Depuis un peu plus d’un an, une crise de confiance mine les relations entre la junte militaire au pouvoir (depuis le 5 septembre 2021 : ndlr) et une frange importe des acteurs politiques et sociaux en Guinée. La conduite solitaire de la transition par le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) est la principale pomme de discorde entre les deux camps. Cette situation a fini par installer un climat de défiance qui risque de nuire ou retarder le retour de la Guinée à l’ordre constitutionnel. Mais, pour le président du RRD (Rassemblement pour la Renaissance et le Développement), c’est « le manque de volonté politique du CNRD) pour un dialogue inclusif et transparent qui est en cause dans cette situation.
Dans un entretien accordé à Guineematin.com ce vendredi, 8 septembre 2023, Abdoulaye Kourouma a aussi accusé la junte militaire du colonel Mamadi Doumbouya de vouloir « fabriquer une nouvelle génération politique » en Guinée.
« Lorsque vous parlez d’un débat démocratique qui concerne un pays qui est dans l’illégalité, c’est-à-dire qui est dans une transition, il s’agit d’aller à un débat démocratique qui peut amener au retour à l’ordre constitutionnel. Ce débat démocratique n’est autre chose que les partis censés aller à une élection et la gagner. Puisque la réussite d’une transition c’est le retour à l’ordre constitutionnel. Et, le retour à l’ordre constitutionnel passe par l’organisation d’une élection libre, transparente, crédible et acceptable. Maintenant, si ceux qui peuvent aller et gagner une élection, ceux qui peuvent mobiliser 60, 70 ou 80% de la population pour participer à une élection ne sont pas autour de la table, c’est que ce dialogue n’est inclusif. Pour trouver une solution, il faut que ceux qui sont censés aller à un débat démocratique soient autour de la table. Et, c’est un problème de volonté politique. Nous avons près de 300 partis politiques en Guinée, mais vous n’avez pas plus de 20 qui ont participé à des élections majeures et qui sont dans les normes… Et ce sont ces partis politiques qui sont aujourd’hui autour de la table. Il faut que chacun soit à sa place… Donc, si les gens respectés en fonction de leurs valeurs, je pense qu’on peut aller à un dialogue inclusif, crédible et transparent. Le problème est que l’Etat veut fabriquer une nouvelle génération politique. Or, ce n’est pas au CNRD de créer une nouvelle génération politique, c’est au peuple d’accorder son crédit, sa confiance, à un parti politique. Et, ça se passe dans une élection. Vous ne pouvez pas décréter ça, vous ne pouvez pas le fabriquer. Même si on force, ça ne marchera pas. C’est au peuple de choisir qui doit exister. Et, je pense que la prochaine élection législative va décanter les partis politiques. Je vous garantis qu’il y aura beaucoup de partis qui n’ont pas leurs leaders élus », a indiqué Abdoulaye Kourouma.
Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com
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