Marche reportée des Forces Vives à Conakry : 6 « manifestants » condamnés par le tribunal de Dixinn

Paul Doré et 7 autres jeunes, présentés comme des manifestants, ont été jugés hier, mercredi 28 mars 2023, devant le tribunal de première instance de Dixinn. Ils y étaient poursuivis pour participation délictueuse à un attroupement, destruction d’édifices publics et privés, vol et blessures volontaires. Ces faits auraient été commis à la veille de la marche projetée par les Forces Vives de Guinée (FVG) mais reportée après l’implication des religieux. Deux d’entre eux ont été relaxés et les six autres ont écopé d’une peine de 3 mois assortis de sursis chacun, a constaté un reporter que Guineematin.com avait dépêché au tribunal. 

Les prévenus dans cette affaire sont : Souleymane Barry, Mamadou Hafiziou Barry, Abdoulaye Diallo, Paul Doré, Mamadou Yaya Baldé, Ousmane Sow, Boubacar Barry, Mamadou Saliou Diallo. Détenus à la maison centrale depuis le 10 mars, il leur est reproché d’avoir commis les infractions qui pèsent contre eux le mercredi nuit, 8 mars 2023, à la veille de la manifestation du jeudi. Ils auraient emporté une moto appartenant au policier Mohamed Lamine Camara, partie civile dans cette procédure.

En défilant successivement à la barre, ils ont tous plaidé non coupables. Chacun a expliqué dans quelles circonstances il a été mis aux arrêts.

Boubacar Barry, chauffeur de taxi : « on était au nombre de 4 personnes, couchées à la terrasse. Les manifestants passaient au niveau de cet endroit. Comme il faisait chaud à la maison, nous sommes venus nous coucher à la terrasse. C’est là que les forces de l’ordre sont venues nous interpeller dans la nuit du 8 mars ».

Mamadou Yaya Baldé, chauffeur de profession, dit avoir été arrêté au même endroit que Boubacar Barry. « Nous étions tous à la terrasse. Mais moi, je ne dormais pas. Je regardais de films dans mon téléphone. C’est en ce moment qu’ils sont venus nous interpeller. On ne manifestait pas et on n’a rien détruit et rien volé ».

Abdoulaye Diallo, apprenti chauffeur, interpellé à Bambéto, commune de Ratoma : « moi, je partais acheter de l’atiéké. Les gendarmes sont venus dans leur pick-up. Ils m’ont mis aux arrêts en disant que j’étais dans le mouvements des manifestants. Alors que moi, je n’ai pas manifesté… ».

Mamadou Hafiziou Barry, apprenti chauffeur : « je n’ai ni manifesté, ni détruit, ni volé. Ils m’ont interpellé pendant que je dormais à la véranda, devant la porte de Boubacar. Ce jour, j’étais malade, c’est pourquoi je suis allé me reposer tôt. La moto volée dont on parle ici, moi je ne l’ai pas vue. Le policier qui dit être victime de vol est venu ici, mais il ne m’a pas indexé ».

Pour sa part, Paul Doré qui habite à Taouyah, dit avoir interpellé à Bambéto à 22 heures. « Je faisais le taxi moto. La moto appartient à mon frère. Il a les documents. Mais, les forces de l’ordre ont saisi ma moto ».

Faux, rétorque le procureur Alpha Bacar Cissé qui précise d’ailleurs que la moto appartiendrait à la victime qui est même venu au tribunal indexer Paul Doré. « Et lorsque ton oncle est venu ici, il n’est pas venu avec les documents de la moto », a répliqué le procureur.

Pour Ousmane Sow il a été arrêté au quartier Dar-Es-Salam pendant qu’il s’apprêtait à ouvrir la porte de sa chambre. « J’ai travaillé jusqu’à 22 heures.  Au moment où je rentrais, je suis venu jusqu’à chez moi. Je m’apprêtais à ouvrir ma chambre et les forces de l’ordre sont venues m’interpeller. Je ne savais même pas qu’il y a eu manifestation ce jour… »

Même argument de défense pour Souleymane Barry qui dit ne rien savoir au tour de cette affaire. Il a laissé entendre qu’il revenait de chez son grand père. « Dès que je suis arrivé à Bambéto, les forces de l’ordre m’ont interpellé ».

De son côté le mécanicien Mamadou Saliou Dialloa expliqué que les forces de l’ordre ont saisi la moto de son ami qu’il conduisait ce jour. « J’ai quitté Dar-Es-Salam, je partais à Bambéto sur la moto.  En cours de route, j’ai rencontré les forces de l’ordre. Ils m’ont fait arrêté et ils ont saisi la moto. La moto est dans la cour du tribunal ici », a-t-il dit.

Au terme de leurs différentes dépositions, le procureur Alpha Bacar Cissé a tout d’abord regretté le fait que depuis 2010, il y a eu plusieurs manifestations qui ont malheureusement coûté la vie à des citoyens innocents.  « Ce qui est déplorable, leurs agissements ont causé du tort à des innocents. A chaque manifestation, on enregistre des cas de morts. Sans compter les dégâts matériels. On ne peut pas prospérer dans ça… ».

Ensuite, le procureur a demandé au tribunal de relaxer Ousmane Sow et Souleymane Barry. Le parquet a requis en outre de retenir les 6 autres dans les liens la prévention en les condamnant chacun à 3 mois assortis de sursis et à 5 millions de francs guinéens d’amende. Par ailleurs, le procureur dira que par rapport aux infractions relatives aux faits de destruction des biens publics et privés « le ministère public abandonne les poursuites au bénéfice du doute », a requis le procureur, Alpha Bacar Cissé.

Finalement, le tribunal a déclaré les prévenus Ousmane Sow et Mamadou Hafiziou Barry non coupables des faits de destruction de biens publics et privés. Ils ont ainsi été renvoyés des fins de la poursuite.

Dans la même lancée, le tribunal a relaxé également Ousmane Sow et Mamadou Saliou Diallo pour les faits de participation délicieuse à un attroupement.
Par contre, pour les faits de participation délictueuse à un attroupement, il a condamné Paul Doré, Souleymane Barry, Hafiziou Barry, Abdoulaye Diallo, Mamadou Yaya Baldé, Boubacar Barry à 3 mois d’emprisonnement assortis de sursis et au paiement d’une amende de 5 millions de francs guinéens avant d’ordonner la restitution des motos saisies.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

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