Cour des Comptes : Fatoumata Diakité vient témoigner et rentre en qualité de prévenue

C’est dans la douleur que madame Fatoumata Diakité, contrôleuse financière à l’Office National de Formation et de Perfectionnement Professionnel (ONFPP), a quitté la salle d’audience de la Cour des Comptes ce jeudi, 23 mars 2023. Elle était venue témoigner dans le procès de Lucien Beindou Guilao (ex directeur général de l’ONFPP) et Youssouf Camara (agent comptable de l’ONFPP) devant la Chambre de discipline budgétaire et financière de la Cour des Comptes. Mais, au terme de sa déposition à la barre, la Cour présidée par Mouctar Bah a décidé d’engager des poursuites à son encontre. Une situation qui a surpris le parquet qui a d’ailleurs dénoncé « une chose extraordinaire » de la part de la Cour, rapporte Guineematin.com à travers son équipe de journalistes.

Tout est parti des déclarations de Youssouf Camara devant la Cour pour justifier le paiement de primes à des anciens dirigeants de l’ONFPP. « Je ne paie que sur visa du contrôleur financier (madame Fatoumata Diakité) », a-t-il dit, tout en précisant qu’il détient des pièces pour illustrer ses mots de défense.

La Cour a alors saisi cette balle au rebond pour appeler madame Fatoumata Diakité à la barre afin de cerner la véracité des propos de l’agent comptable qui comparaît devant elle. Et, le président Mouctar Bah n’a pas ménagé cette contrôleuse financière. Il a déchainé un ouragan de questions à l’encontre de cette pauvre femme qui comparaissait devant cette juridiction en qualité de simple témoin.

« Quel est votre rôle en tant que contrôleur financier à l’ONFPP ? Que devez-vous faire quand on vous présente des dépenses à payer ? Avez-vous vérifiez la régularité de ces primes (payées aux anciens dirigeants de l’ONFPP) ? », a demandé entre autres Mouctar Bah à cette témoin.

« Le contrôleur financier contrôle la régularité de la dépense et non la qualité du bénéficiaire de la dépense. C’est-à-dire que si la dépense est inscrite au budget, on l’ordonne. Parce que le contrôleur financier ne contrôle pas le droit du bénéficiaire de la défense. Ce n’est pas par générosité que ces paiements sont effectués. Il y a un budget annuel qui comporte une ligne budgétaire pour ces primes », a répondu madame Fatoumata Diakité avec insistance.

Après cette séance de questions-réponses, la Cour a décidé, séance tenante, d’engager des poursuites contre madame Fatoumata Diakité, sans pour autant annoncer le motif de ces poursuites.

« La Cour révoque votre qualité de témoin et décide de vous poursuivre. Désormais vous comparaîtrez devant cette Cour en qualité de prévenu et vous avez le droit de vous faire assister par un avocat », a martelé Mouctar Bah.

Visiblement très surpris, le ministère public s’est pressé de prendre la parole pour protester contre cette attitude de la Cour.

« C’est extraordinaire ce que j’entends ici. La Cour ne peut pas engager de poursuites. Si vous souhaitez un complément d’information, on est d’accord. Mais, si vous exercez des prérogatives qui ne sont pas les vôtres, le parquet prendra ses dispositions », a martelé Mamadou Saliou Diallo, le commissaire général du gouvernement à la Cour des Comptes et qui fait office de procureur.

Finalement, la Cour a renvoyé l’audience au 30 mars prochain à la demande des avocats du prévenu, Youssouf Camara.

A suivre !

Mamadou Baïlo Keïta et Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com

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