Après le passage de la ministre du commerce, de l’industrie et des PME, Louopou Lamah, le 17 mars, c’est au tour de sa collègue du département de la pêche et de l’économie maritime, Charlotte Daffé, de répondre, ce mercredi 29 mars 2023, aux questions orales et écrites du Conseil national de la transition (CNT), a constaté Guineematin.com, à travers son équipe déployée au Palais du peuple.
Après avoir communiqué sur la situation institutionnelle de son département et de sa lettre de mission, Charlotte Daffé s’est prêtée aux questions des Honorables Conseillers, conformément à l’article 4 du Règlement intérieur du CNT.
En quelques lignes, la cheffe de département, a procédé à un état des lieux peu reluisant dans le secteur de la pêche caractérisé par l’absence de l’administration surtout à l’intérieur du pays, la pratique de la pêche illicite, l’utilisation de filets non conventionnels ou encore des ports et débarcadères qui échappaient au contrôle de l’Etat, des ressources humaines non qualifiées …
« La Guinée dispose d’un littoral d’environ 300 kilomètres et de nombreux cours d’eau, offrant ainsi un potentiel considérable pour le développement du secteur halieutique.
En dépit de ces atouts, ce secteur d’activité est confronté à certaines contraintes qui freinent son expansion. Il s’agit, entre autres, de l’insuffisance des ressources humaines et la faible représentativité des services de la pêche sur le terrain ; le manque de structuration des organisations socioprofessionnelles ; l’insuffisance des infrastructures de soutien à la production, à la conservation, à la valorisation et à la commercialisation des produits de pêche; le manque de mécanisme de financement approprié au secteur de la pêche ; la menace permanente de la pratique de la pêche illégale, non déclarée et non règlementée ; la menace du changement climatique et des agressions humaines sur les écosystèmes continentaux, côtiers et marins auxquels la santé de la pêche est essentiellement tributaire ; la défaillance du système de gouvernance » a expliqué la ministre aux membres du CNT.
Pour pallier à l’absence du département à travers le pays, de nouveaux directeurs préfectoraux et des inspecteurs, des directeurs de débarcadères et ports de pêche ont été nommés et outillés, à en croire Charlotte Daffé. Toutefois, la cheffe de département de la pêche se plaigne du faible niveau de certains de ses travailleurs.
« Au département, on a des fonctionnaires qui ne peuvent pas utiliser Word ou Excel. Ils ne peuvent pas écrire une lettre sans faute. Nous avons donc 300 fonctionnaires non postés que nous comptons mettre à la disposition du département du travail et de la fonction publique », s’est défendue Charlotte Daffé.
De la rareté et la cherté du poisson sur le marché guinéen, la ministre Daffé parle de changements climatiques.
« Tout le monde consomme le poisson et tout le monde a accès au poisson. Mais avec le changement climatique, le poisson se raréfie. Cela est aggravé également par l’accroissement de la population. En Guinée, le marché du poisson est approvisionné par la pêche artisanale, la industrielle et l’importation (avec un taux de 1,23%). Mais c’est particulièrement la pêche artisanale qui alimente le marché guinéen. Malheureusement ce secteur n’est pas soutenu. Les Guinéens n’ont pas une dizaine de navires. Dans d’autres pays, vous avez une flotte importante de navires appartenant aux nationaux. A cette situation s’ajoute la rareté des espèces prisées. Il y a également l’éloignement des zones de pêche… », a expliqué la ministre.
A titre indicatif, 14 sociétés de pêches avec 74 navires desservent les eaux guinéennes. Parmi elles, il n’y a que la société guinéenne SONIT pêche avec 4 navires qui battent pavillon guinéen. Et par an, la Guinée débarque plus de 400 000 t de poissons dont 10,12% de poissons d’eau douce, a révélé la ministre de la pêche et de l’économie maritime.
De passage, Charlotte Daffé a rappelé la signature du communiqué conjoint d’interdiction d’importation du poisson, allant du 27 mars au 22 avril 2023.
A titre d’apport au budget national, la ministre de la pêche et de l’économie maritime fournit un bilan élogieux.
« Pour cette année 2023 et répondant ainsi à certaines questions, je souhaite rappeler que la contribution du secteur de la pêche était de 83 milliards de francs guinéens en 2022 et pour 2023, elle est à date à 41, 9 milliards. Et ce secteur crée près de 500 00 emplois et la consommation du poisson est de 25 kg par personne et par an contre une moyenne de 21 % dans la sous-région, selon un rapport de la FAO. Il fournit 4% du PIB et pourrait passer en 2027 à 7% du PIB », a dit Charlotte Daffé.
Des questions sur l’approvisionnement du poisson en quantité et en qualité sur le marché guinéen et au prix abordable, la réorganisation des faitières évoluant dans le secteur, le soutien aux pêcheurs artisans, la modernisation des instruments de surveillance, l’aménagement et la modernisation des ports de pêche et des débarcadères, le contrôle sanitaire, la reprise de la coopération avec l’Union Européenne et l’accroissement des recettes du département ont été également posées par les Honorables Conseillers, sous l’œil vigilant de Dr Dansa Kourouma, Président du CNT. Cette séance plénière qui a enregistré 59 des 81 membres du CNT inscrits, a connu également la présence du Dr Antoine Akoï Sovogui, Conseiller du Président chargé des relations avec les institutions.
Depuis le CNT, Ansou Baïlo BALDE et Abdallah BALDE pour Guineematin.com
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