Fête du Travail en Guinée : « il y a des gens qui peuvent aller jusqu’à deux mois avant de récupérer leur salaire »

Maïmouna Kanome Camara, rédactrice en chef de la télévision Guineebuzz

La fête internationale du travail a été célébrée ce lundi, 1er mai 2023, à travers le monde. En Guinée, la commémoration de cette journée intervient dans un contexte difficile pour les travailleurs du secteur privé. Ces travailleurs sont pour la plupart sous-payés et ne perçoivent leur salaire qu’avec des mois de retard. Maïmouna Kanome Camara, rédactrice en chef de la télévision Guineebuzz, a déploré cette situation et demandé à l’Etat de s’impliquer davantage pour un salaire décent en Guinée.

Dans un entretien accordé à Guineematin.com, cette journaliste professionnelle a souhaité que le 1er mai ne soit pas un simple jour de défilé et de festin.

« Il ne s’agit pas d’aller seulement faire la fête. Il faut qu’à l’occasion de cette journée que le gouvernement organise des rencontres entre la fonction publique et les jeunes qui sont au chômage aujourd’hui. Il faut sensibiliser les jeunes. Travailler ce n’est pas aller seulement au bureau. Être dans un bureau, ce n’est pas ce qu’on appelle travailler. Quelqu’un qui va au champ faire quelque chose, on appelle ça travailler. Quelqu’un qui gère un salon de coiffure, un atelier de couture, tu as un travail. Tu n’es pas au chômage. L’État doit organiser des journées de sensibilisation pour faire comprendre aux jeunes l’importance de travailler. Vous voyez, en Europe, les enfants sont initiés avant leur majorité. À dix-huit (18) ans déjà, tu deviens indépendant, tu peux subvenir à tes besoins. Mais, chez nous, tu peux voir quelqu’un qui a trente (30) ans qui est toujours sous la responsabilité de ses parents. Il n’a pas de travail, il est nourri par ses parents. Ce n’est pas normal », a indiqué Maïmouna Kanome Camara.

Dans la société guinéenne, la majorité des travailleurs se plaignent de l’insuffisance de leur salaire. Les travailleurs sont généralement sous-payés et subissent une véritable exploitation, surtout dans le secteur privé. Cette situation est aussi présente dans le milieu de la presse. Maïmouna Kanome Camara déplore et sollicite l’implication de l’Etat pour un salaire décent en Guinée.

« Images quelqu’un qui gagne cinq cent mille (500 000) francs guinéens ou un million (1 000 000), ça ne peut même pas payer le loyer. Comment vas-tu payer le transport ? Comment vas-tu te nourrir ? Comment vas-tu aider ta famille avec ce salaire ? Je pense que l’État guinéen devrait revoir les salaires des employés. Pour avoir une meilleure vie, il faut que tu sois bien payé. Plus on est bien payé, plus on est correct. Il y a beaucoup qui n’apprécient pas certains journalistes, parce que quand ils sont sur le terrain, ils s’attendent toujours à quelque chose. C’est parce qu’ils ne sont pas bien payés et il y a des entreprises aussi qui ne donnent pas les salaires à temps. Il y a des gens qui peuvent aller jusqu’à deux mois avant de récupérer leur salaire. Donc, avant que tu puisses récupérer ce salaire, ça trouve que tu as déjà des dettes. Si le salaire est minime, il faut le donner à temps », a-t-elle dit.

A l’occasion de cette fête internationale du travail, la rédactrice en chef de la télévision Guineebuzz a adressé un message particulier aux femmes de Guinée.

« Dans une entreprise, les femmes ont souvent l’habitude de sortir avec les patrons pour avoir un emploi. Je pense que c’est une très vilaine chose. La femme doit se respecter. La femme doit croire en elle, avoir son bagage intellectuel. Tu peux avoir de bonnes relations, mais ça ne peut pas te maintenir, te permettre de durer. Il faut que tu aies quelque chose dans la tête. C’est pourquoi on dit d’ailleurs que derrière un grand homme, il y a toujours une grande femme. Il ne s’agit pas de bien s’habiller, de sortir avec de grandes personnalités. Il faut être bien et même se comparer aux hommes et dire que je peux faire mieux malgré je sois une femme » a-t-elle conseillé.

Kadiatou Barry pour Guineematin.com

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