Non au mariage homo sexuel, oui aux radios de confession religieuse : voici les propositions des religieux de Guinée

Monseigneur Vincent Koulibaly, archevêque de Conakry

Comme annoncé précédemment dans une de ses précédentes dépêches, le débat d’orientation constitutionnel de ce mardi 30 mai 2023, a enregistré les communications des forces de défense et de sécurité, des religieux et du parlement des enfants.

Les Chefs religieux de Guinée, représentés Elhadj Mansour Fadiga du Haut conseil islamique de Guinée et de Monseigneur Vincent Koulibaly, le Chef de l’église catholique de Guinée, ont donné leurs contributions aux Honorables conseillers nationaux.

Ces chefs religieux se sont déclarés opposés à la reconnaissance par la future Constitution des pratiques contre nature. Même s’ils n’ont pas parlé nommément de mariage homo sexuel, les Chefs religieux ont plaidé pour un mariage entre homme et femme d’un côté. De l’autre, les représentants du culte de Guinée ont souhaité l’ouverture de radios confessionnelles. Guineematin.com revient sur certaines de leurs recommandations.

Elhadj Mansour Fadiga, membre du Haut conseil islamique de Guinée

« Les libertés et droits fondamentaux ne doivent pas s’attaquer aux principes religieux fondamentaux les plus sacrés. La Constitution devra harmoniser le principe de laïcité en l’adaptant à nos valeurs et mœurs.

Toute pratique qui porte atteinte à la croyance religieuse, aux symboles, signes, livres sacrés, cultes et de tout autre fondamentaux et entraves aux cultes et au libre exercice du culte doit être punie par la Constitution. Les érudits sont les seuls à se prononcer sur les grandes questions et évènements religieux.

La Constitution doit interdire la promulgation de loi contraire aux constantes religieuses.

Le mariage entre homme et femme constitue le seul fondement naturel de la vie conjugale en Guinée.

La reconnaissance des actes de mariages établis dans les mosquées et églises et le partage de l’héritage.

Personne ne doit être stigmatisé à cause de son choix vestimentaire

L’éducation doit tenir compte des réalités culturelles, cultuelles et traditionnelles. L’école primaire gratuite et obligatoire pour tous les enfants en Guinée. L’Etat doit officialiser les langues nationales et leur enseigner dans les écoles. La Constitution doit prévoir une juridiction pour juger le Président de la République, les membres du gouvernement et des institutions républicaines pour les infractions commises dans l’exercice de leur fonction. La limitation du mandat présidentiel fixé à 5 ans et renouvelable une seule fois, consécutivement ou non. Les présidents des institutions républicaines doivent être élus par les membres en leur sein. L’établissement d’échéance fixe pour les calendriers électoraux. La limitation du domaine réglementaire des pouvoirs du Chef de l’Etat », a-t-il indiqué.

Pour le Parlement, Elhadj Mansour Fadiga souhaite l’augmentation du nombre de députés selon l’accroissement démographique et la création de deux chambres. Une chambre haute (comprenant des religieux, des notabilités, des académiciens) et une chambre basse (composé d’élus). Contrairement au passé, ce chef religieux plaide pour rendre obligatoire la prestation de serment sur les livres saints.

Pour l’harmonie et la cohésion sociale, ce membre du Haut conseil islamique de Guinée plaide pour une prise en compte des mesures préventives contre la marginalisation et les mesures identitaires

«  La mise en place d’une institution technique et indépendante pour organiser les élections, éviter l’instrumentalisation de la justice, ériger le secrétariat des affaires religieuses en Ministère, institutionnaliser le conseil de culte par la création d’un Haut conseil religieux indépendant et apolitique…A cela s’ajoute l’application de la loi Fria », a fait savoir Elhadj Mansour Fadiga. 

A son tour, Monseigneur Vincent Koulibaly, le Chef de l’Église catholique de Guinée, en 8 points, a présenté ses propositions aux Honorables conseillers nationaux.

Monseigneur Vincent Koulibaly, archevêque de Conakry

« La Constitution doit : préserver la laïcité dans le respect des libertés religieuses, maintenir la république et interdire la chose publique à un individu ou un groupe d’individu, instaurer l’élection des gouverneurs de région ; maintenir le statu quo sur les langues, déclarer l’impossibilité de bénéfice de modification de la constitution à son initiateur », a entamé le Chef de l’église catholique de Guinée. L’archevêque de Conakry propose comme sanction aux auteurs de modification constitutionnelle leur inéligibilité et une procédure de destitution au principal concerné.

Pour le Chef religieux, la parité et la complémentarité doivent être une réalité. Pour la liberté de manifestation pacifique, Mon seigneur V. Koulibaly souhaite que les manifestations soient encadrées par les organisateurs et le pouvoir public. Il recommande également une étude sociologique de ce droit de manifestation. Il recommande également

la reconnaissance de la liberté de circulation et d’établissement sur tout le territoire…

s’il souhaite un exécutif composé d’un Président et d’un Premier ministre, l’archevêque milite pour un Parlement bicaméral qui intègre les religieux au sein du Haut conseil des collectivités comprenant également les coordinations et de la société civile.

Pour encadrer le pouvoir présidentiel, Monseigneur Vincent Koulibaly souhaite que le Président ne puisse pas dissoudre le Parlement jusqu’à la fin de son mandat.

Le Chef de l’église veut une réorganisation de l’appareil judiciaire avec la création d’une Cour d’appel à Labé et N’Zérékoré et la mise en place d’un Barreau auprès de Chacune des deux Cours d’appel.

Mieux, l’église ne souhaite plus que le PRG soit membre du Conseil supérieur de la magistrature. Et surtout, que des dispositions soient prises pour lutter contre la corruption dans l’appareil judiciaire.

S’il plaide pour le maintien du SESEC, l’INIDH et la HAC parmi les institutions républicaines, Monseigneur Koulibaly prêche à la création d’un organe de gestion électorale véritablement indépendant.

Par rapport aux formations politiques, ce chef religieux, comme l’armée et d’autres intervenants, souhaite la limitation du nombre à trois blocs (Libéral, centriste et démocrate). Les partis peuvent être financés sur la base des résultats obtenus aux élections.

Avant de finir, Monsieur Vincent Koulibaly a proposé aux membres du CNT, d’organiser les élections communales et parlementaires avant la présidentielle, de restaurer la confiance entre les gouvernants et les gouvernés, entre l’Etat et les populations, entre les administrateurs et les administrés, entre les forces de défense et de sécurité aux populations.

Sans surprise, il finit ses recommandations, par le souhait d’inculquer l’amour de la patrie et l’amour du prochain aux Guinéens ; favoriser une éducation parfaite aux valeurs cardinales ; de veiller à la répartition équitable des ressources nationales ; d’éviter de rendre justice en fonction du statut social, d’éviter de politiser les différentes institutions, d’encourager les mariages mixes et interreligieux ; d’adopter la loi sur la réconciliation et la réparation…et surtout permettre la création de radios confessionnelles libres.

Ce bal de passage a été clôturé pour la journée de ce mardi par la communication de la Présidente du parlement des enfants, Mariama Diallo.

Mariama Diallo, Présidente du parlement des enfants de Guinée

Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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