Affaire Electromatic Guinée devant la CRIEF : Mohamed Fawaz et Ali Fares enfin présents devant la Cour

Le 29 mai dernier, les deux parties civiles, Mohamed Fawaz et Ali Fares, ont finalement comparu devant la chambre de jugement de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) pour donner leur version des faits dans l’affaire Electromatic Guinée qui les oppose à Ali Jichi, leur coassocié. Et, au cours de l’audience, Mohamed Fawaz a déclaré qu’il ne va plus réclamer aucun franc au prévenu en raison de l’amitié qui a toujours existé entre lui et son père. Une déclaration qui ressemble bien à un désistement de sa part, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Ali Fares, un des associés de Electromatic-Guinée et résidant à Beyrouth, a déclaré reprocher à Ali Jichi de se livrer à une concurrence déloyale en travaillant à la fois pour l’entreprise familiale (une entreprise de construction) et pour Electromatic-Guinée (une entreprise spécialisée dans la vente de matériel électrique). N’ayant plus confiance en son coassocié et gérant (Ali Jichi), Ali Fares a décidé de procéder à un audit qui a révélé un virement provenant de l’entreprise familiale d’Ali Jichi. Cependant, selon Ali Fares, en tant que bénéficiaire de 20 % des revenus d’Electromatic Guinée, ce virement n’apparaissait pas dans les registres de la société.

Lorsque l’avocat de la défense a demandé si ce virement était lié à une prestation effectuée par Electromatic-Guinée, Ali Fares a répondu par la négative. Il a soutenu que cet argent appartient à l’entreprise familiale d’Ali Jichi qui l’a transféré sur le compte bancaire d’Electromatic-Guinée.

Dans cette affaire, l’accusateur dénonce une concurrence déloyale de la part d’Ali Jichi en faveur de son entreprise familiale, au détriment d’Electromatic Guinée. Lorsqu’on lui a demandé si c’était normal pour M. Ali Fares d’être à la fois associé et fournisseur d’Electromatic Guinée, il a répondu que même en tant qu’associé il est tout à fait normal de vendre des marchandises à Electromatic en tant que fournisseur.

En ce qui concerne les accusations de détournement portées contre Ali Jichi, l’avocat de la défense a demandé à M. Fares quel préjudice Ali Jichi avait causé à Electromatic Guinée ? Dans sa réponse, le plaignant a déclaré qu’il ne le sait pas, mais qu’il reproche à Ali Jichi d’avoir détourné un contrat de rénovation au profit de son entreprise familiale, en faisant ainsi une concurrence déloyale à Electromatic Guinée.

Après Ali Fares, Mohamed Fawaz, une autre partie civile dans cette affaire, a pris la parole pour donner sa version des faits. Il est à la fois un ami de longue date d’Ali Fares et du père du prévenu Ali Jichi.

Dans sa déposition à la barre, Mohamed Fawaz a d’abord évoqué l’histoire des relations entre sa famille et celle d’Ali Jichi en expliquant comment Ali Jichi était entré en relation avec Electromatic Guinée. Selon lui, Ali Jichi est le fils de son meilleur ami, Elhadj Anouar Jichi, et leur amitié dure depuis 47 ans. Fawaz a révélé qu’il avait fondé la société Electromatic Guinée et qu’il avait fait venir son neveu du Canada pour l’aider dans les affaires. Mais, cette collaboration n’a pas été fructueuse.

Déplorant la mauvaise gestion de la société par son neveu, Mohamed Fawaz a décidé de fermer l’entreprise. C’est à ce moment-là que le père d’Ali Jichi serait intervenu et aurait demandé à Fawaz de confier la gestion d’Electromatic Guinée à son fils avec les ressources restantes. Fawaz a accepté et a employé Ali Jichi en tant que salarié, ce qui a conduit à un inventaire de la société.

« Lors de l’inventaire de la société, nous avons constaté la présence d’un montant d’environ 1 million de dollars. Ali Jichi m’a fait remarquer que cette somme ne pouvait pas être réalisée avec les activités précédentes de l’entreprise qui incluaient la vente de carreaux, de quincaillerie et de matériel électrique. La société était impliquée dans plusieurs activités. Nous avons donc convenu d’établir le montant à 700 000 dollars », a expliqué Mohamed Fawaz.

Contrairement aux déclarations d’Ali Jichi selon lesquelles il aurait repris une entreprise au bord de la faillite et l’aurait redressée, Fawaz a affirmé que la société n’était pas en faillite.

« Quant aux allégations selon lesquelles Ali Jichi aurait pris possession d’une entreprise en faillite, je tiens à préciser que la société n’était pas en faillite, car j’en étais le garant. Si j’avais des dettes envers quelqu’un, cette personne serait venue me les réclamer et cela ne concernerait en aucun cas Ali Jichi qui était mon employé à l’époque », a déclaré Mohamed Fawaz.

Les événements ont pris une tournure significative en 2018 lorsque le père d’Ali Jichi a approché Fawaz pour demander la participation de son fils dans l’entreprise. Fawaz a généreusement offert 29 % des parts de l’entreprise à Ali Jichi, sans aucune contrepartie financière. De plus, Fawaz a décidé de donner 20 % des parts à Ali Fares afin d’alléger sa propre charge.

En répondant à une question de la Cour, Mohamed Fawaz s’est dit prêt à régler cette affaire à l’amiable, soulignant qu’il ne demanderait plus un seul franc au prévenu en raison de l’amitié qui a toujours existé entre lui et son père.

Selon les avocats de la défense, les plaignants n’ont pas pu démontrer le détournement du montant de 26 milliards lors de cette audience. Mohamed Fawaz et Ali Fares ont plutôt accusé Ali Jichi d’avoir causé préjudice à la société Electromatic-Guinée dont il était le gérant, en favorisant l’entreprise de son père.

La Cour a renvoyé l’affaire au 26 juin prochain pour la poursuite de l’audition de Mohamed Fawaz qui devra apporter de nouveaux éléments à son témoignage.

Il convient de souligner que cette comparution devant la CRIEF marque la première apparition des parties civiles, Mohamed Fawaz et Ali Fares dans ce procès de l’affaire Electromatic Guinée. Après une longue absence, ils ont finalement eu l’occasion de présenter leur version des faits et de défendre leurs intérêts.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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