Étudier sans aucun soutien financier : une situation difficile rencontrée par de nombreux étudiants guinéens

Mamadou Sacko, étudiant en licence 3 journalisme

Bac en poche, beaucoup de bacheliers guinéens sont orientés dans des universités et instituts qui sont loin de leurs familles sans aucun soutien financier. Alors les jeunes entament ainsi une nouvelle étape dans leur vie, qui est souvent parsemée d’embûches. Interrogé par Guineematin.com, Mamadou Sacko, étudiant en licence 3 nous raconte les difficultés auxquelles il fait face à Conakry.

Originaire de la préfecture de Guéckédou, située au Sud de la Guinée, l’étudiant en licence 3 journalisme à l’Institut supérieur de l’information et de la communication de Kountia (ISIC), fait état de difficultés, notamment liées au logement. Le jeune étudiant a quitté sa ville natale en 2020 après avoir obtenu le baccalauréat pour venir dans la capitale guinéenne où il vit depuis ce temps.

« C’est un peu difficile pour nous qui venons de l’intérieur (du pays) puisque nous sommes là, nous n’avons pas de parents ici qui ont des maisons. Donc arrivé ici, il va falloir que tu cherches un logement pour continuer tes études. Dans le cadre des études, c’est un effort qu’on fournit mais on rencontre beaucoup de difficultés surtout au niveau de la vie même… Étant ici, nous ne pouvons pas à chaque moment les (parents) appeler pour leur dire il faut nous envoyer ça étant donné qu’on connaît la situation dans laquelle on les a laissés. On essaie de faire des efforts pour arriver au bout avec beaucoup d’abnégation et beaucoup de courage. Les difficultés sont centrées sur plusieurs facteurs : d’abord quand nous prenons le logement, personnellement quand je suis venu je n’avais personne. Donc arrivé à Conakry, la même nuit, j’ai essayé d’appeler mes amis, mes connaissances qui étaient là et qui m’ont accepté juste pour un temps en attendant que je cherche un logement. Donc, j’ai fait un, deux mois dans ça, c’était difficile de gagner avec les montants des avances qui sont grandes. En ce moment je loge avec mon ami, mais on sait en tout cas que c’est difficile », a expliqué l’étudiant.

Alors pour tenir, ces étudiants font des petits boulots, qui pour certains sont encore difficiles à obtenir.

Mamadou Sacko, étudiant en licence 3 journalisme

« Nous faisons beaucoup de choses en dehors de l’université pour avoir les frais de loyer. Quand je suis venu, vu que j’ai étudié alors j’ai décidé de me lancer dans les CD (cours à domicile). D’abord quand je suis venu, c’est moi-même qui ai initié ça. Je passais de bâtiment en bâtiment, de maison en maison pour demander s’il y a des enfants à faire réviser. Il y a certaines familles qui refusent, surtout si elles savent que tu es un étudiant. Pour elles, quand tu es étudiant, tu n’as pas le temps et tes connaissances ne sont pas suffisantes pour en donner à leurs enfants. Donc parfois, il va falloir que tu caches ton identité. On arrive même à dire que nous sommes déjà diplômés pour qu’on puisse être acceptés », révèle Mamadou Sacko.

En plus de ce travail, il fait une autre activité dont il dit ne pas vouloir parler car ses parents lui ont interdit de le faire. Mais face aux difficultés, il n’a pas pu faire autrement. Et malgré ces deux petits boulots, le jeune reste encore dans une situation précaire. Il dit d’ailleurs que s’il tombe malade, il va devoir appeler ses parents pour qu’ils l’aident.

Les étudiants guinéens bénéficient de bourses d’études, qui en principe doivent les soulager mais face aux retards au niveau du paiement, ils les perçoivent souvent alors qu’ils sont déjà beaucoup endettés.

« Les bourses d’études nous aident évidemment sauf que l’État marque un tout petit peu de retard dans cette affaire. Parfois l’argent vient tardivement, ça trouve que les gens se sont endettés, donc au moment où il arrive, il se trouve que tu l’as déjà utilisé. Donc il faut que l’État prenne les dispositions idoines pour remédier à cela. Et à l’université dès que les professeurs entendent qu’il y a les bourses, automatiquement il y a les brochures, des projets qui viennent. Donc eux aussi attendent juste l’occasion pour ouvrir les business », regrette Mamadou Sacko.

À rappeler que beaucoup d’étudiants qui vont à l’intérieur du pays sont également confrontés à beaucoup de difficultés.

Mamadou Yahya Petel Diallo et Abdoulaye Sow pour Guineematin.com 

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