« Si on n’exporte pas le poisson, ce n’est pas bon » (vendeuses)

Dans le souci de soulager le panier de la ménagère et octroyer une quantité de poissons suffisante pendant ce mois de Ramadan, le Ministère de la Pêche et de l’Economie Maritime a interdit l’exportation de poissons à partir du 27 mars 2023. Trois jours après, les prix du poisson n’ont pas connu une baisse sur le marché, au contraire. Les vendeuses de poissons de Conakry se plaignent de cette hausse des prix et dénoncent une mesure inefficace. Tel est le constat fait hier vendredi, 31 mars 2023, au port de pêche de Kaporo, situé dans la commune de Ratoma, par Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Mamadama Soumah, vendeuse de poissons

Pour Mamadama Soumah, vendeuse de poissons au port de Kaporo, l’interdiction de l’exportation des poissons a un impact négatif sur le marché local. « Si on exporte les poissons, le peu qui reste ici les gens vont acheter, mais si on n’exporte pas, les gens ne peuvent pas tout acheter. L’exportation est plus bénéfique. Actuellement, les poissons sont devenus très chers depuis qu’ils ont stoppé l’exportation. Nous, on achète en détail et ceux qui viennent acheter pour exporter sont nombreux. Donc, les exportateurs sont plus bénéfiques pour les pêcheurs que nous qui achetons en détail.

Si on interdit l’exportation, les poissons vont devenir vraiment très chers. Les pêcheurs sortent avec trois à quatre bidons d’essence et s’ils reviennent pour vendre ça en détail, ils ne vont pas gagner quelque chose parce que l’essence coûte cher. Donc, le gouvernement ne doit pas stopper l’exportation. Notre monnaie n’a pas de valeur, c’est ce qui nous fatigue. Nous, on est là depuis le matin, mais il n’y a même pas de clients. Ce que je peux dire au gouvernement, c’est de diminuer le prix de l’essence. S’ils veulent que les pêcheurs diminuent le prix du poisson, ils n’ont qu’à diminuer le prix d’essence, c’est tout », dit-elle.

M’balia Camara, vendeuse de poissons

Même son de cloche chez M’balia Camara, vendeuse de poissons, qui pense que l’Etat devrait plutôt diminuer le prix de l’essence au lieu d’interdire l’exportation des poissons. « Depuis que l’Etat a interdit l’exportation du poisson, le prix du poisson ne fait que grimper. Tu ne peux pas parler de poisson sans parler d’essence. S’ils veulent diminuer le prix du poisson, qu’ils diminuent d’abord le prix du carburant à la pompe ; mais pas en interdisant l’exportation du poisson. Imaginez, un pêcheur qui achète un million de francs guinéens d’essence ne peut pas revendre ses poissons à cinq cent mille GNF.

Il fera tout pour revendre ses poissons à plus d’un million GNF pour avoir des bénéfices. Ceux qui disent que le prix du poisson est cher, ils ne savent pas comment ça se passe. Nous les vendeuses de poissons, on sait que ce n’est pas de la faute aux pêcheurs, mais au prix de l’essence. Donc, tant que le prix de l’essence ne diminue pas, il ne faut même pas espérer à ce que le prix du poisson diminue », a laissé entendre Mme Camara.

Houssainatou Barry, vendeuse de poissons

Houssainatou Barry, vendeuse de poissons, pense aussi que l’Etat doit abandonner cette mesure. « La décision du Ministère de la Pêche joue vraiment sur nous. Si on n’exporte pas le poisson, ce n’est pas bon. L’Etat doit diminuer le prix de l’essence ; sinon, le prix du poisson ne fera que grimper. Ce que je peux dire au gouvernement, c’est qu’il accepte qu’on exporte du poisson pour permettre aux pêcheurs de gagner un peu. Sinon, c’est nous les vendeuses en détail qui allons souffrir », a-t-elle expliqué.

A rappeler que l’interdiction de l’exportation du poisson reste valable jusqu’au 22 avril 2023.

Hassanatou Kanté pour Guineematin.com

Tel : 621937298

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