Haut Conseil Islamique de Guinée : voici les propositions sur la nouvelle Constitution

Elhadj Mansour Fadiga, membre du Haut conseil islamique de Guinée

La reconstruction de notre société exige la participation active de toutes les couches de la population, y compris les religieux, afin de forger un État fort doté d’institutions solides qui reflètent nos valeurs, nos croyances et nos traditions. En tant que dernier recours pour appeler à l’apaisement et promouvoir la quiétude au sein de la société, les religieux et les sages, étaient ce mardi, 30 mai 2023, au CNT pour apporter leurs contributions au débat d’orientation constitutionnelle. 

En répondant favorable à l’invitation du Conseil National de la Transition (CNT), les religieux guinéens ont réitéré leurs préoccupations pour la consolidation de la paix, la cohésion sociale et le développement économique. Comme on le sait, les religieux ont un rôle crucial à jouer dans l’élaboration de la nouvelle constitution et ils ne font pas mystère de la sensibilité de certaines qui seront sur la table des conseillers nationaux. C’est la cas par exemple de la pratique religieuse, les droits fondamentaux, la protection des cultes, des mœurs et des coutumes. 

Ils étaient très attendus et leurs contributions sont essentielles pour garantir un équilibre entre les principes de laïcité et les spécificités de notre société en perpétuelle évolution.

Ci-dessous, Guineematin.com vous propose cette présentation d’Elhadj Mansour Fadiga, au nom du Haut Conseil Islamique de Guinée

Elhadj Mansour Fadiga, imam Ratib de la mosquée Bilal de Nongo

HAUT CONSEIL ISLAMIQUE DE GUINEE (H.C.I.G)

Débat d’Orientation Constitutionnelle

Propositions portant sur la nouvelle Constitution

  • Monsieur le Président du Conseil National de la transition ;
  • Messieurs les Présidents des différentes commissions du CNT ;
  • Honorables membres du Conseil National de la Transition (CNT) ;
  • Mesdames et Messieurs les Représentants des différentes Institutions sociales et administratives ;
  • Mesdames et Messieurs les Représentants des départements ministériels ;
  • Mesdames et Messieurs les Représentants des ONG, Entreprises et Sociétés ;
  • Chers religieux ;
  • Honorables invités et presses ;
  • Mesdames et Messieurs.

Asalam Alakoum warahamatoullahe

 

La participation de toutes les couches dont les religieux dans la reconstruction de notre société est un impératif pour bâtir un État fort avec des institutions solides et capables de prendre en compte nos valeurs, nos cultes et nos coutumes.

En effet, cette occasion qui nous est offerte aujourd’hui mérite d’être saisie par toutes les forces vives de la nation, précisément nous (religieux et sages) qui sommes le dernier recours pour appeler à l’apaisement et prôner la quiétude au sein de la société.

Notre présence à ce débat d’orientation constitutionnelle a pour but de répondre à l’appel du Conseil National de la Transition (CNT) afin de soumettre à vos bienveillances des recommdations pour la consolidation de la paix, de la cohésion sociale et du développement économique.

De ce fait, il va de soi que les religieux apportent nécessairement leur contribution et leur avis sur les questions sensibles de la vie de la nation telle que l’élaboration d’une nouvelle constitution.

Notre préoccupation dans le cadre de l’élaboration de la nouvelle constitution s’articule autour des problématiques ci-après :

 

  1. Quel regard donnerait-elle à la pratique de la religion et aux religieux dans notre société en perpétuelle mutation ?
  2. Quelles sont les préoccupations des religieux vis-à-vis de ce débat d’orientation constitutionnelle ?
  3. Et que peuvent-ils apporter en termes de propositions ?

A cet égard,

  • Vu que les libertés et droits fondamentaux sont reconnus par la loi, et leur exercice est garanti aux citoyens dans les conditions et les formes prévues par la loi en ayant pris en compte le respect de cultes, de symboles, d’adorations, de lieux et d’organes.
  • Vu la sensibilité des questions relatives à la religion et à ses symboles.

Nous vous prions honorables de bien vouloir prêter votre attention aux recommandations ci-après :

  1. Libertés et droits fondamentaux

 

  • La liberté d’expression ne doit s’attaquer en aucun cas aux principes religieux les plus fondamentaux et sacrés.
  • La nouvelle constitution doit nécessairement harmoniser le principe de la laïcité en l’adaptant à nos valeurs et à nos mœurs.
  • Les sources et les références de la constitution doivent être issues de nos coutumes, nos mœurs ou d’autres fondements juridiques adaptés à nos valeurs.

