Des pêcheurs touchés par une éruption cutanée en Guinée : 5 navires suspects identifiés en haute mer

On en sait un peu plus sur les éruptions de la peau qui ont affectées plusieurs pêcheurs guinéens partis en haute mer à la recherche de poissons. Grâce à l’appui des américains, une mission de recherche a été menée, survolant les eaux territoriales guinéennes. Ce qui a permis d’identifier cinq gros navires suspects, liés à la pollution ayant affecté de très nombreux pêcheurs artisanaux.

Il y a quelques semaines, plusieurs pêcheurs artisanaux ont souffert d’éruptions cutanées, provoquées par une pollution de la mer. Une situation qui a préoccupé plus d’un.

Fodé Idrissa Kallo, secrétaire des affaires extérieures de la fédération des pêcheurs de Guinée

Fodé Idrissa Kallo, responsable de la communication et de l’information de la fédération des pêcheurs artisanaux, interrogé par un reporter de Guineematin.com, est revenu sur cette affaire. « Depuis le 12 mai, une communication officielle a été diffusée au sujet des brûlures subies par les pêcheurs en haute mer, dans les eaux guinéennes. À ce jour, environ cinq cents pêcheurs ont été touchés par cette éruption cutanée, dont certains ont été atteints au niveau de leurs parties intimes. Nous comptons des cas graves parmi les victimes, tandis que d’autres ont été traités avec succès. En prenant en compte les cas survenus à Conakry, dans les débarcadères de Conakry et ses environs, ainsi que sur les îles de Loos, l’hôpital national Donka a signalé 382 cas, parmi lesquels une cinquantaine étaient graves. Ces individus ont été traités et sont désormais guéris. Dans la préfecture de Boffa, au débarcadère de Koukoudé, nous comptons 118 cas, dont une vingtaine de personnes sont actuellement sous traitement. Au débarcadère de Taboria, toujours à Boffa, une vingtaine de personnes ont été atteintes par la maladie, mais elles ont été traitées et guéries. À Bongolon, nous avons enregistré deux cas, tandis qu’à Boffa centre, nous en avons dénombré trois. Quand vous allez à Forécariah, plus précisément dans Matakan, il y a plus de 20 cas qui ont été signalés et tous ont été traités et guéris. Vous vous rendez compte qu’il y a eu beaucoup de victimes et partout. Mais le problème est qu’au jour d’aujourd’hui, la peur s’est installée chez les pêcheurs. Vu que pour beaucoup de pêcheurs, leurs parties génitales ont subi des brûlures, cela a fait que ceux qui ne sont pas atteints par la maladie ont peur d’aller pêcher. C’est quelque chose qui, aujourd’hui, a affecté négativement les activités des pêcheurs quand on sait que chaque pêcheur a une famille derrière qu’il nourrit. C’est extrêmement difficile parce que les activités sont au ralenti. Derrière ces embarcations, c’est-à-dire ces pêcheurs, il y a des manutentionnaires, des femmes fumeuses de poissons, des femmes mareyeuses. Donc, si la maladie atteint les pêcheurs et les activités tournent au ralenti, ça affecte la vie de tous ceux-ci », a expliqué Fodé Idrissa Kallo.

En outre, monsieur Kallo ajoute que l’impact de cette maladie dépasse même les pêcheurs.  « Ce qui est encore plus grave, qui a aussi provoqué la psychose au sein du monde des pêcheurs, c’est le fait qu’on dit que le peu de poissons que les pêcheurs vont pêcher par moments avec tous les risques, est aussi touché par la maladie. Les populations aussi ne viennent plus acheter ce peu de poisson parce qu’elles ont peur. On dit que les poissons sont infectés. Heureusement que des échantillons de poissons ont été envoyés au laboratoire d’analyses et on a déclaré que les poissons n’ont pas de problème. On est donc en train maintenant là de faire des campagnes de sensibilisation pour dire aux populations que les poissons n’ont pas de problème et qu’ils ne sont pas affectés. Mais la psychose, elle est toujours là. Les gens ne viennent pas se procurer du poisson. Tout cela est en train de jouer aujourd’hui sur l’activité de la pêche », a fait savoir le chargé de communication de la fédération des pêcheurs artisanaux.

La situation n’a pas totalement changé en mer, précise notre interlocuteur. « La nappe polluante est toujours présente en mer. Grâce à la collaboration avec l’ambassade des États-Unis d’Amérique, il y a eu un avion qui a survolé nos eaux en mer. Ils ont pu identifier 5 navires suspects. Mais, il faut signaler qu’il y a d’autres pollueurs. Il y a d’autres navires, une trentaine, qui sont dans nos eaux. En Guinée, il n’y a que deux ports qui sont habilités à recevoir ces gros navires. C’est le port de Conakry et celui de Kamsar. C’est à ces deux ports seulement que vous pouvez trouver des commandants de port. Il y a eu d’autres minéraliers qui ont été construits mais qui n’ont pas de commandants, donc qui n’ont pas de commandants de port et qui n’ont donc pas d’administration. Ces nombreux navires qui circulent dans nos eaux font du n’importe quoi dans les différentes zones. Un constat a révélé que la bauxite qu’on transporte avec ces navires avait des problèmes. Il fallait donc nettoyer les cuves des navires dans lesquelles on met la bauxite avant de la mettre dedans. Donc en nettoyant les cuves des bateaux, ils ont utilisé des produits chimiques et ce sont ces produits chimiques qui ont provoqué ce problème, l’éruption cutanée chez les pêcheurs », a-t-il fait savoir.

Pour finir, Idrissa Kallo espère que des mesures seront prises pour mettre la main sur les auteurs de cette pollution pour qu’ils répondent de leurs actes. « Nous, notre problème aujourd’hui, c’est comment avec l’appui de l’ambassade des États-Unis d’Amérique on va continuer à mener les investigations, les recherches systématiques rigoureuses et minutieuses pour non seulement éviter que cela crée d’autres problèmes mais aussi enlever cette nappe polluante dans la mer pour qu’enfin les activités de la pêche puissent reprendre. Nous voudrions également que les auteurs de cette pollution soient identifiés, arrêtés, jugés et punis à la hauteur de leur forfaiture », a-t-il laissé entendre.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

Tél : 622919225

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