Procès de l’ancien ministre, Rémy Lamah : deux autres témoins entendus par la CRIEF, Kassory Fofana en attente

Les témoins continuent de défiler devant la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) dans l’affaire opposant l’État guinéen, la société ZMC SA à l’ancien ministre de la Santé, Rémy Lamah et la société SOGUIMAP SARL. Le médecin Général Rémy Lamah et la SOGUIMAP sont accusés de favoritisme dans la passation des marchés par l’État guinéen et la société ZMC SA.

Au compte de l’audience de ce jeudi, 30 mars 2023, Fatoumata Bangoura et Mamadi Condé, respectivement Directrice des marchés publics et Directeur général de l’Administration et contrôle des grands projets (ACGP) à l’époque des faits ont fait leurs dépositions devant la chambre de jugement de la CRIEF, a constaté un des reporters de Guineematin.com dépêché sur place.

Fatoumata Bangoura et Mamadi Condé ont d’abord déposé avant de répondre longuement aux questions de la cour, du parquet et des avocats de la partie civile et de la défense. Mais pour dame Bangoura, il n’y a pas eu de manquements lors de la passation dudit marché.

Fatoumata Bangoura, ancienne directrice des marchés publics

« À mon endroit, je n’ai pas entendu parler de cas de corruption (…). Au moment où nous passions cet appel d’offres, on n’avait pas de documents de réclamation (de ZMC). À ma connaissance, il n’y a pas eu de manquements dans la procédure de passation », a soutenu la directrice des marchés publics.

Dans sa déposition, l’ancien Directeur général de l’Administration et contrôle des grands projets (ACGP), Mamadi Condé dit avoir notifié au ministre Rémy Lamah l’impossibilité de lancer un appel d’offres alors que le marché de la société ZMC S.A était en cours de validité. Selon lui, celui-ci a donné deux raisons pour justifier sa décision.

Mamadi Condé, ancien directeur de l’ACGP

« J’ai reçu du ministre un dossier d’appel d’offres pour la fourniture des produits pharmaceutiques pour que je donne mon avis technique de non objection. Pendant que mes services examinaient les dossiers, j’ai été informé par M. Pathé qui est passé à mon bureau. Ensuite, j’ai vu un courriel qui m’informait qu’il y avait un contrat qui était en cours et qu’un appel d’offres était en train d’être fait sur ce marché. Alors, j’ai suspendu l’analyse du dossier et j’ai fait un courriel pour mon information au ministre de la Santé. Je lui ai dit dans ce courriel qu’il n’était pas de mon point de vue possible de lancer un appel d’offres sur un marché qui est en cours de validité. Quand il a reçu mon courriel, il est venu en personne à mon bureau.

Et on a eu une très longue discussion sur le sujet, il m’a donné les raisons pour lesquelles il lance un appel d’offres. Il y a des raisons techniques et des raisons juridiques. Pour des raisons techniques, il m’a dit qu’en fait le marché dont on parle n’est plus en vigueur. Que c’est un marché qui avait été conclu pour la période 2015-2018. On était en 2020, et donc le marché n’est plus en vigueur. Et que mieux, son prédécesseur avait dénoncé certaines insuffisances dans l’exécution du marché et avait décidé de ne pas le reconduire (…). La deuxième raison, c’était qu’ils avaient relevé des surfacturations et qu’il y avait des produits qui étaient plus chers avec la société que les mêmes produits sur le marché local. Et que pour ces raisons, il n’est pas possible qu’il continue avec le même marché », a-t-il expliqué.

Les avocats de la partie civile ont demandé la comparution de Jonas Mukamba Kadiatou Diallo, ancien Directeur général de l’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP), et de l’ancien Premier ministre, Kassory Fofana, pour qu’ils viennent à leur tour donner leurs témoignages. La Cour a accepté la demande et a renvoyé le dossier au 13 avril prochain pour la citation des deux personnes susnommées.

Mamadou Yahya Pétel Diallo pour Guineematin.com

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