Tentative de museler la presse en Guinée : « la HAC doit prendre position, parce que les violations sont graves »

Ces dernières, la presse guinéenne est vent debout contre les manœuvres des autorités tendant à fermer ou restreindre l’accès aux médias. Elle a déjà entrepris des actions pour exprimer son ras-le-bol face à ces actions liberticides de la junte militaire au pouvoir. La Haute Autorité de la Communication (l’organe de régulation des médias en Guinée) tente de jouer au médiateur dans ce bras de fer. Mais, pour Sékou Jamal Pendessa, le secrétaire général du syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG), la HAC doit prendre position compte tenu de la gravité des violations déjà enregistrées, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Le SPPG fait partie des organisations professionnelles de presse qui ont signé la déclaration appelant au boycott des activités du gouvernement et des organes de la Transition. Sékou Jamal Pendessa demande à la HAC (qui veut jouer au médiateur) de prendre sa responsabilité pour rappeler à l’ordre le ministre porte-parole du gouvernement qui a menacé de fermer tous les médias dans le pays. Ce journaliste et secrétaire général du SPPG annonce que le combat va continuer tant que le gouvernement persiste dans ses manœuvres contre les médias dans le pays.

« Pour le moment, rien n’a été obtenu. Si vous lisez entre les lignes, vous vous rendez compte que la HAC peut avoir la volonté, mais elle est limitée dans ses actions. On ne sait pas c’est quoi le fond du problème, mais moi j’ai compris que la HAC est limitée dans ce dossier. Elle ne peut pas nous défendre efficacement. Je parle du cas précis de ce dossier. Je ne pense pas qu’elle pourra nous défendre efficacement. L’efficacité viendra de la corporation, ça c’est au moins clair. Personne d’autre, même pas la HAC, une autre se mettrait dans une sorte de médiation alors que nous ne sommes pas face à un dossier là où il faut mener de médiation. La HAC devrait prendre position, parce que les violations sont graves. Il fallait dire la vérité à l’exécutif. J’ai rappelé l’autre fois que l’exécutif n’a nullement le droit de fermer une radio, elle ne doit même pas prononcer ce mot. Hier, dans les échanges, le président de la HAC a semblé développer un discours contraire. Mais, je le réitère, nous lisons bien nos textes de loi. La HAC ne doit pas fuir ses responsabilités pour dire : non, maintenant la loi a été révisée, c’est le ministère qui donne l’agrément aux médias. C’est le ministère qui donne les agréments, même en les donnant, on l’oblige à demander l’avis de la HAC, ça c’est au niveau de la délivrance. Pour retirer l’agrément, ce n’est pas au ministère de demander, elle n’a aucune marge de manœuvre, c’est sur la saisine de la HAC que le ministère peut retirer l’agrément d’un média. Qu’est-ce que cela voudrait dire juridiquement parlant ? Cela veut dire que tant que la HAC ne fait pas la demande, le ministère ne peut pas retirer un agrément. Autrement dit, dans cet article, on voudrait dire que le ministère est l’outil par lequel la HAC passe pour fermer une radio. C’est comme quand la justice rend une décision, réquisitionne les forces de défense et de sécurité pour l’exécution… Donc, que la HAC arrête de fuir ses responsabilités. C’est elle seule qui ferme les radios. Si la HAC tente de développer ce discours que j’ai entendu hier dans la salle, le président l’a réitéré dans un média ce matin-là, alors ça devient dangereux. C’est comme si on est en train de jeter la corporation dans la gueule du loup. Vous faites croire au ministère qu’il a le droit de retirer un agrément, de fermer une radio ? En ce moment, on est en danger. Ce n’est pas vrai. Les textes de loi sont clairs, la loi L0010 nous l’avons, la L002, la loi sur le droit d’accès à liberté de presse, nous nageons dans ces textes de loi tous les jours. Hier, il (Yacine Diallo) est parti jusqu’à dire que parce qu’il nous a écouté sur les antennes, moi j’ai été le premier à soulever cette question en rappelant ce que l’équipe précédente de la HAC avait fait en la rappelant qu’elle n’a nullement le droit de fermer une radio. Le président a semblé être dans une colère pour dire que nous ne lisons pas les textes de loi, parce que la loi là a été révisée. J’ai l’ancienne loi, j’ai la nouvelle loi et moi je ne cherche pas les lois pour les garder. Je suis sorti de la faculté des sciences juridiques et politiques, je sais que le combat que je mène est fondé sur les textes de loi. Je ne prends pas les textes de loi pour en faire des oreillers, je les lis. Ce que j’ai dit, je réitère : l’exécutif n’a aucun droit de fermer une radio. Cela relève des prérogatives de la HAC. Elle ne peut pas jeter la patate chaude au ministère, qu’elle prenne ses responsabilités et elle doit rappeler Gaoual à l’ordre », a exhorté Sékou Jamal Pendessa.

Par ailleurs, le secrétaire général du syndicat des professionnels de la presse de Guinée a annoncé le début de la « phase active » de la lutte pour la semaine prochaine.

Sékou Jamal Pendessa, secrétaire général du syndicat de la presse professionnelle de Guinée (SPPG)

« C’est à nous de prendre notre destin en main, parce que je l’ai rappelé dès le début, personne ne viendra faire notre combat à notre place. On est mieux placé pour nous défendre. Il y a beaucoup d’aspects qui entrent en jeu et qui font que beaucoup n’ont pas de marge de manœuvre pour nous défendre réellement. Il faut que toute la corporation se lève, on a déjà commencé. Il ne faut pas qu’on casse ce rythme-là. À partir de ce lundi, nous allons appuyer sur l’accélérateur… Je l’ai rappelé la fois dernière, ceux qui savent qu’ils ne pourront pas tenir la marche, c’était le moment de se retirer, il n’est pas encore tard. C’était la semaine d’avertissement. On commence la phase active de la lutte la semaine prochaine. À partir du week-end, on appuie sur l’accélérateur. Ceux-là qui savent qu’ils ne peuvent pas tenir, ils peuvent descendre. Parce que quand la vitesse va commencer, ils risquent de tomber », a-t-il laissé entendre.

Kaïn Naboun TRAORÉ pour Guineematin.com

Tel : 00224 621144891

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