Accueil A LA UNE Mali : une trentaine de Guinéens détenus à Bamako et une dizaine...

Mali : une trentaine de Guinéens détenus à Bamako et une dizaine à l’intérieur du pays (Ambassade)

Namory Magassouba, 1er secrétaire chargé des affaires consulaires à l'ambassade de la Guinée au Mali

De nombreux Guinéens vivant à l’étranger se plaignent de difficultés relatives à l’obtention de documents dans les consulats et autres ambassades à travers le monde. Ils sont également impliqués dans des problèmes qui leur valent de l’emprisonnement. Dans un entretien accordé récemment à un journaliste de Guineematin.com à Bamako, Namory Magassouba, 1er secrétaire chargé des affaires consulaires à l’ambassade de la Guinée au Mali, est revenu sur la procédure de fourniture des documents administratifs aux Guinéens établis au Mali. Il a également abordé la relation du consulat avec la communauté guinéenne vivant sur ce territoire, avant de déplorer certains comportements de ressortissants guinéens dans ce pays.

« Les affaires consulaires, c’est un service qui s’occupe de la fourniture de documents administratifs pour les Guinéens établis au Mali. Ces documents sont, entre-autres, les cartes d’identités consulaires, les extraits de naissance et les titres de voyage. Les critères de délivrance d’un papier guinéen exigent d’abord que l’intéressé ait un document guinéen, soit un passeport, une carte d’identité ou un extrait de naissance guinéen. Quand un citoyen guinéen arrive ici et qu’il compte y rester pendant trois mois ou plus, il doit se présenter à l’ambassade pour se faire une carte d’identité consulaire qui atteste que l’intéressé réside au Mali.

L’acquisition de cette pièce facilite à l’acquéreur les demandes administratives par exemple pour ouvrir un compte dans une banque. Bref, la carte consulaire fait office de carte d’identité au pays. Pour l’extrait de naissance, c’est quand un Guinéen établi ici fait des enfants, avant d’aller jusqu’au pays, il passe à l’ambassade pour signaler la naissance de l’enfant. Ainsi, on lui fait un extrait en attendant qu’il rentre au pays pour avoir l’extrait de naissance proprement dit », a dit Namory Magassouba.

Poursuivant, le 1er secrétaire chargé des affaires consulaires à l’ambassade de la Guinée au Mali, s’est appesanti sur d’autres documents. « En ce qui concerne le titre de voyage, c’est un document qui est moins demandé d’ailleurs, surtout entre la Guinée et le Mali qu’on peut aller même avec une simple carte d’identité. Le titre de voyage tenant lieu du passeport pendant une période de trois mois », a expliqué le consul.

En outre, Namory Magassouba affirme vivre avec la communauté guinéenne du Mali pour le meilleur et pour le pire. À l’en croire, une trentaine de guinéens seraient en prison, dont une vingtaine à Bamako. Ils sont poursuivis notamment pour vol et escroquerie.

« Le rôle même du Consulat, c’est la gestion de la communauté. Nous sommes en lien avec la communauté pour n’importe quel problème. Quand il y a un guinéen qui est arrêté pour quoi que ce soit, c’est le Consulat qui est informé. Pas plus tard qu’une semaine, il y a un Guinéen qui est décédé en prison. C’est le régisseur de la maison centrale de Bamako qui m’a appelé. Aussitôt, on a informé la communauté, on s’est rendus chez sa sœur, et avec son accord, on a fait son inhumation ici. À date, je ne peux vous dire exactement le nombre de guinéens en prison ici. Mais, l’année dernière, en 2022, on était à 83 détenus guinéens au Mali. Et on a participé et facilité la libération de 56 de ces guinéens.

Donc, en fin d’année déjà, on était à une vingtaine de prisonniers. Cette année, nous sommes à une trentaine de Guinéens qui sont en détention à Bamako et une dizaine à l’intérieur du pays. On a tous les noms et les photos à l’appui et même les juges en charge du dossier. En longueur de journée, on fréquente les commissariats, les prisons et les tribunaux pour voir ce qu’on peut faire pour faciliter la sortie de nos compatriotes. Généralement, ils sont poursuivis pour escroquerie surtout beaucoup sont arrêtés pour l’affaire Qnet et vol notamment de téléphone. Ce qui est très déplorable. Lors de ma dernière visite en prison j’ai vu un compatriote qui aurait volé un téléphone qui ne dépasse pas 6 000 CFA. Par contre, il est très rare de voir un guinéen dans le grand banditisme », a-t-il confié.

En outre, le chargé des affaires consulaires à l’ambassade de la Guinée au Mali relève quelques difficultés auxquelles son service est confronté. Notamment, la prostitution de certaines guinéennes à Bamako. « Les difficultés que nous avons avec nos compatriotes ici sont liés au Qnet. Cela nous fatigue beaucoup. On est fréquemment appelés pour nous informer que tel guinéen est là pour arnaque. Ils appellent même les parents et connaissances au pays là-bas pour les faire venir ici, s’ils arrivent, ils les rançonnent. Le deuxième gros problème, c’est le cas de nos sœurs qui viennent ici pour des bêtises (la prostitution, ndlr). Elles sont très nombreuses dans ça à Bamako ; et ça, ça nous fait mal mais on ne sait pas comment contrecarrer.

Quand une de nos sœurs te dit : « je suis au Mali ou je suis venue pour l’achat de bazins et autres là » ; non, ce n’est pas vrai. C’est pour les bêtises. Quand je passais au mois de mars dernier, il y avait 7 de nos compatriotes à la prison des femmes et mineurs de Bamako ici. Aujourd’hui, on a facilité la libération de 3 d’entre elles et il en reste quatre là-bas. Le lieu de cette débauche est bien connu, mais on n’a pas de moyens pour lutter contre ça, on n’a pas le contrôle sur le mouvement des gens qui entrent au Mali. Elles te diront qu’elles sont majeures et libres de faire ce qu’elles veulent. Il y a qu’une seule femme qui est retenue pour tentative d’assassinat. Il y a aussi le cas de nos compatriotes qui transitent par le Mali pour aller en Algérie, s’ils sont rapatriés au Mali. On les assiste pour leur retour en Guinée », a-t-il dit.

Namory Magassouba a profité de l’occasion pour remercier les autorités de Conakry pour avoir accédé à leurs différentes doléances. « On remercie le président de la transition, le Colonel Mamadi Doumbouya, à travers son ministre des Affaires étrangères et des guinéens établis à l’étranger, Dr Morissanda Kouyaté qui ne ménage aucun effort pour mettre dans les meilleures conditions les travailleurs de nos ambassades. Pour preuve, quand le ministre est venu pour la première fois à Bamako, toutes les doléances qu’on a eues à lui poser sont satisfaites à date.

On a demandé, entre autres, le renouvellement du véhicule de commandement de M. l’ambassadeur qui était vieillissant et nous avons également la construction de la nouvelle chancellerie. Et quand le président est arrivé à Bamako à l’occasion de la fête d’indépendance, nous avons réitéré la même chose. En réponse, le président nous a dit que votre ministre m’a tout dit déjà. Deux semaines après qu’il soit rentré, il a envoyé un véhicule neuf et un mois plus tard, le chantier de la chancellerie a commencé. Pour ça, nous ne pouvons que leur dire merci et prier pour que Dieu continue à guider leurs pas… »

Malick Diakité pour Guineematin.com
Tél : 626-66-29-27

Facebook Comments Box
Quitter la version mobile