Pollution aux larges de Conakry : ce qu’en dit le préfet maritime

Colonel Amadou Sow, membre du CNT et préfet maritime

En marge de la plénière consacrée aux questions orales et écrites adressées au ministre secrétaire général des affaires religieuses et essentiellement axées sur l’organisation du pèlerinage, le Colonel Amadou Sow, Conseil national et le Préfet maritime, a pris la parole pour éclairer la lanterne des membres du CNT.

« Le 12 avril 2023, des malheureux pêcheurs sont partis au mauvais endroit et au mauvais moment. Il y avait un navire qui était de passage dans la zone économique exclusive de la Guinée qui a lavé ses cuves. Et vous savez que les navires en lavant leurs cuves utilisent un détergent très fort. Ils ont déversé cela. Nos pêcheurs, n’ayant pas remarqué la natte et c’était la nuit, ils ont pêché sur cette nappe. Une fois en contact avec cette nappe polluée, ils ont eu des brûlures en mer sur leur corps. Ils sont revenus le 13 avril. Et le 14 avril, j’ai été appelé par le directeur du centre national de recherches halieutiques de Boussoura. Il m’a dit qu’il y a eu des pêcheurs au débarcadère de Bonfi qui ont des problèmes. Il y a eu des cas de brûlure. Il m’a envoyé les photos. J’ai immédiatement alerté la gendarmerie maritime qui gère les problèmes le long du littoral pour des investigations et connaître ce qui se passe. Entre-temps, la ministre de la pêche a été informée et la situation si sérieuse qu’une commission interministérielle a été mise sur pied pour gérer la situation. Le premier acte était de prendre en charge toutes les victimes par l’Etat. Ce qui fut fait ».

Dans son compte-rendu, le Préfet maritime a également abordé la question d’identification de l’endroit où cette pollution a eu lieu.

« Deuxièmement, il était question de localiser et de connaître l’endroit où cette pollution a eu lieu. Heureusement, les pêcheurs avaient relevé les données GPS de la position où ils étaient partis pêcher. Ils nous ont donné ces informations qui nous ont permis de faire la localisation. Le lieu est à une distance de 90 km des îles de Los soit 40 000 nautiques et au-delà des eaux territoriales de la Guinée mais dans notre zone économique exclusive, au-delà même de la zone contiguë. Il fallait, en 2ème phase, aller identifier cette nappe polluante. C’est ainsi que j’ai fait une réquisition auprès de la marine qui est partie avec une vedette. Je crois que vous avez vu les images sur les réseaux sociaux. Ils ont fait des prélèvements », a précisé le Colonel Amadou Sow.

Après le prélèvement, des dispositions ont été prises pour gérer cette crise, analyser les échantillons et identifier le navire polluant.

« Après ces étapes, il était question de créer une commission pour gérer cette crise et qui regroupe la préfecture maritime, le ministère de la pêche, celui de l’environnement et le département des mines. Depuis le 14 avril, nous sommes sur pied pour gérer cette crise. Pour évaluer l’étendue de la zone polluée, nous avons fait recours à l’aviation militaire. Malheureusement, les moyens aériens dont nous disposons ne peuvent pas aller au-delà de 12 000 nautiques, à partir de nos eaux territoriales. Il fallait demander d’autres moyens. C’est ainsi qu’on a fait recours à un avion qui nous soutient le plus souvent dans la surveillance de la mer, qu’on appelle Falcon 50 qui est basé à Dakar, au Sénégal, qui venu nous couvrir toute la zone. La nature aidant, cette nappe polluante avait commencé à se dissiper. J’allais organiser d’autres sorties pour voir si effectivement cette nappe s’est diluée. On a compris qu’avec les vagues, elle se dirigeait vers les côtes. Finalement, quelques fragments ont été détectés au niveau des îles de Los et nous avons dépêché les gens du CERESCOR pour procéder à des prélèvements », a souligné l’ancien chef d’Etat major de la marine nationale.

Cette situation a conduit la préfecture maritime à prendre certaines décisions pour parer aux risques de contamination ou de maladie liée à cette pollution.

Colonel Amadou Sow, préfet maritime

« Nous avons décidé de fermer toutes les plages. Les gens ont spéculé que le poisson était intoxiqué. Mais c’est des histoires. Nous n’avons remarqué aucun poisson qui est mort suite à cette situation. D’ailleurs, cette pollution s’est passée très loin de nos côtes. Notre souci actuellement, c’est d’identifier et maîtriser la progression de cette nappe. Mais nous n’avons rien remarqué d’anormal. Qu’à cela ne tienne, nous avons sorti notre navire de recherche, Le Général Lansana Conté qui a passé 5 jours en mer avant de rentrer ce jeudi. Mais il n’y a aucun problème de santé détecté. La nappe s’est dispersée et dissipée », a rassuré ce haut responsable du CNRD.

Pour l’identification du navire polluant, le Préfet maritime a promis que des dispositions sont en cours et les auteurs de cette pollution n’échapperont pas aux sanctions prévues en la matière, une fois qu’ils sont appréhendés.

A rappeler que cette pollution en haute mer avait créé de vives inquiétudes chez les populations et singulièrement chez les pêcheurs des débarcadères de Bonfi et Matam où des dizaines parmi eux se sont confrontés à des brûlures et des lésions cutanées.

Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél. : 628 08 98 45

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