Guinée : la FAO, le PAM, le FIDA et le Ministère de l’Agriculture en conclave sur la problématique de la sécurité alimentaire et nutritionnelle

Une réunion d’information des donateurs et partenaires de la Guinée sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle s’est tenue ce jeudi, 23 mars 2023, à Conakry. C’est une initiative de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), du Programme Alimentaire Mondial (PAM) et du Fonds International pour le Développement Agricole (FIDA), en collaboration avec le Ministère guinéen de l’Agriculture et de l’Elevage. L’idée était de présenter les données des résultats du cadre harmonisé à ces différents acteurs afin d’identifier des synergies d’actions pour faire face à la dégradation de la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans notre pays, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

En Guinée, la sécurité alimentaire s’est dégradée entre 2021 et 2023. Selon les résultats d’une étude récente, appelé Cadre Harmonisé de novembre 2022, coordonné par le Comité Inter- Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS) : 334 622 personnes en Guinée (soit 20,35% de la population analysée) ont une consommation alimentaire minimale adéquate mais ne peuvent pas assumer certaines dépenses non alimentaires. De plus, 649 159 personnes (soit 5,7% de la population analysée) sont en déficit de consommation alimentaire reflété par une malnutrition aiguë élevée ou supérieure aux niveaux habituels.

Dr Gualbert Gbehounou, représentant résident du Système des Nations-Unies en Guinée

Dans son discours, Dr Gualbert Gbehounou, représentant résident du Système des Nations-Unies en Guinée, a apporté des précisions sur cette réalité. « Malgré d’importantes ressources naturelles, la Guinée fait face à des nombreux défis d’ordre social et économique. Classée 182ème sur 191 pays, selon l’indice de développement humain de 2022, 62% des guinéens sont en situation d’insécurité alimentaire. De plus, la Guinée a été frappée par plusieurs crises sanitaires telles qu’Ebola, Marburg, Lassa, et continue de subir les impacts de la pandémie mondiale de Covid19. À cela s’ajoute la crise en Ukraine qui a contribué à la détérioration du climat socio-économique et de la situation alimentaire et nutritionnelle. Le Comité inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel, avec l’appui technique et financier de l’Organisation de Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture et du Programme Alimentaire Mondiale réalise régulièrement l’analyse du cadre harmonisé pour l’identification des zones et des populations à risque de vulnérabilité en insécurité alimentaire et nutritionnelle. Cette analyse se fait au niveau national et régional à travers deux cycles par an, au mois de mars et de novembre. Selon les résultats du cadre harmonisé publiés en novembre 2022, il y a eu une nette dégradation de la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Guinée entre 2021 et 2022 (…). D’ici août 2023 les projections indiquent que la population en situation d’insécurité alimentaire devrait augmenter de 40% comparé à 2022. L’objectif de cette réunion de briefing est donc de vous proposer la situation en tant que donateurs et partenaires clés sur les récents résultats du cadre harmonisé afin d’explorer ensemble les synergies d’actions possibles pour renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Guinée. À l’issue de cette réunion, nous estimons que les problèmes soulevés trouveront des réponses conjointes et que des pistes de financement seront identifiées pour soutenir les efforts du gouvernement afin de renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations guinéennes, notamment les plus vulnérables », a expliqué le diplomate Onusien.

Par ailleurs, Dr Gualbert Gbehounou a sollicité l’appui financier et technique des partenaires pour la mobilisation des ressources afin d’inverser la tendance en Guinée.

Dr Mamadou Tanou Diallo, assistant du représentant de la FAO/chargé du programme

Dr Mamadou Tanou Diallo, assistant du représentant de la FAO/chargé du programme, est allé dans le même sens en demandant plus d’efforts pour aider la population guinéenne à s’en sortir. « La population guinéenne a besoin de plus d’efforts, de plus de conjugaison d’actes, d’approches, de stratégies et même de politiques pour parvenir à s’en sortir. La situation à date n’est pas vraiment reluisante et c’est d’ailleurs tout cela qui a fait en sorte que les institutions des Nations-unies basées à Rome, en collaboration avec le Ministère de l’Agriculture, ont entrepris ce cadre d’échanges pour vulgariser les données du cadre harmonisé, et interpeller l’ensemble des acteurs à plus d’actions concrètes pour juguler le phénomène de l’insécurité alimentaire. Et toucher du doigt l’ensemble des populations victimes et même en vulnérabilité d’être victimes dans les prochaines échéances », a-t-il indiqué.

Jean Luc Fabert, conseiller principal au Ministère de l’Agriculture et de l’Élevage

Jean Luc Fabert, conseiller principal au Ministère de l’Agriculture et de l’Élevage, a rappelé que la mission des autorités guinéennes est de faciliter l’accès aux populations à une nourriture de qualité. « Notre objectif est d’améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations, qu’elles soient en capacité d’avoir accès à la nourriture disponible de qualité saine, équilibrée de manière constante et qu’elles puissent l’utiliser régulièrement. Et si cela ne l’est pas, ça devrait nous interpeller non seulement à revoir nos façons de travailler, mais également à redéfinir encore l’approche que nous mettons en place aujourd’hui pour que les populations aient accès à la nourriture constamment », a laissé entendre Jean Luc Fabert.

Ibrahima Baldé, président de la Confédération nationale des organisations des éleveurs de Guinée

Pour sa part, Ibrahima Baldé, président de la Confédération nationale des organisations des éleveurs de Guinée, a sollicité des moyens pour les producteurs en vue de résoudre le problème de la sécurité alimentaire et nutritionnelle.  « Je pense que ce genre de rencontres est très important, nous apprécions. Leur utilité aussi est de permettre d’avoir en face l’État et les bailleurs pour pouvoir discuter autour de la problématique de la sécurité alimentaire. C’est quelque chose de très important de se questionner, de voir ce qui ne marche pas, de demander aux bailleurs aussi d’appuyer nos différents partenaires en leur octroyant des moyens plus importants pour faire face au problème de production pour résoudre la question de la sécurité alimentaire. Parce que comme vous le savez, qui dit sécurité alimentaire, dit d’augmenter la productivité. Pour augmenter la productivité, il faut aller dans les champs, dans les fermes. Il faut essayer de mieux appuyer les producteurs, faire des contrats programmes avec eux sur des objectifs bien définis et voir comment apporter les moyens suffisants pour atteindre ces objectifs. Une fois qu’on le fera, on pourra atteindre la production escomptée », affirme Ibrahima Baldé.

Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com

Facebook Comments Box