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Conakry : 8 « manifestants » déclarés non-coupables après plus d’une semaine de détention

Huit personnes ont comparu ce jeudi, 11 mai 2023, au tribunal de première instance de Dixinn pour répondre des faits de participation délictueuse à un attroupement. A la barre, ils ont nié les faits mis à leur charge et dénoncé les mauvais traitements subis dans les mains de la police. Après les plaidoiries et les réquisitions, ils ont été tout simplement déclarés non coupables et remis en liberté, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Les prévenus dans cette affaire sont : Saïkou Oumar Bah, Amadou Djouldé Sow, Mamadou Oury Diallo, Mamadou Saliou Diallo, Abdoulaye Diallo, Mamadou Bhoye Bah, Adama Sangaré et Thierno Amadou Sow. Ils ont été interpellés par des policiers à des jours différents et à des endroits différents de la haute banlieue de Conakry. Ils ont été placés en détention préventive le 05 mai 2023.

Saïkou Oumar Bah, conducteur de moto, dit ne pas reconnaître les faits : « c’était le 1er mai 2023, aux environs de 18h. J’ai quitté le travail pour rentrer à la maison parce que j’habite à Koloma 1. J’ai garé ma moto et la police était derrière moi. Ils m’ont dit de les suivre. J’ai refusé. Ils m’ont frappé, mordu et poignardé au dos… ».

Même son de cloche chez Amadou Djouldé Sow, domicilié au quartier Hamdallaye : « j’étais sorti faire du sport. J’ai couru jusqu’au carrefour de Bambéto. J’ai vu six pick-up au carrefour, et un policier m’a demandé ce que je faisais là. J’ai répondu que je faisais du sport. Soudain, ils m’ont encerclé et m’ont embarqué dans leur voiture. Ils m’ont amené au commissariat de Kaporo. Je leur ai dit de me laisser partir, en plus ça ne manifestait pas, et il y avait la circulation. Ils m’ont frappé et mordu aux côtes… ».

Mêmes accusations formulées par Mamadou Oury Diallo et Mamadou Saliou Diallo, mis aux arrêts ensemble. « J’étais à la maison en train de manger quand mon ami m’a appelé pour que je l’accompagne prendre son téléphone à Kénien. Au retour, quand nous sommes arrivés à Hamdallaye pharmacie, il était déjà 23h. Un jeune nous a dit qu’il y a des policiers au bord de la route. Le temps pour moi de tourner la moto, le pick-up a cogné derrière. Mon ami et moi, nous sommes tombés dans les caniveaux. Ils nous ont directement amené à Kaporo rails. Le lendemain, on a appelé nos familles. Comme personne n’a répondu, ils nous ont embarqué jusqu’à la maison centrale… ».

Abdoulaye Diallo, maçon domicilié à La Cimenterie : « j’ai déposé un client à Gbessia. Au retour, j’ai emprunté la route de Bambéto. Arrivé au carrefour, j’ai vu un pick-up. Je les ai dépassés ; après, un policier m’appelle et me dit de garer. Ce que j’ai fait. C’était vers 19h. Ils ont pris mon argent et ma moto, et ils m’ont arrêté… ».

Mamadou Bhoye Bah, mécanicien domicilié à Hafia : « c’était le 1er mai. J’étais dans le garage avec mon patron quand ils s’y sont introduits. Ils ont attrapé mes mains et mes pieds, comme un voleur. Arrivé au commissariat, ils ont pris l’argent que j’avais et m’ont frappé. Ils m’ont arrêté devant mon maître… ».

Adama Sangaré, élève domicilié à Hafia : « mon ami est venu me rendre visite vers 17h. Nous avons mangé et regardé un film. À 20h, il a dit qu’il va rentrer et je l’ai accompagné. En rentrant, arrivé à Hamdallaye, les policiers m’ont interpellé sans questions. Ils m’ont directement embarqué dans leur pick-up… ».

Thierno Amadou Sow, père de deux enfants et cireur, habitant à Hamdallaye : « j’ai quitté mon lieu de travail un vendredi vers les 22h. Arrivé à Concasseur, il n’y avait pas de circulation. J’ai vu deux pick-up, et un peu plus loin, j’ai vu deux policiers. Arrivé à leur niveau, ils m’ont attrapé, retiré mon sac où j’avais un peu d’argent. Ils m’ont frappé. J’ai reçu des coups à la tête. Ensuite, ils m’ont amené à Kaporo rails où j’ai fait quatre jours et aujourd’hui je me retrouve au tribunal… ».

Le Ministère public a demandé la libération des prévenus qui, selon lui, n’ont enfreint aucune loi et n’ont participé à aucun attroupement. Il va requérir qu’ils soient renvoyés des fins de la poursuite pour délit non constitué.

Satisfaite de l’attitude du Ministère public, la défense va blâmer le comportement des agents de police.

Finalement, le tribunal a déclaré les prévenus non coupables. Saïkou Oumar Bah, Amadou Djouldé Sow, Mamadou Oury Diallo, Mamadou Saliou Diallo, Abdoulaye Diallo Mamadou Bhoye Bah, Adama Sangaré et Thierno Amadou Sow vont regagner leurs domiciles respectifs.

Emmanuelle Assou pour Guineematin.com

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