends la parole devant votre auguste Cour. Parce que pour nous ce n’était ni le moment, ni le lieu d’évoquer ce dossier. Mais, qu’à cela ne tienne, après réflexion et dans une injustice inqualifiable, la sagesse a pris le dessus, mon client a accepté de comparaître par devant votre juridiction pour dire son sentiment par rapport à cette affaire, par rapport à la tenue de ce procès. Pour monsieur Oyé Guilavogui, ce dossier n’est pas appelé à rang utile. Ce dossier se trouve et au fond et à la forme devant la Cour suprême. C’est après la Cour suprême qu’on peut revenir devant votre juridiction, si la Cour décide autrement. C’est pourquoi nous demandons qu’il plaise à votre Cour de surseoir à l’examen de ce dossier jusqu’à ce que la Cour se prononce sur le pourvoi que nous avons exercé devant elle », a plaidé Me Salifou Beavogui, avocat de la défense.

Une demande que le ministère public a demandé à la Cour de rejeter et ordonner la continuation des débats dans la présente affaire.

« Monsieur le président, être jugé est droit. On ne peut pas s’opposer à être jugé. C’est un droit. Mieux, ces prévenus ont dénoncé partout qu’il n’y a rien dans la procédure. Ils ont tenu des conférences de presse, ils ont entretenu les médias, ils ont versé des dossiers, qu’ils acceptent de venir maintenant pour être jugés. Il y a suffisamment de charges contre eux monsieur le président. Nous demandons monsieur le président qu’il plaise à votre Cour de rejeter la demande de la défense et ordonner la continuation des débats au fond dans cette affaire », a dit le procureur audiencier, Moustapha Mariama Diallo.

Alignée sur la même position que le ministère public, la partie civile représentée par l’agent judiciaire de l’Etat, a demandé à la Cour de ne pas suivre la défense dans sa démarche qui consiste selon à prendre ce dossier en otage.

« Vous êtes poursuivis pour avoir à Conakry, en 2021, en tout cas depuis tant non couvert par la prescription de l’action publique, détourné ou soustrait des deniers ou effets au préjudice de l’Etat guinéen. Dans les mêmes circonstances de temps et de lieu, en votre qualité d’agent public, était dans l’impossibilité de justifier l’origine licite des ressources qui vous permettent d’être en possession d’un patrimoine actuel et de mener un train de vie sans rapport avec vos revenus légaux. Et, d’avoir enfin, converti ou transféré des biens notamment des fonds en sachant qu’ils proviennent d’une activité criminelle ou d’une participation à une activité criminelle dans le but de cacher leur origine illicite. Monsieur le président, c’est le lieu de rappeler que vous n’êtes pas saisi d’un arrêt de renvoi. Vous êtes saisie d’une ordonnance de renvoi… Ne permettez pas ni au prévenu, ni à l’Etat de prendre cette procédure en otage. On a coutume de dire que la Cour suprême c’est le cimetière des dossiers. C’était par peur d’affronter la vérité, voir sa culpabilité s’étaler au beau jour ici (à la barre), qu’on est en train de créer cette mesure pour faire dormir cette procédure à la Cour suprême en attendant peut-être que le régime ne change. C’est ce calcul politique peut-être qui guide le comportement de la défense. Vous n’êtes pas politique, vous êtes juge. Vous n’êtes soumis qu’à l’autorité de la loi. Nous prions de faire correcte et saine application de la loi », a plaidé Me Pépé Antoine Lamah, un des avocats de la partie civile.

Au terme de des débats, la Cour a renvoyé l’affaire au 29 mars 2023 pour statuer sur la question de l’exception préjudicielle soulevée par la défense.

Mamadou Laafa Sow et Mamadou Yaya Petel Diallo pour Guineematin.com

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