Santé mentale et soutien psychosocial : l’OIM présente les résultats de l’approche pilote faite à Koundou (Guéckédou)

Les résultats de l’approche pilote de santé mentale et de soutien psychosocial menée dans la Sous-préfecture de Koundou, préfecture de Guéckédou en Guinée Forestière, ont été présentés ce lundi, 29 mai 2023 à Conakry. Ce projet s’inscrit dans le cadre du renforcement du service de santé mentale et de la promotion du bien-être psychosocial des personnes. La restitution des résultats a été faite par l’organisation internationale des migrations (OIM) et le Programme national de la santé mentale, a appris Guineematin.com à travers son équipe de reportage.

Durant 30 mois (novembre 2020 à fin mai 2023), ce projet conjoint mise en œuvre avec le PNUD, l’OMS et le ITC a été mené dans la zone du bec du perroquet qui se trouve entre la Guinée, la Sierra-Leone et le Libéria. Trop souvent négligés dans notre société, les troubles mentaux constituent pourtant un véritable problème de santé publique. Alors, ce projet vient mettre en lumière ce problème et propose des approches pour y remédier à travers des sensibilisations et formations, notamment.

Lorraine Ndayirukiye, cheffe du projet

« Pour ce projet et surtout sur le volet santé, déjà dans un premier temps comme on l’a si bien dit avant, la région a été ravagée par pas mal d’épidémies, le projet est intervenu dans la riposte contre le virus Ebola, la fièvre Marburg mais aussi la fièvre lassa. En même temps, dans un autre volet comme on l’avait si bien dit, on s’est attaqué aussi à tout ce qui est de la santé mentale. Et dans un premier temps on a sélectionné la zone de Koundou après une évaluation qui a été faite, une cartographie pour voir exactement les zones les plus vulnérables à Guéckédou. C’est à partir de cela qu’on a mené pas mal d’actions notamment, on peut parler de la sensibilisation des populations de la communauté, mais aussi on peut parler des formations qui ont été menées sur tout ce qui est de la santé mentale, on peut également parler de prise en charge, parce qu’on pris en charge pas mal de personnes qui étaient souffrantes de troubles mentaux dans la région. Donc, ça nous a permis d’avoir une approche plus intégrée et aussi avec la participation de plusieurs acteurs locaux, des ONG mais en même temps des professionnels de santé. Aussi, c’est avec le concours du financement de fonds pluri partenaires pour la migration qu’on a pu être capable de faire cet apport. Donc, il y a beaucoup plus à faire sur tout ce qui est de la santé mentale pour éviter les stigmatisations qu’il y a, mais on peut dire que l’approche est une approche réussie et on espère bien que ça pourra être répliqué dans d’autres zones », s’est réjouie Lorraine Ndayirukiye, chef du projet.

De son côté, Pr Mamadou Mory Keïta, coordinateur national du programme de santé mentale, salue les résultats de ce projet pilote. Et il rassure que son institution va prendre le relais pour mener à bien ce projet au bénéfice des populations.

Pr Mamadou Mory Keïta, coordinateur national du programme de santé mentale

« L’OIM a eu la chance, sinon je dis le courage de développer un programme très intéressant pour cette sous-préfecture de Koundou, qui était beaucoup affectée par ces maladies, donc qui a laissé plein de personnes dans le désarroi, de difficultés, de détresse psychologique. Et l’OIM s’occupant des frontières ou des régions frontalières, alors a fait une base dans la sous-préfecture de Koundou et notamment dans le centre de santé de Koundou en intégrant les soins de santé mentale dans le centre de santé de Koundou et une assistance psychosociale à ces victimes et des personnes affectées. L’OIM pendant 1 an a développé ce programme à la faveur de ces populations, et puisque son projet devrait finir en mai passé, alors après son évaluation au sein de la population, le programme s’est avéré très positif. Et puisqu’on abandonne pas comme ça les bonnes choses, l’OIM a eu également l’amabilité de passer la main au programme national de santé mentale que je représente ici. C’est pourquoi nous sommes heureux de dire aujourd’hui que l’OIM nous a fait un premier pas positif dans l’intégration des soins de santé mentale dans les soins de santé primaire qui sont en première ligne. Et rassurez-vous que ce centre sera l’un des centres pilotes parce qu’ayant commencé déjà l’intégration et à bénéficier des services de santé mentale, nous avons au programme avec l’appui de nos partenaires financiers et partenaires techniques, d’intégrer tous leurs centres de santé de la Guinée en soins de santé mentale. Donc ce n’est qu’un premier pas, ça veut dire qu’on voudrait à l’occasion de cette réunion rassurer l’OIM qu’elle ne s’est pas trompé de porte, c’est bien nous qui devons assurer la relève, on l’assume et on le fera de façon efficace pour le bénéfice de toutes ces populations », a-t-il promis.

Pour sa part, Dr Balla Condé, médecin de santé publique à la direction nationale de l’épidémiologie et de lutte contre la maladie, estime que l’ambition du ministère de la santé est de rendre accessible ce service sur l’ensemble du territoire guinéen.

Dr Balla Condé, médecin de santé publique à la direction nationale de l’épidémiologie et de lutte contre la maladie

« Comme impression, c’est d’abord remercier l’OIM de s’intéresser à cette problématique de santé mentale dans notre pays, qui est une priorité pour le ministère de la santé. C’est pour cela que le Ministère de la Santé a créé ce programme national de santé mentale pour mettre sur l’agenda cette problématique de santé psychologique des populations qui sont affectées par plusieurs événements. Vous savez qu’il y a des questions d’épidémies auxquelles on a été confronté ces derniers temps : Ebola, Marburg, covid récemment, tout le monde a été impacté même dans nos grandes villes. Il y a aussi tous les évènements auxquels nous faisons face ces derniers temps qui laissent qu’à même des traces au niveau santé mentale au sein de notre population. Donc le ministère de la santé ne fait que se réjouir de ça, avoir des partenaires comme l’OIM qui s’intéresse à cela et aussi le fait de passer maintenant à la phase de transition pour que le programme national de la santé mentale s’en approprie et continue à délivrer des services de santé mentale dans tout le pays. C’est vraiment ça notre ambition pour que partout sur le territoire guinéen, au dernier km, que ce service aussi soit un service qui est fourni comme les soins de santé primaire », a-t-il indiqué.

Quant à BANGOURA Moussa, vice-président du conseil national des organisations de la société civile, invite les acteurs sur le terrain à se donner les mains pour saisir cette opportunité.

BANGOURA Moussa, vice-président du conseil national des organisations de la société civile

« C’est un ouf de soulagement en tant qu’acteur de la société civile, nous sommes très contents de voir la mise en œuvre de ce programme. C’est le lieu de remercier le partenaire l’OIM qui n’a ménagé aucun effort pour la mise en œuvre de ce programme. Nous en tant qu’acteur sur le terrain, c’est de se donner les mains parce que les partenaires vont se retirer. Et comment faire pour que cette opportunité soit une opportunité réelle pour qu’il y ait une attraction de l’ensemble des partenaires sur le terrain afin vraiment qu’on puisse faire face au programme de santé mentale en Guinée », a-t-il souligné.

Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com 

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