Ismaël Condé, président du PRPAG : « l’Union africaine n’est plus à la hauteur des espoirs des pays africains »

Ismaël Condé, président du PRPAG

L’Union africaine (autrefois Organisation de l’unité africaine) célèbre ce jeudi, 25 mai 2023, le 60ème anniversaire de sa création. Et, à cette occasion, une équipe de Guineematin.com est allée à la rencontre du président du Parti Révolutionnaire Populaire Africaine de Guinée pour parler de cette organisation du continent. Le doyen Ismaël Condé estime que l’instance panafricaine n’est plus à la hauteur des attentes de ses pays membres. Il assure que l’UA peine encore à résoudre les problèmes du continent.

L’Organisation de l’unité africaine (OUA) a été créée le 25 mai 1963. Et, en juillet 2002, elle est devenue l’Union africaine. Mais, ce changement de dénomination n’a pas apporté grand-chose dans sa capacité à unir les pays africains, encore moins à résoudre des problèmes auxquels fait face le continent. En tout cas, c’est la perception qu’ont beaucoup d’africains qui estiment que l’Union a échoué dans sa mission.

Selon le président du PRPAG, cette situation est due à un mal congénital que porte l’UA et qui continue de la gangrener.

« L’OUA a toujours comporté cet esprit de gens qui sont opposés aux intérêts africains, c’est cet esprit-là qui a continué jusqu’en 2002. Comme les pays occidentaux se sont regroupés en parlant d’Union européenne, en Afrique ici aussi on dit qu’il faut se regrouper pour créer l’Union africaine. Donc, on a abandonné le nom OUA (Organisation de l’unité africaine) pour l’Union africaine, mais ce sont les mêmes réalités qui continuent. Quelle est la prise de position de l’Union africaine par rapport aux fléaux qui envahissent les jeunes ? Le chômage massif, les écoles, les universités partout forment pour envoyer les jeunes au chômage. C’est la même chose au Sénégal, en Côte d’Ivoire etc. L’Union africaine ne traite pas un problème grave comme l’envahissement du terrorisme. Les terroristes recrutent les jeunes à partir de quoi ? Ce sont des jeunes désœuvrés qui voient que la voie est vide. Donc, quand les terroristes viennent leur dire il faut venir avec nous mensuellement tu seras payé comme ça et quand on ira brigander dans les villages pour prendre des bœufs, des moutons tu auras tel nombre, les jeunes se disent au lieu de mourir de faim, de honte dans la famille vaut mieux rejoindre ces gens. Qu’est-ce qui favorise ça ? C’est le chômage dans le désespoir. Mais, au lieu de traiter ce problème-là, l’Union africaine ne parle jamais de ça. On nous laisse dans la pauvreté, on laisse la pauvreté nous envahir, s’approfondir pour que vous les jeunes vous soyez peut-être recrutés un jour ou l’autre dans le terrorisme. Donc, l’Union africaine aujourd’hui se renie pratiquement. Dans beaucoup de constitutions, on dit qu’il ne faut pas de 3ème mandat, mais leurs (dirigeants de l’UA) amis se permettent de faire plus de 3 mandats. Il y a Alhassane Ouattara, mais surtout le cas de Paul Biya qui a fait plus de 40 ans au pouvoir. Les exemples sont multiples. Et, qu’est-ce que l’Union africaine dit-elle s’agissant de la position très équivoque du président du Sénégal ? Si le président du Sénégal a protesté contre le 3ème mandat d’Abdoulaye Wade, il a mis une constitution qui limite les mandats à 2, qu’est-ce qu’il a à créer le doute autour du 3ème mandat ? Et qu’est-ce que l’Union africaine dit-elle par rapport à une telle réalité ? C’est pour dire que l’Union africaine n’est plus à la hauteur des espoirs des pays africains. L’Union africaine, dans la situation actuelle, est loin de se battre pour les pays africains. Mais, c’est aux jeunes de prendre leur responsabilité, l’avenir de l’UA est entre leurs mains », a indiqué Ismaël Condé.

Poursuivant, le président du PRPAG a confié que l’Union africaine n’a pas de poids pour peser sur le continent, à plus forte dans la diplomatie mondiale. Car, elle est financée majoritairement par les partenaires internationaux. Le doyen Ismaël Condé souhaite que les chefs d’Etats africains s’attèlent à rendre l’Union africaine indépendante.

« Parler de poids de l’Union africaine, c’est trop dire. Est-ce que l’Union africaine a un poids ? L’union africaine est financée dans la proportion de 60% par l’Union européenne. Et, c’est l’Union européenne qui est l’ennemi de l’Afrique à travers ses intérêts, à travers les multinationales. La Chine aussi intervient beaucoup dans le financement de l’UA. Qu’est-ce qu’elle peut contre la Chine ? Il faut que nous ayons l’idée de l’indépendance. Les chefs d’États qui sont là, ce sont eux en principe qui devraient tout faire s’ils étaient révolutionnaires, s’ils défendaient les intérêts africains, pour trouver solution à ça. S’arranger pour que nous ne soyons plus financés par l’Union européenne, le problème c’est à leur niveau ; s’arranger pour que même si la Chine nous assiste, parce qu’on a plus de lien idéologique avec la Chine qu’avec l’Union européenne, mais que ce soit limitée, que ce soit effectivement la coopération. Chaque pays (membre) est astreint à contribuer au fonctionnement de l’Union africaine, mais il y a des pays qui peuvent rester combien d’années sans payer leurs cotisations ? Comment ces pays-là peuvent-ils payer leurs cotisations quand leurs dépenses et leurs recettes sont réglées par les occidentaux ? », s’est demandé le président du PROPAG.

Mamadou Yahya Petel Diallo et Abdoulaye Sow pour Guineematin.com

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