 

  1. Protection des cultes, des mœurs et des coutumes

 

  • Toute atteinte à la foi, aux rites, à la croyance religieuse, aux symboles, aux signes, aux livres sacrés et tous autres fondamentaux de culte et entrave au libre exercice des cultes, des mosquées et des églises doivent être punies par la constitution.
  • Les érudits sont les seuls habilités à se prononcer sur les grandes questions religieuses ou les évènements religieux qui doivent être scrutés selon les préceptes du culte. Personne d’autre n’a le droit de s’y prononcer sans avis des Oulémas ou des évêques.
  • La constitution doit interdire la promulgation de lois contraires aux constantes religieuses.
  • Le mariage entre homme et femme constitue le seul fondement naturel de la vie en Guinée.
  • La reconnaissance des actes de mariage établis dans les mosquées et églises et la méthode religieuse de partage de l’héritage.
  • Le choix du mode vestimentaire décent est un droit. Personne ne doit être stigmatisée pour avoir pratiquer les recommandations de sa religion dans l’espace public (administration, entreprise, école, université…)
  1. Promotion de l’Education civique et éthique des citoyens
  • L’éducation doit tenir compte des réalités culturelles, cultuelles et traditionnelles.
  • Le Conseil propose que les cours d’éducation civique et morale (ECM) soient tirés de nos valeurs, nos coutumes, et nos mœurs.
  • l’Education primaire doit etre gratuite et obligatoire pour tous les enfants.
  • L’Etat doit officialiser les langues nationales et leur enseignement dans le système éducatif.
  1. Institutions républicaines
  • La nouvelle constitution doit prévoir une juridiction en charge de juger le Président de la République, les Ministres et les présidents des institutions républicaines pour des infractions commises dans l’exercice de leurs fonctions ;
  • La limitation du mandat présidentiel à cinq ans (5) renouvelable une seule fois ;
  • L’interdiction des révisions constitutionnelles qui ont pour seul but de contourner les dispositions intangibles ;
  • L’établissement d’échéance fixe pour les calendriers électoraux en République de Guinée et exiger son respect ;
  1. Pouvoir exécutif

 

  • Les Présidents des institutions Républicaines doivent être élus par les membres en leur sein. (Cour constitutionnelle, haute cour de justice, Cour suprême, cour des comptes…).

 

  • La limitation des domaines du pouvoir règlementaire du Chef de l’Etat.
  1. Assemblée Nationale

 

  • Augmentation du nombre de députés en fonction de l’importance démographique des circonscriptions électorales ;
  • Répartition de l’assemblée à deux chambres, une chambre haute et une chambre basse. La première chambre représentée par les personnalités désignées suivant les services rendus à la nation, les religieux et les notabilités. Et la chambre basse, composée des élus.
  • Fixation d’un quota important pour les femmes à toutes les instances de décision.
  1. Organisation des élections

 

Mise en place d’une institution technique indépendante de gestion des élections en Guinée.

  1. Prestation de serment sur les livres saints

Rendre obligatoire la prestation de serment sur les livres saints et la limiter au Chef de l’État, les ministres et les présidents des institutions républicaines.

  1. Paix et cohésion nationale

 

  • Prendre en compte des mesures préventives pour lutter contre toute forme de marginalisation et de repli identitaire.
  • Interdire l’instrumentalisation de la Justice et la politisation de l’Administration publique.
  • Eriger le Secrétariat Général des Affaires Religieuses en Ministère, vu son importance dans la gouvernance et le recadrage religieux.
  1. Institutionnalisation du conseil de cultes

 

  • La création et l’institutionnalisation du Haut Conseil Inter- Religieux indépendant et apolitique. Cette institution qui sera composée de deux instances : la première s’occupera des questions islamiques et la seconde s’occupera des questions chrétiennes.
  1. Equité dans la subvention

S’attachant au principe d’éthique et d’équité, la répartition des subventions ou dons de l’Etat doit se faire en tenant compte du quota de la représentativité en nombre pour chaque confession religieuse.

  1. Protection de l’environnement

La promotion du reboisement en réinstaurant la loi Fria de 1977, soit une obligation pour tout nouveau couple, et à l’occasion de chaque baptême de planter un arbre.

  • Monsieur le Président, honorables, chers invités et presses, merci de votre attention.

Wasalam Alakoum warahamatoullahe

Elhadj Mansour FADIGA

Membre du Bureau Exécutif du Haut Conseil Islamique de Guinée

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